Mai 2003 - n°78
La stratégie de l’IFREMER nous est présentée
par M. MINSTER, PDG de l’Institut
Depuis plusieurs années, M. Jean-François MINSTER participe
activement au développement et à la gestion de la recherche
scientifique française. Son cursus professionnel ? Tout d’abord,
centré sur le système solaire dont il analyse les problèmes
de formation, puis l’évolution du manteau de la Terre, sous la
direction de Claude ALLEGRE à l’Institut de Physique du Globe
de Paris.
A partir de 1981, il s’attache à l’étude des océans
: cycles océaniques des milieux en trace, cycle du carbone et rôle
de l’océan sur l’absorption du gaz carbonique anthropique,
et surtout étude des courants océaniques à l’aide
des satellites altimétriques.
C’est ensuite, de novembre 1996 à février 2000 que M.
MINSTER se voit confier la Direction de l’INSU du CNRS, avant d’être
nommé, en mars 2000, Président Directeur Général
de l’IFREMER.
L’IFREMER : un EPIC créé
en 1984 sous la tutelle de plusieurs ministères
L’IFREMER est un Etablissement Public à caractère Industriel
et Commercial (EPIC), né en 1984 de la fusion de deux anciens établissements
: d’une part, l’Institut Scientifique et Technique des Pêches
Maritimes, dont la création remontait à la Première Guerre
Mondiale et, d’autre part, le CNEXO, fondé en 1968. La mission
du premier était centrée sur l’aide à la pêche
tandis que le second visait à apporter un soutien aux recherches marines.
Ainsi constitué il y a près de 20 ans, l’IFREMER a été
placé sous la tutelle de trois ministères : le Ministère
de la Recherche, le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche,
et le Ministère ayant en charge le Transport et le Tourisme. En 2002,
il a été décidé d’étendre cette tutelle
au Ministère de l’Environnement.
Sa mission ? Développer la R&D en vue d’enrichir les connaissances
sur le milieu marin. Les objectifs sont multiples : exploitation durable des
ressources de la mer, surveillance du littoral et de ses ressources pour prévoir
leur évolution, développement d’actions d’expertise,
valorisation des produits de la mer et gestion de la flotte océanographique
française. Une activité très diversifiée qui prend
en compte plusieurs paramètres essentiels, parmi lesquels :
- l’activité socio-économique en domaine maritime, représentée,
dans des proportions très variables selon les pays d’Europe,
par le tourisme, les secteurs " produits de la mer " (pêche,
aquaculture, transformation / commercialisation), le transport maritime, la
construction navale, les domaines pétrolier et para-pétrolier
ainsi que la Défense ;
- la dimension environnementale et la sécurité sanitaire ;
- l’ouverture aux plus jeunes.
La valorisation, au travers des domaines d’activités
prioritaires
Pour valoriser ses recherches, l’IFREMER a choisi un certain nombre
de domaines d’activités prioritaires où les partenariats
avec l’Industrie se multiplient :
" Nos relations avec les industriels prennent diverses formes ",
explique M. MINSTER. " Elles passent par des contrats et des études,
ou via des réseaux tels que les réseaux de PME du para-pétrolier
et de la robotique en mer, ou encore, par des accords-cadres comme ceux signés
avec TOTAL FINA ELF ou PROTEUS, une entreprise de biotechnologies. "
A noter également que l’IFREMER réalise encore aujourd’hui
une partie de ses transferts de technologies par l’intermédiaire
de centres techniques, tout en développant activement sa politique
de brevets.
De nombreux partenariats, également,
avec le milieu académique
Au-delà de ses collaborations avec le secteur industriel, l’IFREMER
a besoin d’entretenir des partenariats publics nationaux. Il travaille
en France avec une vingtaine d’universités et une douzaine d’établissements
publics de recherche.
Citons, à titre d’exemple, la récente mise en place d’un
réseau de surveillance des écosystèmes, coordonnée
par l’IFREMER à la demande du Ministère de l’Environnement.
Ce projet a été réalisé en collaboration avec
l’Université de Bretagne occidentale, le CNRS, le Muséum
National d’Histoire Naturelle et différentes associations.
Les collaborations de l’IFREMER avec le milieu académique passent
ainsi, dans la majeure partie des cas, par des démarches contractuelles
particulièrement flexibles et efficaces, mais elles peuvent aussi donner
lieu à la constitution de laboratoires mixtes avec l’INERIS,
l’INRA, le CNRS et l’IRD.
Comme le précise M. MINSTER, " ce qui compte le plus, c’est
d’avancer vite sur les projets. Or, dans certains cas, le laboratoire
mixte est le plus apte à rassembler rapidement les compétences
nécessaires ".
Ainsi l’Université de Montpellier a-t-elle créé,
il y a peu, un laboratoire mixte sur la génétique des populations
de poissons naturels. " Au sein de l’IFREMER, trois personnes travaillaient
sur ce thème. A Montpellier, ils étaient 8 chercheurs, d’où
l’idée de les rassembler dans une même structure afin d’être
plus efficaces… "
A l’échelle internationale, enfin, l’IFREMER a signé
des accords très variés avec tous les pays qui travaillent dans
le domaine des sciences de la mer. Ces collaborations prennent des formes
différentes selon les pays avec lesquels elles sont établies
: les pays les plus avancés sur le plan des technologies, ceux qui
ont besoin d’expertise ou d’études, ou encore, ceux qui
souhaitent un soutien au développement de leur expertise et à
la caractérisation de leurs ressources.
72 laboratoires et près de 2000 collaborateurs
pour une R&D de pointe
Pour mener à bien l’ensemble de ses missions, l’IFREMER
compte aujourd’hui 72 laboratoires ou services de R&T, pour un effectif
global de près de 2000 personnes.
Subdivisé en plusieurs centres, l’Institut présente la
particularité d’être situé sur le littoral, à
l’exception de son siège, basé à Paris. Ainsi,
Il dispose d’un centre en Méditerranée, à Toulon,
d’un centre à Nantes qui gère toute la façade atlantique,
d’un centre en Bretagne, à Brest, regroupant 40 % des effectifs
de l’Institut (le plus important centre océanographique d’Europe)
et d’un autre dans la région Nord.
Autres sites d’implantation, bien au-delà de nos frontières
hexagonales : en Martinique, en Guyane, à la Réunion, à
Tahiti, en Nouvelle-Calédonie et à Saint-Pierre-et-Miquelon...
Au cœur des priorités de l’IFREMER, le développement
de systèmes technologiques s’impose de longue date, et notamment,
la production de nouveaux outils d’observation et d’étude
en continu de la mer.
" Je pense, en particulier, à l’engin télé
opéré Victor 6000 qui est opérationnel, mais que nous
devons encore faire évoluer, afin de répondre à la demande
des chercheurs qui souhaitent pouvoir utiliser de nouveaux instruments embarqués
", nous confie M. MINSTER. " Dans ce contexte, nous travaillons
en collaboration avec des allemands, sur un projet de nouveau module d’instrumentation
à embarquer ".
Parmi les autres projets en cours de développement : un piézomètre
capable de mesurer la pression partielle de l’eau interstitielle dans
les sédiments, sur une épaisseur de 30 mètres. Son couplage
à un nouvel outil sismique 3D de très haute résolution
permet d’obtenir un éventail de caractérisations du sédiment
superficiel. Ce sont là des données particulièrement
intéressantes pour comprendre le mécanisme de piégeage
des hydrocarbures et des dépôts sédimentaires.
" Il est désormais indispensable que nous puissions nous approprier
de nouvelles technologies, y compris les technologies de pointe ", commente
M. MINSTER. " A l’ordre du jour, notamment : un programme sur les
puces à ADN, destiné à adapter ces dernières à
la détection de molécules présentes dans l’environnement
marin ".
Enfin, il est important d’ajouter que les missions de l’IFREMER
ne pourraient être menées à bien sans infrastructures
plus lourdes : bateaux, satellites, centres de calcul, bassins expérimentaux,
réseaux d’observation… Au sein de la flotte de l’IFREMER
se trouvent deux sous-marins profonds et quatre navires hauturiers, que devraient
prochainement venir compléter deux navires supplémentaires,
aujourd’hui en construction en partenariat avec la Défense...
Pour en savoir plus, sachez que la Maison Européenne des Technologies,
Université Paris VI, a reçu M. Jean-François MINSTER
dans le cadre de son Club Stratégie de Recherche. Un compte-rendu en
a été extrait, récemment publié dans la collection
" Les Carnets de la MET ". N’hésitez pas à contacter
son équipe pour de plus amples renseignements.
SD
Contact :
Maison Européenne des Technologies (MET)