Octobre 2003 - n°81
L’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort
La plus ancienne Ecole Vétérinaire au monde établie sur
son site d’origine
En 1765, deux années après avoir créé l’Ecole
Vétérinaire de Lyon, est fondée celle de Paris. Cette
nouvelle structure fut tout d’abord installée à proximité
du boulevard de la Chapelle. Mais, l’exiguïté des locaux,
le coût des fourrages fortement taxés aux entrées de Paris
et l’environnement préjudiciable à la moralité
des étudiants, incitèrent à choisir une autre implantation.
Le choix se porta sur le Château d’Alfort, riche de prairies et
de terres labourables, plus propices à l’éducation rurale
des élèves.
Ainsi depuis octobre 1766, en dépit d’avatars multiples, notamment
durant l’époque révolutionnaire et récemment encore,
l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort (ENVA) est
demeurée sur son lieu de création. C’est à ce titre
la plus ancienne Ecole Vétérinaire au monde, toujours établie
sur son site de fondation.
Créée à l’âge
d’or de l’équitation…
Créée à l’âge d’or de l’équitation
dans le souci de préserver et d’améliorer l’espèce
chevaline, l’Ecole Vétérinaire d’Alfort répondait
aussi au besoin de protéger le bétail, régulièrement
ravagé dans les campagnes par de terribles épizooties. Servie
par son environnement universitaire, scientifique et économique, elle
a continué à développer ses missions de formation et
de recherche en accompagnant les évolutions et les progrès de
la connaissance dans tous les domaines du vivant.
De grands noms de la recherche biologique et médicale y ont travaillé
ou y ont trouvé des collaborations précieuses, tel PASTEUR qui
y prépara avec Henri BOULEY les fameuses expériences sur la
vaccination anti-charbonneuse. De très nombreux enseignants ou anciens
élèves, par l’importance de leurs découvertes,
ont également illustré la valeur de la formation donnée
à Alfort. Parmi ceux-ci : Camille GUERIN qui, avec le médecin
Albert CALMETTE, mit au point le vaccin BCG contre la tuberculose, ou encore,
Gaston RAMON, inventeur des anatoxines tétanique et diphtérique
et des vaccinations associées.
Dès sa fondation, l’Ecole d’Alfort a attiré de nombreux
élèves étrangers envoyés par leur gouvernement
pour organiser leur propre enseignement vétérinaire. Elle a
su entretenir un rayonnement international exceptionnel…
Structure et organisation
Etablissement d’enseignement supérieur et de recherche, l’ENVA
compte aujourd’hui plus de 500 élèves et 76 enseignants-chercheurs
(professeurs, maîtres de conférence et assistants contractuels).
Ses missions de formation et de recherche se structurent autour de 3 départements
:
- le Département des Sciences Biologiques et Pharmaceutiques (DSBP)
;
- le Département d’Elevage et de Pathologie des Equidés
et Carnivores (DEPEC) ;
- le Département des Productions Animales et de Santé Publique
(DPASP).
Chaque département est constitué d’unités pédagogiques
correspondant à une discipline, un groupe de disciplines ou à
une activité pédagogique. Une activité reconnue par le
Conseil des enseignants et le Conseil d’administration de l’établissement
qui répond aux directives européennes en matière d’études
vétérinaires et au projet d’établissement.
L’activité de recherche a bénéficié d’une
restructuration complète au cours des dix dernières années.
On compte actuellement sur le site de l’ENVA :
=> Sept unités mixtes de recherches (UMR) : l’UMR INRA-ENVA
de Génétique moléculaire et cellulaire, l’UMR INRA-ENVA
de Biologie du développement et de la reproduction, l’UMR INRA-AFSSA-ENVA-Paris
XII de Biologie moléculaire et immunologie parasitaires et fongiques,
l’UMR INRA-ENVA-AFSSA de Virologie, l’UMR INRA-ENVA de Biomécanique
du cheval, l’UMR INRA-ENVA de Risques alimentaires, l’UMR ENVA-INSERM
de Cardiologie.
=> une équipe de recherches propre à l’ENVA : l’équipe
de Neurobiologie.
=> un centre d’étude et de la recherche en reproduction canine
assistée (CERCA) ;
=> des laboratoires d’analyses biologiques dépendant d’unités
pédagogiques spécifiques (Maladies contagieuses, Microbiologie,
Biochimie, Anatomie pathologique, Parasitologie).
L’ENVA privilégie actuellement trois axes stratégiques
de recherche :
1. l’infectiologie animale et la santé humaine
; cet axe regroupe l’étude de la biologie et des modes de transmission
des virus, bactéries ou parasites présents chez les animaux
domestiques et sauvages ou dans les denrées d’origine animales.
Cet axe inclut également le développement des outils d’étude
de modélisation et de maîtrise du risque correspondant.
2. la physiologie et physiopathologie des modèles
animaux ; cet axe inclut la compréhension chez l’animal des mécanismes
moléculaires et cellulaires de régulation du vivant ainsi que
leur éventuelle modulation pharmacologique.
3. la recherche clinique ; cet axe s’intéresse
à toutes les étapes d’une démarche clinique permettant
l’exploitation de la pathologie spontanée à des fins :
- zootechniques pour l’amélioration des connaissances épidémiologiques,
pathogéniques, génétiques ou thérapeutiques,
- médicales car de nombreuses affections spontanées animales
constituent une source d’informations pertinente pour la pathologie
humaine.
L’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort dispose par
ailleurs à Champignelles, en Bourgogne, d’un centre d’application
permettant d’une part, de compléter l’enseignement dispensé
en clinique et en gestion des élevages et, d’autre part, de conduire
une recherche en productions animales ainsi que des activités de développement.
L’ENVA dispose également d’un Centre d’imagerie et
de recherche sur les affections locomotrices équines (CIRALE) à
Dozulé en Normandie.
Par ailleurs, les financements sont prévus pour la construction :
- d’une animalerie centralisée (CRBM Centre de Recherche Biomédicale)
contenant des locaux confinés A3 pouvant accueillir des animaux de
grande taille (carnivores, petits ruminants, miniporcs).
- en commun avec l’AFSSA, d’un pôle Hygiène et Sécurité
Alimentaire, en cours de construction,
- d’un Centre Hospitalier, dans le cadre du contrat de plan Etat-Région,
permettant de regrouper toutes les activités cliniques, ce qui, au-delà
de l’impact sur l’enseignement, représente aussi un intérêt
en matière de recherche clinique.
De nombreuses collaborations de recherche en
France comme à l’étranger
Précisons que l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort
entretient des relations étroites avec de nombreux partenaires étrangers,
comme avec les organismes de recherche nationaux : l’INRA (partenaire
principal), mais aussi l’AFSSA, l’INSERM, l’Institut Pasteur,
l’Agence nationale pour la recherche sur le Sida (ANRS), l’Assistance
Publique des Hôpitaux de Paris (APHP), les Universités, ainsi
que la recherche privée, notamment avec les industries alimentaires
et pharmaceutiques.
Cette impulsion est bien entendu animée par la volonté d’orienter
davantage de jeunes vétérinaires vers une formation scientifique
solide, clef d’insertions professionnelles plus diversifiées.
Ainsi, l’ENVA est fédérée depuis 1993 sous le nom
de " Grandes Ecoles du Vivant " avec les quatre autres établissements
franciliens d’enseignement supérieur et de recherche du ministère
chargé de l’Agriculture : l’Ecole Nationale du Génie
rural des Eaux et Forêts (ENGREF), l’Ecole Nationale Supérieure
des Industries Agricoles et alimentaires (ENSIA), l’Ecole Nationale
Supérieure du Paysage (ENSP) et l’Institut National Agronomique
Paris-Grignon (INA-PG). C’est d’ailleurs dans ce contexte que
l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort a participé
à la création d’une Ecole Doctorale de 3ème cycle
scientifique (ABIES).
Ajoutons que depuis plus de 30 ans, l’Ecole Vétérinaire
d’Alfort met à la disposition du Centre technique de la Salaison,
de la Charcuterie et des Conserves de Viande (CTSCCV) des locaux abritant
l’ensemble de ses activités : atelier expérimental, laboratoires,
centre de documentation et bureaux. Le CTSCCV a pour mission principale l’appui
technique aux professionnels de la transformation des produits à base
de viandes. Il conduit notamment des travaux de R&D dont les résultats
sont mis à disposition des entreprises. Un certain nombre de ces travaux
font appel à une collaboration active avec l’ENVA et tout particulièrement
avec l’Unité pédagogique d’Hygiène et Industries
des Denrées Animales et d’Origine Animale (HIDAOA) et l’UMR
Risqual. Le CTSCCV remplit ainsi une importante fonction d’interface
entre l’enseignement, la recherche fondamentale et les entreprises de
production.
Le CRITT-Industries Agro-alimentaires de l’Ile-de-France est également
hébergé sur le site de l’ENVA.
Sachez pour conclure que la bibliothèque de l’ENVA, considérée
comme l’une des plus riches du monde vétérinaire, est
ouverte à tous les publics. Ne comptant pas moins de 160 000 volumes,
dont certains remontent au XVIème siècle, son fonds documentaire
est informatisé depuis 1980. Tous les moyens de recherche bibliographique
modernes y sont donc à votre service !
SD