Décembre 2004 - n°94
Les travaux du Pôle MiNaTec sont lancés !
Le 27 septembre 2004, André VALLINI, Président du Conseil
général de l’Isère, a posé la première
pierre des nouveaux bâtiments du pôle d'innovation MiNaTec sur
le site du chantier, à Grenoble. Sous la maîtrise d'ouvrage du
Conseil général de l'Isère, le projet en cours de construction
nécessite au total 193 millions d'euros d'investissements et devrait
être achevé en 2006.
Le Pôle d'innovation MiNaTec se destine devenir le 1er centre européen
pour les micro et nanotechnologies. Il poursuit deux objectifs
- concentrer un ensemble de compétences en matière de micro
et nanotechnologies en un même lieu géographique au sein du site
du Polygone scientifique de Grenoble,
- constituer un pôle scientifique fort soutenu par des dispositifs locaux
(soutien de la Ville de Grenoble, de la Communauté d'agglomération
Grenoble Alpes Métropole, du conseil général), régionaux
(action régionale en faveur du numérique), nationaux et européens.
Un projet ambitieux
MiNaTec disposera de plusieurs atouts pour arriver à réaliser
ces objectifs :
- une plate-forme de recherche, constituée de laboratoires
du CEA (Leti), de l’INP Grenoble, du CNRS, de l’UJF et d’autres
partenaires. Cette plate-forme inclut les salles blanches du CEA (Leti) et
deux nouveaux bâtiments consacrés respectivement aux composants
avancés (micro-électronique, microsystèmes, biopuces,
conception de circuits et systèmes…) et aux objets communicants
(étiquettes intelligentes, cartes puce, téléphone portable,
voitures communicantes, vêtements communicants, électroménager
communicant…), dont le regroupement assure un couplage étroit
entre recherche académique et recherche appliquée. 800 chercheurs
en recherche appliquée et 400 chercheurs en recherche amont devraient
travailler.
- une plate-forme de valorisation industrielle, constituée
d’un nouveau Bâtiment de Haute Technologie destiné à
accueillir des jeunes pousses " industrielles dans leur phase de croissance
ainsi que des lignes pilotes d’entreprises innovantes de taille moyenne,
ou des échelons de Recherche et Développement (R&D) de grands
groupes industriels. 500 à 1 000 personnes appartenant au monde de
l'industrie s'y installeront avec 100 personnes en plus à la valorisation
industrielle.
- une plate-forme d’enseignement, comprenant la formation
initiale avec le transfert sur le site des deux écoles d’électronique
(ENSERG) et physique (ENSPG) de l’INP Grenoble et du CIME (Centre Interuniversitaire
de microélectronique), la formation continue avec le nouveau Centre
de formation continue en micro-électronique et microsystèmes,
et un restaurant universitaire.
Pour accélérer et optimiser le processus d’innovation,
le pôle sera également complété par :
- la Maison des Micro et Nano-Technologies (MMNT), structure
assurant une fonction d’animation, de rayonnement externe et de support
à l’ensemble des acteurs du pôle. Cette maison regroupera
dans un même bâtiment l’ensemble des moyens communs nécessaires
aux trois plates-formes : veille technico-économique avec l’Observatoire
des micro et nanotechnologies, soutien aux start-up avec les incubateurs et
les fonds d’amorçage, bureaux des réseaux nationaux et
européens des micro et nanotechnologies, support de communication et
soutien pour les acteurs et le pôle, organisation de colloques, conférences,
centre de documentation. Elle constituera un " centre de vie " favorisant
les échanges, la créativité et l’esprit d’initiative
et d’entreprise. Environ 100 personnes devraient y travailler.
- les dispositifs nécessaires au fonctionnement technique de
l’ensemble (DFT) notamment la fourniture de l’énergie
et des fluides, ainsi que le traitement des effluents.
Regrouper des compétences
C'est à l'initiative du CEA Grenoble et de l'Institut National Polytechnique
(INP) de Grenoble que le projet a été lancé dès
1985, date de la création de l'Ecole de physique, avec un projet d'implantation
sur le site du polygone scientifique à proximité des laboratoires
du CEA, du CNRS et de l'université Joseph Fourier.
C'est par le regroupement de plusieurs projets que naît le grand projet
MiNaTec en janvier 2002 avec la signature de la convention cadre. Après
la pose de la première pierre en septembre 2004, l'inauguration officielle
des locaux devrait avoir lieu courant 2006. Entre ces 2 dernières dates,
les bâtiments seront donc construits sur une zone de 8 ha au sein des
23 ha du Polygone. La réalisation d'une première tranche de
16 000 m2 sera suivie par la construction de 10 000 m2
supplémentaires. A terme, MiNaTec regroupera plus de 1 000 étudiants,
120 enseignants-chercheurs, 1 200 chercheurs publics et un millier d'emplois
industriels directs, sans compter les emplois indirects créés
à l'échelle départementale, régionale et nationale
(travail en réseau), tant en amont (recherche) qu'en aval (sous-traitance,
emplois connexes).
Les enseignants et étudiants de haut niveau, les scientifiques et les
chercheurs de renommée internationale attirés par ce nouveau
pôle représenteront une source de compétences qualifiées
pour les entreprises d'innovation. Le niveau de créativité scientifique
et technologique sera augmenté grâce à la pluridisciplinarité
des approches (matériaux, biotechnologie, matériel, logiciel),
et des cultures (industrie, recherche, enseignement), et à l’attractivité
du pôle pour les chercheurs de haut niveau, à l’image d’autres
outils du site (Synchrotron ESRF, Institut Laue Langevin). Cette attractivité
favorisera l’implantation et le développement sur le pôle
et dans son environnement régional, de laboratoires de recherche et
de développement d’industries liées aux micro et nanotechnologies.
L'accélération du processus d’innovation permettra en
outre d’attirer de nouvelles entreprises, d’augmenter la compétitivité
de l’industrie microélectronique, de susciter la création
de jeunes pousses industrielles de haute technologie, de combler des faiblesses
du site pour l’accueil des entreprises médianes innovantes (cartes
à puce, vidéodisque…) sousreprésentées dans
la région, d’alimenter en technologies les milieux traditionnels
(mécanique, plasturgie, optique, mesures…) afin d’accroître
leur compétitivité et donc de créer de la richesse et
de l’emploi dans un contexte fortement concurrentiel.
Le projet MiNaTec représente le plus gros investissement réalisé
en France depuis vingt ans. Dans le cadre de cette opération, la Région
Rhône-Alpes intervient sur deux volets : la plate-forme d’enseignement
et la plate-forme de recherche. Souhaitant faire de Rhône-Alpes le levier
de l’innovation pour le développement économique et l’emploi,
la Région participe fortement au projet MiNaTec (13,2 % des investissements).
Avec le Conseil général de l'Isère (22,2 %), la Ville
de Grenoble (6,6 %), et la Métro (6,3 %), les collectivités
apportent le plus gros budget (au total 48,3 %).Viennent ensuite les apports
privés (24,5 %), le CEA (20,3 %), l'Etat 6,9 %).
Côté recherche amont, les laboratoires grenoblois (INP Grenoble,
CNRS et Université J.Fourier) et rhône-alpins (Ecole Centrale
Lyon et INSA Lyon) sont nombreux à s'investir sur le futur site. Côté
formation, l'INP Grenoble prend les devants. "Notre établissement
engage notamment son potentiel de formation initiale et continue et plus spécifiquement
3 formations d'ingénieurs dont une toute nouvelle "NanoTecH"
en partenariat avec le Politecnico di Torino et l'Ecole Polytechnique Fédérale
de Lausanne", explique Paul Jacquet, président de l'INP,
dans son discours lors de la pose de la première pierre MiNaTec.
Cette formation "Nanotech" a été mise en place à
la demande du secteur industriel et dans le cadre du projet MiNaTec. Ouvert
depuis septembre 2004, il s'agit d'un Master européen baptisé
"Master's degree in micro and nanotechnologies for integrated systems".
Ce diplôme international dispensé en anglais, français
et italien (enseignements techniques en anglais) est dédié aux
micro et nanotechnologies (conception microélectronique, microsystèmes,
nanotechnologies). Les étudiants seront aussi sensibilisés aux
domaines financiers, contractuels, juridiques spécifiques à
ce domaine. Les cours se répartiront sur 4 semestres dont les 3 premiers
successivement dans les 3 établissements fondateurs. Le dernier semestre
sera effectué en industrie ou en laboratoire de recherche. Le Master
va donc former en deux ans des ingénieurs ayant une culture large dans
ce domaine en plein essor, avec des applications possibles dans tous les domaines
économiques.
D'ici 2006, le projet MiNaTec devrait drainer de nouveaux laboratoires et
de nouvelles sociétés, désireux de s'implanter sur un
pôle novateur. Une évolution que nous ne manquerons pas de suivre…
MH