Février 2004 - n°85

Le CNRS en Normandie : Des recherches au cœur de la société

Nous vous proposons à travers ce reportage de mieux connaître les activités développées par le CNRS en région normande.
Tous les départements scientifiques du CNRS sont représentés dans les laboratoires de recherche de la Délégation Normandie. Les travaux des chercheurs concernent des grandes préoccupations actuelles de la société : santé, énergie, nouvelles technologies, environnement, transports…

Précisons que la Délégation Normandie du CNRS, localisée à Caen (14) et disposant d’une antenne à Rouen (76), couvre les deux régions de la Haute et Basse-Normandie. Sept établissements sont fédérés autour du pôle universitaire normand :

- trois universités (Caen, Rouen, Le Havre),
- deux écoles (ENSICAEN à Caen et INSA à Rouen),
- un GIE (GANIL à Caen – CEA/CNRS/IN2P3) ; et,
- un GIP (CYCERON à Caen - CEA/CNRS/INSERM)…
… soit 35 unités mixtes de recherche ou de service.

Quatre équipes relèvent par ailleurs d’unités non situées en Normandie : le Centre Quetelet, le LETG (Littoral, Environnement, Télédétection et Géomatique), l’ESO (Espaces Géographiques et Sociétés) et le C2A (Civilisation Atlantique et Archéosciences).
Au total, ce sont près de 1800 personnes, dont 475 agents CNRS, qui collaborent dans les laboratoires de la Délégation Normandie du CNRS….

Matériaux
Le pôle Matériaux de Caen regroupe quatre unités de recherches CNRS – ENSICAEN.
Ce pôle effectue des recherches pour l’électronique et la microélectronique, le comportement thermodynamique des matériaux, l’élaboration et les tests de catalyseurs, et de polymères. Ces travaux ont des applications industrielles dans le domaine des nouvelles technologies des télécommunications, mais aussi des transports. Ils touchent aussi les secteurs pétrochimiques et le domaine des polymères, avec des applications dans les traitements de surface, l’agro-alimentaire et la cosmétique.
Le CNRT (Centre National de Recherche Technologique) Matériaux s’appuie sur plusieurs de ces laboratoires. Il apporte un soutien important au tissu industriel régional : Philips Semiconducteurs, Bosch, mais aussi Total, Rhodia ou Atochem.

Physique
Le GANIL est un outil de recherche fondamentale dédiée à la physique nucléaire. Il contribue directement à des recherches appliquées dans des secteurs aussi divers que la physique atomique, la chimie sous rayonnement ou la radiologie. Le CIRIL et le LPC sont deux laboratoires voisins qui y développent leurs recherches.

La gestion des déchets radioactifs, la résistance aux rayonnements cosmiques des composants électroniques embarqués sur des satellites, mais aussi la mise au point de traitements médicaux en radiothérapie par particules lourdes, sont les applications industrielles de cette grande installation européenne (plus de 600 utilisateurs annuels provenant de 30 pays différents).
Pour aller encore plus loin dans les recherches en physique nucléaire et générer de nouvelles découvertes, le GANIL a mis en service un nouveau type d’accélérateur unique au monde dans son domaine d’énergie : SPIRAL et bientôt SPIRAL2.

Chimie et biologie
La chimie est très présente dans les laboratoires normands.
Le LCMT à Caen est le plus important laboratoire universitaire français impliqué dans la chimie du soufre. Il est notamment spécialisé dans la synthèse rapide de molécules et la création de nouvelles molécules indispensables en pharmacie, médecine, mais aussi pour les parfums, les arômes… Les applications industrielles sont nombreuses dans les domaines de l’agroalimentaire, de l’agrochimie, de la santé, mais aussi des hautes technologies. C’est un partenaire incontournable de la recherche biomédicale.

Le laboratoire PBM à Rouen développe des thèmes de recherche sur l’étude physico-chimique d’assemblages synthétiques ou naturels avec des applications sur les films polymères pour les emballages des aliments.
Autre exemple, le laboratoire " signaux et régulations chez les végétaux " à Rouen travaille sur les propriétés chimiques de la luzerne ou encore du lin… pour des applications dans le domaine médical : production de protéines recombinantes d’intérêt thérapeutique (anticorps, antigènes, allergènes Humanisation des protéines végétales). Des projets importants de valorisation sont en cours avec une société québécoise...

Précisons qu’il existe en Normandie des interactions très fortes entre matériaux et chimie, notamment à travers des réseaux inter-régionaux tels que PUNCHORGA et Matériaux Polymères Plasturgie, moteurs de la chimie normande, grâce à une animation scientifique et une mise en commun d’équipements lourds.
Cette structuration en pôle est également très opérationnelle entre la chimie, la biologie et le médical.
L’IFRMP de Rouen, par exemple, a mis en place un continuum allant des recherches les plus fondamentales jusqu’aux études cliniques. Pour se faire, il s’est doté d’un plateau technique très performant incluant notamment 11 services communs entre les différentes équipes de recherche.

Neurosciences
Les " cerveaux " de la recherche sont en Normandie.
Le pôle neurosciences est particulièrement actif en Normandie avec des équipes et des équipements d’excellence en imagerie : le GIN et le laboratoire Mort neuronale, neuroprotection et neurotransmission au sein du centre CYCERON à Caen, l’Unité de Neuropsychopharmacologie au sein de l’IFRMP à Rouen.

A Caen, ont été menées les premières expériences d’activation cérébrale en TEP en France, qui ont contribué à l’émergence de la neuroanatomie cognitive en tant que domaine de recherche, à l’échelle nationale comme internationale. Le GIN en particulier étudie plusieurs thèmes : le langage, le calcul mental et le raisonnement logique, les troubles du langage et du raisonnement.
Les applications sont nombreuses en neuro-chirurgie notamment (le GIN fournit aux neurochirurgiens du CHU de Caen une cartographie cérébrale pré-opérationnelle), mais aussi pour étudier les maladies psychiatriques ou encore les troubles de la dyslexie.
Les équipements lourds (IRM de recherche, cyclotron, radiochimie…) et les collaborations européennes et internationales, font de ce centre une structure d’interface unique entre Neurosciences, Informatique et Sciences Humaines et Sociales.

Energie et environnement
Ces deux problématiques sont indissociables. Il existe en Haute-Normandie un CNRT " Combustion " qui s’appuie sur des unités associées au CNRS : le CORIA, le GPM et le LMR. Ces laboratoires travaillent en étroite collaboration avec les industries de l’automobile, de l’aéronautique et de l’aérospatiale. Leurs recherches se tournent vers les combustions dans les moteurs et la structure de matériaux métalliques pour l’étude desquelles le GPM a inventé une sonde atomique tomographique.
Le laboratoire de Morphodynamique continentale et côtière à Caen poursuit quant à lui des recherches sur l’évolution des formes du continent et de la plate-forme immergée. Il étudie le développement des perturbations et les temps de réponse des systèmes.

Interdisciplinarité
La recherche normande ne se limite pas à des grands pôles scientifiques. De nombreux laboratoires de recherche du CNRS travaillent à la croisée de plusieurs disciplines : la sociologie, l’histoire, la géographie sociale, la linguistique, l’archéologie, les techniques de l’information et de la communication, l’informatique ou encore les mathématiques…
Que l’on parle de " voiture intelligente ", du vocabulaire du Champagne ou des grandes enquêtes sur l’emploi et les relations sociales, ou encore, du dictionnaire des synonymes, les chercheurs ont à cœur de répondre aux grands problèmes sociétaux actuels. Les partenaires institutionnels et industriels locaux et nationaux sont là encore fortement demandeurs : Matra, EDF, France-Telecom….

SD

 

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