Décembre 2003 - n°83
LA MAISON DES ECOLES DOCTORALES, Université
Paris 6 : un séminaire pour les directeurs d’Ecole Doctorale
" De l’encadrement d’une thèse à l’insertion
professionnelle du docteur "
L’actualité récente a souligné les difficultés
que rencontre la recherche et la baisse d’attractivité qui en
résulte chez les jeunes scientifiques. “ Il est primordial de
réagir très rapidement à ce contexte», déclare
Mme Paule BIAUDET, responsable de la Maison des Ecoles Doctorales (MED), Université
Pierre et Marie Curie - Paris 6, “à la fois pour ne pas tarir
le flux de doctorants et garantir la pérennité de la recherche
fondamentale ” mais aussi pour fournir aux entreprises les futurs cadres
qu’elles attendent.
Très impliquée dans cette réflexion, la Maison des Ecoles
Doctorales – Paris 6 a pour vocation de valoriser les formations doctorales
de l’Université et de favoriser l’insertion professionnelle
de ses docteurs. Première université scientifique de France,
l’UPMC forme effectivement près de 10% des docteurs en sciences.
Ses 16 Ecoles Doctorales rassemblent plus de 2900 thésards répartis
dans près de 1200 équipes d’accueil (grands organismes
de recherche, universités, écoles et entreprises).
De fait, depuis son inauguration le 23 mai 2002, la M.E.D conforte et développe
les actions engagées par l’Université depuis plus de 10
ans. Les relations avec les partenaires socio-économiques s’intensifient,
les actions destinées à l’information et à la formation
des étudiants et de leur encadrement sont organisées régulièrement.
Des thèses en sciences de la vie aux
autres formations doctorales : toutes sont concernées !
Après le succès d’une première rencontre organisée
pour les responsables de thèse, la Maison des Ecoles Doctorales a souhaité
élargir et approfondir son action en s’adressant aux directeurs
d’écoles doctorales. “ Conduit auprès d’une
dizaine de directeurs de thèse sur le secteur Sciences de la Vie, le
premier séminaire a constitué pour nous une expérience
pilote très intéressante ”, nous explique Mme BIAUDET.
Les témoignages d’industriels et d’anciens docteurs actuellement
en poste dans les entreprises ont révélé les besoins
du marché, la diversité des compétences acquises par
les jeunes docteurs, leur transférabilité dans des fonctions
hors R&D ainsi que la nécessité de préparer son insertion
professionnelle dès le début de la thèse.
“ Pour étendre le dispositif de formation à l’ensemble
des disciplines, il nous faut associer plus étroitement les directeurs
de thèse. Aussi nous sommes-nous fixés pour objectif de convaincre
le plus grand nombre d’entre eux de l’intérêt de
ces rendez-vous pour le devenir de leurs étudiants ”, poursuit
Paule BIAUDET.
Les Directeurs d’Ecoles Doctorales fédérant l’ensemble
des directeurs de thèse, c’est en toute logique qu’un nouveau
séminaire a été mis en place à leur intention…
Une vision anticipatrice…
Organisé sur le thème “ de l’encadrement d’une
thèse à l’insertion professionnelle du docteur ”,
le séminaire a été inauguré par M. Gilbert BEREZIAT,
Président de l’Université Pierre et Marie Curie en présence
des directeurs d’écoles doctorales de l’Université
Paris 6, et de plusieurs invités parmi lesquels des responsables de
fédérations professionnelles et des spécialistes de l’insertion
des jeunes dont l’APEC soit près de 50 personnes, étaient
au rendez-vous !
Animée par M. Alain Roger, directeur de recherches au CEROG et responsable
du DESS Ressources Humaines de l’IAE de Lyon, la matinée, s’est
articulée autour d’interventions de plusieurs responsables opérationnels
R&D ou RH de grandes entreprises :
- M. Claude Presta, directeur de l’innovation et des technologies émergentes,
du groupe AREVA,
- M. Gérard ROUSSEL, directeur des ressources humaines de BAYER Cropscience
SA,
- M. François MICHAUX, responsable des études prospectives et
planification, de RENAULT,
- M. Ginès MARTINEZ, délégué général
du Réseau des Centres Techniques Industriels,
- M. Henry EDMUNDSON, director, SL Technical communities et university relations,
du groupe SCHLUMBERGER.
L’objectif de ces interventions était d’informer les directeurs
d’ED sur les évolutions majeures du marché de la recherche
et de l’emploi des docteurs dans les années à venir.
Parmi les idées force on peut retenir que
- La gestion des carrières et sa responsabilité sont et seront
de plus en plus " conjointement partagées par l’individu
et l’organisation " souligne M. Alain Roger. Il est donc primordial
de bien connaître voire d’anticiper les évolutions de la
recherche et de donner aux jeunes chercheurs les compétences correspondantes.
- l’évolution démographique va créer un déficit
dans la " population jeune " dont les conséquences sont multiples.
Les entreprises vont devoir recruter, et former en masse mais différemment
selon les niveaux de qualification. Elles devront également s’adapter
aux spécificités de la nouvelle génération "
cliente et consommatrice " de l’entreprise. Selon M. François
Michaux, " les départs massifs d’enseignants et de chercheurs
posent le problème du renouvellement de ces effectifs avec un risque
accru de privatisation de l’enseignement et d’arrêt de l’ascension
sociale ".
Les grands groupes très portés sur l’innovation confirment
leur confiance dans la formation par la recherche. " Chez Schlumberger
nous voulons, nous aussi, recruter les meilleurs parmi les scientifiques "
, précise M. Henry Edmunson. " Nous les chassons dans le monde
entier et choisissons ceux qui partagent nos valeurs ". Pour Monsieur
Claude Presta, " les jeunes chercheurs ont des qualités complémentaires
de celles des ingénieurs mais ils doivent acquérir une culture
projet indispensable ". Et M. Gérard Roussel de rappeler que le
recrutement est un investissement à long terme : " ce n’est
pas seulement ce que la personne est qui nous intéresse mais surtout
ce qu’elle peut devenir ".
De leur côté les PME ont, elles aussi, des besoins bien spécifiques
en matière d’innovation souligne M. Gines Martinez. Les jeunes
docteurs ont également leur place dans les structures de transfert
technologique comme les CTI " à condition d’acquérir
une culture de l’entreprise et de ses contraintes liées à
un contexte économique toujours plus évolutif ".
Un espace de parole…
Les sujets ainsi introduits ont ensuite été développés
dans le cadre d’ateliers de travail constitués en début
d’après-midi.
Deux grandes questions ont alors orienté les débats :
- Comment les directeurs de thèse peuvent-ils inciter les doctorants
à réfléchir à leur projet professionnel et le
préparer dès leur entrée en thèse ?
- Comment convaincre les directeurs de thèse de s’intéresser
et de se préparer à cette nouvelle dimension de l’accompagnement
des étudiants ?
Les témoignages de Mme Véronique WITKO-SARSAT et M. Thierry
TORDJMANN tous deux chargés de recherche à l’INSERM et
participants du séminaire pilote ont confirmé l’intérêt
de ce type de formation dans une optique de sensibilisation des directeurs
de thèse aux multiples possibilités de carrière qu’ouvre
une formation par la recherche.
Premiers bilans…
“ Les témoignages des différentes entreprises présentes
ont prouvé que le “ Docteur ” par sa formation académique
de chercheur, est parfois mal préparé aux contacts avec l’entreprise
et avec l’international ”, remarque Mme Delphine DE BODMAN, responsable
communication de l’Union des Industries Chimiques Ile-de-France.
Trois constats ont pu être faits aux termes de ce séminaire.
- Il apparaît, tout d’abord, que les Directeurs d’Ecoles
Doctorales soient bien conscients de ce problème et de la nécessité
de compléter leur enseignement pour sensibiliser leurs futurs docteurs
aux possibilités qui s’offrent à eux en dehors de la Recherche
publique et, notamment, dans l’Industrie.
- Mais, ces mêmes directeurs nous confient qu’ils rencontrent
souvent des difficultés à gérer les structures énormes
que représentent leurs écoles et ne peuvent, eux-mêmes,
prendre en charge la formation de leurs étudiants en matière
d’avenir professionnel. Ils en acceptent toutefois le principe et sont
prêts à libérer le temps nécessaire pour que l’information
soit passée auprès des doctorants comme des directeurs de thèse.
- Enfin, il a été noté la grande disparité des
actions développées à ce jour par chaque école
doctorale pour informer leurs futurs docteurs et la volonté des directeurs
d’ED de pouvoir partager leurs expériences dans ce domaine.
Et, pour l’avenir ?
Ces débats ont permis de mettre à jour plusieurs mesures qu’il
serait intéressant de mettre en place pour optimiser l’aide à
l’insertion professionnelle des jeunes docteurs :
- la coordination des actions de formation, jusqu’alors conduites individuellement
par chaque école ;
- la mise à disposition d’un espace de parole où le problème
de l’insertion professionnelle pourrait être débattu et
étudié ;
- la recherche des anciens élèves de Paris 6 pour recueillir
leurs témoignages et constituer un annuaire ; un dernier point, visant
à l’optimisation du suivi des “ anciens ”, que l’Université
Paris 6 s’est d’ores et déjà attachée à
mettre en œuvre depuis plusieurs mois…
“ Nous avons pu constater que les Directeurs d’Ecoles Doctorales
souhaitaient vraiment travailler ensemble ”, poursuit Mme BIAUDET.
“ Ils désirent que nous organisions ou que nous les aidions
à organiser des journées où ils pourraient dialoguer
avec des anciens élèves et des industriels. Autant de propositions
auxquelles chacun a pu apporter ses propres réflexions et faire avancer
le débat : la preuve d’un séminaire réussi !»
Prochaine étape pour Paule BIAUDET et toute son équipe
de la Maison des Ecoles Doctorales : rencontrer individuellement chacun des
directeurs d’écoles doctorales et entrer en contact avec les
directeurs de thèse afin de recueillir leurs propres opinions sur leur
rôle en matière d’information des jeunes docteurs à
leur avenir professionnel.
De nouveaux séminaires sur le thème “ De l’encadrement
d’une thèse à l’insertion professionnelle du docteur
” devrait ensuite être organisés en 2004 à l’intention
des directeurs de thèse.
A suivre…
SD
Contact :
Paule BIAUDET