Septembre 2003 - n°80

L'Observatoire Océanologique de Villefranche sur Mer décrypte les secrets de la mer et des changements climatiques

L'observatoire Océanologique de Villefranche-sur-Mer fait partie intégrante de l'université Pierre et Marie Curie et est également placé sous la tutelle du CNRS. A la fois centre de recherche et de formation, il constitue le campus français le plus complet en sciences de la mer.

Il faut remonter jusqu'en 1882 pour retrouver la première implantation du futur observatoire à Villefranche. S'ensuit une "période russe" jusque dans les années 30 où bâtiment, recherche et matériel sont assurés par la Russie. Ensuite, après 4 années de tractations, le laboratoire est officiellement affecté au Ministère de l'Education Nationale en 1931-1932. Après une période de fermeture pendant la seconde guerre mondiale, le Laboratoire reprend ses activités et se développe progressivement. En 1985, l'ensemble des laboratoires prend le nom actuel "d' Observatoire Océanologique des Sciences de l'Univers", lié à l'Université Paris 6.

Il s'étend aujourd'hui sur 6 910 m2 en trois ensembles de bâtiments : la caserne "Nicolas", la station Zoologique avec ses deux bâtiments "Les Galériens" et "la Vieille Forge", et le bâtiment "Jean Maetz". Rassemblant environ 150 chercheurs, ingénieurs, techniciens et doctorants, l'Observatoire Océanologique développe 3 missions principales :

‚ L'enseignement avec l'organisation de nombreux stages à la mer pour des étudiants français et étrangers en 4e et 5e année à l'université,

Les cours se répartissent entre les sciences de l'univers (formation en physique et chimie de l'environnement), les sciences de la vie (biologie marine et océanographie marine) et les sciences de la terre (géosciences)…

=> La recherche avec 3 laboratoires reconnus par le CNRS :
- le Laboratoire de Biologie du Développement UMR 7009, pour la biologie cellulaire,
- le Laboratoire d'Océanographie de Villefranche-sur-Mer UMR 7093, pour l'océanologie pélagique, biologique, biochimique, physique et chimique,
- le Laboratoire Géosciences Azur UMR 6526 au CNRS et UR 082 à l'IRD, pour les géosciences marines.
De plus, il accueille régulièrement des chercheurs et des enseignants-chercheurs des universités françaises et étrangères.

=> La troisième mission correspond à l'observation. L'observatoire effectue des mesures systématiques et régulières au bénéfice de la communauté scientifique dans le milieu littoral (site de la rade de Villefranche-sur-Mer), en haute mer (site DYFAMED à 28 milles du Cap Ferrat) et dans le domaine des études sismiques à terre ou en mer (programme ROSMARIN).

Le fonctionnement général de l'observatoire est dévolu à une unité mixte de service qui, outre les tâches de gestion générale, assure les services d'hébergement (35 lits), une importante bibliothèque et des moyens à la mer (bateaux, service de plongée).

Parmi les 3 laboratoires, nous allons nous intéresser plus particulièrement au Laboratoire de Biologie du Développement - BioDev CNRS UMR 7009. Elle fait suite à l'association de plusieurs équipes associées au CNRS et présentes depuis 20 ans à l'observatoire. L'unité est essentiellement orientée vers l'étude du développement des œufs fécondés. Plusieurs grandes thématiques y sont d'ailleurs abordées : motilité cellulaire, division cellulaire, déterminants du développement, organisation et réorganisation des œufs, signaux calciques, régionalisation de l'embryon, mise en place des axes embryonnaires, régulation des gènes, spécification et différenciation des cellules, induction embryonnaire…

En fait , il s'agit d'étudier des problèmes fondamentaux sur plusieurs organismes et de dégager les similitudes des mécanismes mis en jeu. "Nous travaillons d'abord sur des organismes marins. Il s'agit soit de modèles classiques comme l'oursin et l'ascidie, soit sur les organismes peu étudiés comme les chaetognathes, les éténophores et les méduses.", explique Christian Gache Directeur de Recherche CNRS du Laboratoire. "Il nous est apparu indispensable d'introduire quelques organismes non-marins (drosophile, poisson-zèbre et xénope) mais qui sont de remarquables modèles en biologie du développement."

Tous les niveaux d'analyse sont couverts, du moléculaire au cellulaire et à l'organisme entier grâce à l'utilisation combinée des techniques de génétique moléculaire, de microscopie (électronique, photonique, confocale) d'imagerie numérique et de microchirurgie d'embryons.
Les équipes de Recherche travaillent sur différents thèmes comme les "Mécanismes de régionalisation précoce de l'embryon d'oursin" ou bien "Bioarcell - Fécondation et polarisation des Embryons d'Invertébrés Marins"…

L'unité de Recherche s'occupe aussi de formation et d'enseignement. Deux diplômes peuvent être ainsi préparés par des étudiants. Il s'agit du :
- DEA de Biologie Cellulaire et Moléculaire, et Pharmacologie (UNSA)
- DEA de Biologie et Physiologie Cellulaire.

Parmi ses nombreux atouts, l'observatoire possède une des plus riches bibliothèques universitaires françaises dans le domaine des sciences de la mer et plus particulièrement la biologie marine. Plus de 7 300 livres, 300 périodiques sur les sciences marines et deux bibliothèques spécialisées en géologie et géodynamique, océanographie physique et chimique. Cette variété d'ouvrages s'explique par la diversité des chercheurs qui se sont succédés tout au long de l'histoire de l'Observatoire, qu'ils aient été russes, allemands ou français… Cette ouverture au monde s'est encore concrétisée récemment avec la tenue d'un événement du 11 au 21 juin derniers au sein de l'Observatoire Océanologique. Cette manifestation portait sur "les systèmes autonomes pour l'étude et la surveillance des écosystèmes côtiers et des efflorescences d'algues toxiques". Un sujet d'actualité qui a réuni spécialistes, fabricants de matériels, chercheurs, ingénieurs et scientifiques du monde entier.

MH

 

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