Septembre 2004 - n°91
L'INRA a inauguré son nouveau centre de recherche à Sophia-Antipolis
Le 27 mai 2004 a été inauguré le nouveau centre
de recherche de l'INRA de Sophia- Antipolis par Hervé Gaymard, Ministre
chargé de l'agriculture et François d'Aubert, Ministre chargé
de la recherche, en présence de nombreuses personnalités dont
Michel Vauzelle, Président du conseil régional Provence- Alpes-Côte-d'Azur,
Christian Estrosi, Président du Conseil Général des Alpes
Maritimes, Albert Marouani, Président de l'université de Nice
Sophia-Antipolis et Marion Guillou, Directrice générale de l'INRA.
Un site d'exception
Cette nouvelle installation de plus de 9 000 m2, qui a bénéficié
du soutien financier de la région, du conseil général
et de la Datar, permet à l'INRA de rassembler ses laboratoires (anciennement
situés au Cap d'Antibes) afin de constituer, avec l'Université
de Nice Sophia-Antipolis et le CNRS, un nouvel ensemble intégré.
Plus de 225 agents permanents y travaillent parmi lesquels plus d'une centaine
de chercheurs.
Le Centre regroupe 2 Unités Mixte de Recherche, une Unité de
Recherche, 2 Unités Expérimentales, un Service Déconcentré
d'Appui à la Recherche et un Jardin Botanique. C'est aussi le siège
du département Santé des Plantes et Environnement, et du Pôle
Information Scientifique et Technique de la DISI.
Il faut remonter au début des années 1990 pour que germe le
futur "projet Agrobiotech" dans les réflexions engagées
alors par le centre INRA d'Antibes et l'université de Nice-Sophia Antipolis.
En septembre 1994, le projet est retenu comme opération de localisation
dans le cadre du CIAT (Comité Interministériel d'Aménagement
du Territoire). En janvier 1996, le rapprochement des 3 partenaires (INRA,
UNSA, CNRS) permet la création de l'Institut Fédératif
de Recherche "Réponses des organismes aux stress physicochimiques
et biologiques" qui couvre une partie des thématiques de recherche
du projet"Agrobiotech". L'appel d'offres sera lancé en septembre
2001 et la construction du bâtiment, qui a nécessité l'intervention
de plus d'une vingtaine d'entreprises, se déroulera de juin 2002 à
janvier 2004. Le Centre a été rebaptisé "Centre
INRA de Sophia-Antipolis" en janvier 2004, lors du rapprochement des
laboratoires sur la technopole.
Le site de Sophia Antipolis n'a pas été choisi au hasard. L'origine
de l'INRA se situe au Cap d'Antibes : au jardin botanique de la villa Thuret
créé en 1856 par le botaniste Gustave Thuret. Plus tard, en
1946, sur ce même site, le Centre INRA est officiellement fondé
par le regroupement de plusieurs laboratoires pré-existants.
L'INRA continue à gérer la collection de plus de 2 500 espèces
méditerranéennes de la Villa Thuret.
Ce nouveau pôle constitue un potentiel important dans le domaine de
la santé des plantes et leurs relations avec l'environnement. Les projets
scientifiques sont principalement organisés autour de 2 axes :
- l'adaptation des organismes dans les agrosystèmes et l'environnement,
- l'étude de systèmes de culture dans une perspective de production
intégrée et d'une agriculture durable.
Des équipes complémentaires
Les différentes unités qui collaborent à ce nouveau centre
sont les suivantes :
- Unité Expérimentale d'amélioration des plantes
florales
Localisée à Fréjus, les programmes de recherche
portent sur "la Diversification et l'innovation variétale d'espèces
florales méditerranéennes". Ils s'appuient sur des méthodes
classiques de sélection végétale et sur des vitrométhodes
pour créer des variétés innovantes.
- Unité Mixte de recherche "Intéractions Plantes-Microorganismes
et Santé végétale" (UMR - IPMSV) INRA-CNRS-UNSA
L'objectif des recherches de cette unité est la compréhension
des bases moléculaires des interactions entre la plante et des microorganismes
associés. L'ensemble de ses recherches entre dans la perspective de
développement de méthodes de phytoprotection efficaces et respectueuses
de l'environnement. Elles touchent des aspects fondamentaux de la biologie
des microorganismes et des plantes.
L'Unité se compose de 4 équipes : "interactions Plantes-Oomycètes",
"Interactions Plantes-Nématodes", "Espèces actives
de l'oxygène etétat redox cellulaire dans l'interaction symbiotique"
et "Stress osmotiques environnementaux et symbiose Rhizobium - Légumineuses".
- Unité Mixte de recherche "Réponses des organismes
aux Stress Environnementaux" (UMR - R.O.S.E.) INRA-UNSA.
L'unité regroupe sur le site de Sophia-Antipolis et sur le
campus de l'UNSA à Nice des chercheurs INRA, INSERM, CNRS, ainsi que
des enseignants chercheurs de l'UNSA.
Le but des recherches développées est de mieux comprendre les
mécanismes moléculaires, cellulaires et populationnels qui régissent
l'adaptation des organismes en réponse à différents types
de stress :
- les stress de nature abiotique tels que les changements hyper- hypoxiques,
acido-basiques ou climatiques (température et rayonnements UV) ;
- les stress de nature chimique tels que les pesticides et autres xénobiotiques
apportés volontairement ou involontairement dans l'environnement et
l’alimentation ;
- les stress de nature biotique (populationnels ou organismaux), tels que
les interactions multitrophiques ou symbiotiques entre plantes-hôtes,
insectes-parasitoïdes et cnidaires-protistes.
Des mutations ponctuelles aux structures de populations, l'intégration
de toutes ces données biologiques permet de mieux mesurer et comprendre
les réponses des organismes aux stress environnementaux.
L’U.M.R. - R.O.S.E. se compose de cinq équipes :"Biologie
des populations en interaction", "Réponses des organismes
aux stress abiotiques", "Toxicologie cellulaire, moléculaire
et génomique", "Biopesticides", "Génomique
fonctionnelle des insectes".
- Le Jardin botanique de la Villa Thuret
Il s'agit d'un jardin d’acclimatation, qui s’étend
sur 3,5 hectares dans un cadre d’exception : le Cap d’Antibes.
Créé en 1857 par l’algologue et botaniste, Gustave Thuret,
et géré depuis son legs à l’état français
par l’INRA, il fut le siège d’activités originales
: introduction, étude et diffusion de plantes exotiques ornementales,
qui contribuèrent au développement de l’horticulture méditerranéenne.
Le Jardin Botanique de la Villa Thuret est sans doute l’une des principales
collections françaises d’espèces végétales
ligneuses exotiques de climat méditerranéen. Plus de 2 500 espèces
sont cultivées en plein air dans le respect des conditions naturelles
des pays dont elles sont originaires (Australie, Afrique du sud, etc.).
- Unité de Recherches Intégrées en Horticulture
(U.R.I.H.)
L’unité a pour principale mission d’améliorer
les performances de l’horticulture sous serre en proposant des solutions
innovantes en termes de prévision, savoir faire et d’avancées
technologiques. Le principal programme de l’unité porte actuellement
sur l’étude du système serre avec pour objectif l’élaboration
de nouvelles stratégies de phytoprotection et plus largement de productions
plus respectueuses de l’environnement.
Il s’agit, dans ce programme, de promouvoir des pratiques alternatives
de protection, en mettant l’accent sur la prophylaxie et en optimisant
la mise en œuvre et l’intégration des outils alternatifs
de lutte existants. L’innovation et la diversification des espèces
ornementales (renoncule, anémone, protéacées, pivoine)
constituent l’autre axe de recherche de l’unité avec des
travaux réalisés en étroite collaboration avec la profession
horticole.
L’équipe de botanique assure l’entretien et le renouvellement
des collections de la Villa Thuret ainsi que la valorisation scientifique
et technique de ce patrimoine.
- Unité Expérimentale de Lutte Biologique
Située à Valbonne, cette unité a pour principales missions
d’élaborer et de développer des stratégies et des
procédés de lutte biologique contre les insectes ravageurs des
cultures en utilisant des insectes entomophages, prédateurs ou parasitoïdes.
Les recherches s’organisent autour des différentes étapes
de la mise en œuvre de cette stratégie de lutte, qui vont de la
prospection d’auxiliaires potentiels jusqu’à l’intégration
des nouvelles méthodes de lutte biologique dans les systèmes
de production. Une attention particulière est portée aux ravageurs
nouvellement introduits (lutte biologique classique par acclimatation), ainsi
qu’aux ravageurs émergeants (indigènes ou exogènes)
susceptibles de remettre en cause la protection intégrée dans
un agrosystème considéré (traitements biologiques inoculatifs
ou inondatifs).
Cette approche finalisée de la lutte biologique développée
depuis plusieurs décennies sur le Centre est à l'origine de
nombreux succès. L’utilisation à grande échelle
de la lutte biologique contre la Pyrale du maïs à l’aide
de Trichogrammes en collaboration avec la société BIOTOP (cf.
article Gazette du Laboratoire juin 2003 - les archives sur www.gazettelabo.fr),
la lutte biologique sous serre ou la maîtrise durable des populations
de ravageurs exotiques introduits accidentellement en France ont contribué
à la renommée nationale et internationale de cetteéquipe.
L'inauguration réussie du Centre met aussi en lumière les nouvelles
ambitions de l’INRA quantà ce lieu : en faire un Pôle majeur
de Biologie- Santé en partenariat avec les entreprises de biotechnologie
du site.
M. HASLÉ