Novembre 2003 - n°82
L'Institut des Neurosciences de Montpellier (INM) :
un nouvel atout pour la recherche en Languedoc-Roussillon
L'INSERM a présenté en mai dernier un nouvel institut
localisé sur le site du centre hospitalier Universitaire Saint Eloi
(Montpellier). Dédié aux neurosciences, l'Institut des Neurosciences
de Montpellier (INM) est constitué d'un bâtiment de 4 000 m2
mis à disposition par le CHU de Montpellier, qui sera réhabilité
et agrandi pour accueillir 200 personnes, les travaux étant financés
pour 1/3 par l'INSERM et pour 2/3 par la région Languedoc Roussillon.
La vocation de l'INM est de développer les recherches thérapeutiques
en Neurosciences, avec un axe fort sur les pathologies sensorielles et motrices.
L'INM se trouvera à proximité de l'Hôpital Neurologique
Gui de Chauliac (services de neurologie, neuroradiologie, ophtalmologie et
ORL) et sa mise en service est prévue en janvier 2004.
5 équipes pour l'unité Inserm
583 !
L'INM accueillera l'unité INSERM 583 créée le 1er janvier
2003 et intitulée "Physiopathologie et thérapie des déficits
sensoriels et moteurs". D'autres parties de l'institut sont prévues
pour d'autres groupes de recherche travaillant dans des domaines proches ou
complémentaires.
L'unité 583, composée de 104 personnes, comprend actuellement
5 équipes :
- L'équipe 01 "Génétique et thérapie
des cécités rétiniennes" dirigée
par Christian Hamel et Philippe Brabet dont l'objectif est d'identifier des
gènes responsables de maladies rétiniennes héréditaires
et de mettre en œuvre des thérapies. Il s'agit de faire des recherches
sur les dystrophies affectant l'épithélium pigmentaire, notamment
la dégénérescence maculaire liée à l'âge
et les cellules ganglionnaires (CGR) de la rétine qui sont touchées
dans le glaucome. Souvent mal connues et représentant par leur fréquence
et / ou leur gravité un enjeu thérapeutique important, ces dystrophies
nécessitent des recherches approfondies à l'interface de l'hôpital
et du laboratoire.
- L'équipe 02 "Physiologie et physiopathologie de
l'oreille interne", dirigée par Jean-Luc Puel, vise
à développer de nouveaux traitements contre les pathologies
de l'oreille interne (surdités, acouphènes et vertiges) pour
lesquelles le praticien n'a guère de recours thérapeutique.
Il s'agit de travailler sur les mécanismes de la transmission synaptique
et notamment sur ses dysfonctionnements à l'origine de vertiges et
d'acouphènes.
L'équipe cherche à trouver le moyen de prévenir et de
guérir ces pathologies en travaillant sur des animaux présentant
ces problèmes. La mise en place d'essais thérapeutiques chez
l'homme est en cours.
- L'équipe 03 "Développement et physiopathologie
des systèmes proprioceptifs" a pour objectif de
caractériser les molécules qui contrôlent le développement
et la spécification du système proprioceptif des ganglions rachidiens
dorsaux ainsi que les molécules présentes dans les pathologies
de ce système. L'équipe dirigée par Jean Valmier apportera
une attention particulière à l'étude des molécules
impliquées dans la régulation de l'activité électrique
et de la signalisation intracellulaire. Des approches conjointes de génomique
fonctionnelle, de transgénèse et de biologie cellulaire devraient
permettre à terme de décrypter les bases moléculaires
de certaines pathologies du système sensori-moteur.
- L'équipe 04 "Physiologie et approches thérapeutiques
des pathologies médullaires" est dirigée
par Alain Privat. Elle travaille sur les lésions traumatiques de moelle
épinière responsables de la plupart des cas de paraplégie
et de tétraplégie. Il s'agit de protéger les tissus nerveux
pour prévenir des conséquences dramatiques des traumatismes
de la moelle épinière en testant diverses molécules nouvelles,
dont des antagonistes du NMDA. Mais c'est aussi et surtout de favoriser la
repousse axonale des neurones, notamment en neutralisant la cicatrice gliale
qui se forme dans la région traumatisée et qui constitue un
obstacle à cette repousse. La réinnervation par transplantation
de neurones est aussi à l'étude. Des essais cliniques, en parallèle
avec l'étude de modèles animaux sont à l'œuvre.
- Enfin, l'équipe 05 "Cellules précurseurs
neurales" s'intéresse aux mécanismes moléculaires
et cellulaires permettant la formation du lignage neural à partir des
cellules souches. Pour étudier ce lignage, l'équipe dirigée
par Jean-Philippe Hugnot utilise le système des neurosphères
dérivées de l'embryon et de l'adulte. Les cellules dérivées
de ces neurosphères pourront ensuite être conduites à
former divers types de neurones, notamment des neurones sérotoninergiques
nécessaires à la réinnervation de la moelle épinière,
ou bien des cellules sensorielles (audition et vision). Des partenariats étroits
avec les autres équipes sont d'ailleurs développés pour
aller dans ce sens.
Faciliter les échanges inter-équipes
L'INM a été conçu pour faciliter les échanges
inter-équipes, en regroupant les personnels utilisant les mêmes
stratégies de recherche. L'Institut disposera en effet d'une plate-forme
RIO (inter-organisme) d'imagerie cellulaire, d'un plateau technique de neurogénétique
humaine (gestion de banques d'ADN, séquençage…)…
Une animalerie en confinement L2 avec salles de chirurgie et d'étude
du comportement, permettra d'effectuer l'expérimentation nécessaire
aux explorations physiopathologiques et thérapeutiques dans le respect
des règles de sécurité et d'éthique.
L'INM vient renforcer le potentiel de la recherche animée par l'INSERM
en Languedoc-Roussillon. En effet, l'INSERM qui a déjà 18 unités
ou équipes de recherche, 2 IFR et un centre d'investigation clinique
dans cette région, devrait ainsi permettre une meilleure valorisation
des débouchés de la recherche dans les maladies responsables
de handicaps sensoriels et moteurs.
MH
Contact :
INSERM
Christiane DAVOIS