Mars 2004 - n°86

Le DEA " Biologie de l’Evolution et Ecologie " prône la multidisciplinarité !

Le DEA " Biologie de l’Evolution et Ecologie " (DEA BEE) propose un enseignement multidisciplinaire de biologie évolutive, de l’ADN aux écosystèmes en passant par l’individu et les communautés. Il associe ainsi la génétique, l’écologie et l’évolution, sciences qui ne devraient pas, fondamentalement, être enseignées séparément. Cours, conférences, séminaires et stages de laboratoire et de terrain sont proposés grâce à la richesse de la communauté scientifique montpelliéraine.

Montpellier est un lieu privilégié pour mettre en œuvre cette formation. Le potentiel y est exceptionnel dans les différents domaines concernés. Un nombre important de séminaires (par exemple la fameuse "Réunion du mardi" de l'UMII, séminaire hebdomadaire en évolution) y sont organisés, mais aussi des conférences et soutenances de thèse ainsi que la visite de chercheurs français et étrangers de haut niveau. La diversité des institutions présentes à Montpellier, dans un espace géographique à échelle humaine, facilite l'ouverture d'esprit des étudiants et leur permet également de découvrir de nombreux domaines d'application.

Réunir 3 sciences

Le DEA BEE a été fondé par Louis Thaler en 1978, afin d’enseigner et de diffuser les connaissances en biologie évolutive et l’écologie. "Il était à l’époque directeur de l’ISEM (Institut des Sciences de l’Evolution de Montpellier) et professeur de paléontologie, convaincu que cette discipline devait être couplée avec la biologie et la génétique des populations", explique Michel Raymond, Directeur du DEA. "L’idée initiale était de réunir dans une même perspective trois sciences qui restaient alors distinctes : la génétique des populations, l’écologie et l’évolution. Ces trois échelles de perception se complètent pour comprendre le monde vivant et ses changements."

Ce principe de base, précurseur à l’époque de Louis Thaler, a été globalement conservé par ses successeurs, avec une introduction permanente de nouveaux concepts. D’autres développements modernes se sont progressivement rajoutés, mais l’idée fondatrice est restée : proposer une vision qui va du gène à l’écosystème, en passant par l’individu, les populations, les espèces et les communautés. La direction du DEA a été reprise par Bernard Delay (Directeur du Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive) en 1995. Lorsque celui-ci a été nommé Directeur Adjoint des Sciences de la Vie au CNRS en septembre 2001, Michel Raymond (Directeur de Recherche au CNRS) en a pris la responsabilité.

Le DEA s’appuie sur un grand nombre de laboratoires d’accueil (environ une trentaine), pour la plupart localisés à Montpellier. Les deux plus gros sont l’ISEM (Institut des Sciences de l’Evolution de Montpellier) et le CEFE (Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive). Certains sont regroupés sous forme d’IFR, permettant de créer des plates-formes communes de gros équipements, et de générer une animation partagée (cycle de conférences Louis Thaler). Le détail des surfaces et équipements disponibles dépend de chaque laboratoire. On y trouve le matériel de base de génotypage, et de séquençage, d’écologie de terrain, d’expérimentation de terrain, de physiologie végétale, des animaleries, insectarium, serres, etc. Des expérimentations en milieux contrôlés sont également possibles, de l’échelle de l’organe (chambres de conditionnement) à celle de l’écosystème (mise en place d’un Ecotron, prévue pour l’année 2006 : http://www.ecotron.cnrs.fr/), en passant par l’individu ou les populations (volières, serres à climat contrôlé…).

Des objectifs spécifiques

Le DEA BEE est co-habilité par l'Université de Montpellier II et l'ENSAM (Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Montpellier). L’équipe de Direction actuelle est composée du Directeur (Michel Raymond), d'un représentant de l’ENSAM (Marie-Laure Navas), de deux Directeurs des Etudes (Eric Garnier et Emmanuel Douzery), et d’un conseiller doctoral (Bernard Delay).

La particularité de l'enseignement "Biologie de l'Evolution et Ecologie" est d'associer étroitement le point de vue écologique et celui de l'évolution, et de leur accorder une importance égale. L'accent est mis sur l'explication des mécanismes qui conditionnent l'évolution et la répartition des êtres vivants ainsi que le fonctionnement des populations, des communautés et des écosystèmes terrestres et aquatiques. Spécifiquement, cela consiste à :
Associer étroitement les points de vue écologique, génétique et celui de l'évolution pour :
- Expliquer la distribution des gènes, des organismes et le fonctionnement des écosystèmes,
- Expliquer la "dynamique du vivant" (sélection naturelle, adaptation, spéciation, extinction, etc.) et le rôle de la diversité biologique.
Prendre en compte les différents niveaux d'organisation : gènes, individus, populations, communautés, écosystèmes, paysages, et expliquer les relations de passage entre ces niveaux.
Etablir des liens entre bases théoriques et aspects appliqués.

À côté de ces enseignements fondamentaux, il entre dans la vocation du DEA de s'ouvrir sur de grands domaines d'application :
- ressources génétiques, biodiversité, systématique et biologie de la conservation,
- lutte biologique et protection intégrée,
- gestion et restauration des milieux naturels et anthropisés,
- changements planétaires naturels et anthropiques, connaissance et maîtrise de leurs effets biologiques,
- biologie tropicale et développement durable.

Chaque année, la promotion compte entre 20 et 25 étudiants. Ils proviennent de différentes maîtrises (essentiellement des Maîtrises axées sur la biologie des populations) de France et d’Europe, des Grandes Ecoles (ENSAM et autres écoles agronomiques, les diverses ENS, ENGREF, Ecoles Vétérinaires, Polytechnique, etc.). Quelques places sont réservées à des étudiants non-européens ou en Formation Continue.
La réussite au diplôme est de l’ordre de 95 % -100 % (100 % l’an dernier). En moyenne, plus de 72 % des étudiants continuent en thèse et 17 % au moins poursuivent d’autres études ou trouvent un emploi durant l’année qui suit le DEA, ce qui correspond à 89 % des étudiants (calculé sur les 10 dernières promotions, de 1993 à 2003).

Une formation multiple

Les cours se subdivisent en cinq modules obligatoires, et deux modules optionnels (à choisir parmi une liste de choix).

Modules obligatoires :
- Les grandes questions de l'évolution
Ce module aborde les fondements de l'évolution biologique, et son but est d'en donner une vision globale mais précise.
- Biogéographie évolutive et biologie des populations
Ce cours est centré sur l'analyse des processus d'origine, de régulation et d'évolution des diversités biologiques. Son originalité repose sur le fait que ces processus sont analysés en fonction des échelles de temps, d'espace et de résolution biologique, des complexes génétiques locaux aux faunes de régions entières.
- Biomathématiques
Les enseignements de Bio-mathématiques du DEA BEE ont pour objet de permettre aux étudiants d'accéder à des méthodes pertinentes et modernes de traitement de données pour répondre à des questions biologiques.
- Génétique évolutive
Ce module doit donner les bases conceptuelles communes aux différentes thématiques de la génétique évolutive.
- Écologie fonctionnelle et évolutive
Ce module est centré sur l'analyse de la diversité fonctionnelle des végétaux, et des conséquences de cette diversité sur la distribution des organismes dans les habitats naturels, et la dynamique des communautés.

Modules optionnels :
· Limitations des ressources : impact sur le fonctionnement des plantes.
· Génomique évolutive.
· Évolution des systèmes symbiotiques.
· Génétique des populations et sélection de parentèle.
· Modélisation en biologie et génétique des populations.
· Génétique et évolution du développement
· Biologie de la conservation.
· Écologie des paysages.
· Ethno-écologie.
· Biologie et gestion des invasions.
· Biologie et génétique des populations marines
· Groupes fonctionnels d’espèces : concepts et applications

11personnes organisent les modules principaux et 16 s'occupent des modules optionnels. L'importante participation bénévole (environ 75 %) des établissements de recherche aux enseignements est une caractéristique forte du DEA, puisque ces différents modules sont organisés majoritairement par des chercheurs du CNRS, de l’INRA, de l’IRD, et des enseignants chercheurs de l’Université de Montpellier II.

La période de Février à Juillet est consacrée à deux stages : Le stage principal de 5 mois sert d’initiation à la recherche sur un thème à approfondir. C'est un travail personnel qui doit permettre à l'étudiant d'acquérir tous les éléments de la démarche scientifique ainsi que des concepts et techniques, par immersion dans une équipe de recherche performante. Le stage complémentaire d'un mois sert à s’ouvrir sur une thématique différente du stage principal, d'appréhender la problématique d'une équipe ou d'un chercheur (par exemple par la participation à une expérimentation ou une analyse de données). Un rapport écrit doit être fait sur chacun des stages, et le stage principal fait l’objet d’une soutenance orale et publique devant le jury du DEA.

Le DEA BEE prépare aux métiers de la recherche fondamentale et appliquée, ainsi qu'à certains métiers d'intervention sur des questions d'environnement. Une grande majorité des étudiants continuent en thèse. Ils pourront alors trouver ensuite un poste dans l’enseignement et / ou la recherche. A titre d'exemple, de 1979 à 1998, 348 étudiants de DEA ont poursuivi en thèse ; en 2001, 75 % d'entre eux avaient un emploi dans la recherche ou l'enseignement, 12 % étaient ATER ou PostDoc (donc possibilité d'obtenir un emploi dans la recherche ou l'enseignement), 8% avaient un emploi en entreprise, et 5% avec une situation inconnue.

Pour la rentrée 2004 - 2005, les candidats sont invités à fournir un dossier de candidature (date limite de dépôt début juin 2004) sur la base duquel une présélection sera faite. Les étudiants présélectionnés seront éventuellement convoqués pour un entretien (début juillet 2004). Les dates exactes ne sont pas encore fixées.

Dans le futur (rentrée 2005), le DEA va évoluer pour se conformer à la réforme LMD, et devenir un parcours au sein d’un Master. Sa structure de base sera cependant conservée, même si certains cours seront communs avec d’autres parcours, et si une mutualisation des modules optionnels s’opérera au sein de l’Ecole Doctorale de Biologie Intégrative.

M. HASLÉ