Janvier 2005 - n°95

Gros plan sur l’Institut de Pathologie Cellulaire Christian de Duve ! (Belgique)

Depuis 1974, cet institut belge, basé à Bruxelles, a su évoluer avec brio en misant sur la recherche fondamentale biomédicale. Il contribue aux progrès des connaissances et des moyens en biologie et exploite ses progrès au profit de la santé. De nombreux chercheurs étrangers l’ont bien compris et collaborent efficacement avec lui.

Ce n’est qu’après la Seconde guerre mondiale que l’exploration de la cellule débute véritablement et, avec elle, la découverte des multiples fonctions des éléments divers de la cellule. Il s’agit alors d’une révolution biologique qui transforme profondément les perspectives de la médecine contemporaine et inspire à Christian de Duve le projet de l’International Institute of Cellular and Molecular Pathology (ICP) dans les années 1960.

Un fondateur illustre

Il faudra attendre 1974 pour que l’institut ouvre ses portes sur le nouveau site de la Faculté de Médecine de l’Université Catholique de Louvain (UCL) à Woluwé-Saint-Lambert, dans la périphérie de Bruxelles. Parallèlement, Christian de Duve reçoit le Prix Nobel de Médecine-Physiologie le 10 octobre 1974. L’institut de recherche est basé sur le principe que les chercheurs doivent poursuivre leurs travaux en biologie fondamentale en toute liberté, mais que leurs découvertes soient systématiquement traduites en progrès de la médecine.

A l’époque de la fondation de l’ICP, 5 000 m2 seulement sur les 8 000 m2 de surface de laboratoire que comptaient les bâtiments,étaient achevés et équipés. Ils abritaient les 4 équipes spécialisées en Biochimie et Biologie cellulaire, Immunologie, Endocrinologie, Biologie moléculaire, autrefois disséminées à Louvain.

Fondé en 1971 par le philanthrope américain Daniel Ludwig, le Ludwig Institute for Cancer Research (LICR) installe en 1978 sa Branche belge au sein de l’ICP. Une collaboration fructueuse s’ensuit. Même si les deux instituts sont indépendants, les collaborations scientifiques entre les chercheurs des deux instituts sont très proches et les gros équipements scientifiques sont bien sûr partagés. L’institut Ludwig de Bruxelles s’est considérablement développé et occupe aujourd’hui près d’un tiers de la surface de l’ICP, avec un personnel d’environ 75 chercheurs et techniciens. Ses activités de recherche s’orientent vers l’étude des antigènes tumoraux de rejet et la mise au point de vaccins thérapeutiques contre certains cancers et aussi vers l’étude des cytokines.

En 1997, l’Assemblée Générale, pour rendre hommage au fondateur de l’ICP, décide de changer le nom de l’institut qui s’appelle désormais " Institut de Pathologie Cellulaire Christian de Duve ".

L'ICP est une association internationale sans but lucratif (AISBL). Sa gestion est confiée à un comité directeur de trois membres présidé aujourd'hui par le Professeur Emile Van Schaftingen. Ce comité est nommé par le conseil d’administration lui-même composé de personnes de renom issues du monde industriel et financier ainsi que du recteur et de trois autres membres de l’Université Catholique de Louvain. Un conseil scientifique international composé de quatre membres nomme régulièrement des comités externes d'experts qui évaluent la qualité des recherches effectuées à l'ICP et du recrutement des chercheurs.

Un certain nombre de personnes physiques et privées, groupées au sein du conseil de développement et d'expansion, soutiennent l'institut dans ses efforts. Ce conseil assure en particulier la promotion du mécénat et la diffusion des activités de l'ICP auprès du public. Grâce à son insertion dans le site universitaire de l’Université catholique de Louvain (UCL) à Bruxelles, l'institut bénéficie d'une solide infrastructure extérieure, telle que bibliothèque, hébergement, services techniques et cliniques universitaires.

Des équipes efficaces

" Mieux comprendre pour mieux guérir ", telle est la devise de l’ICP qui cherche toujours à aller plus loin dans ses recherches fondamentales dans le domaine biomédical.

Les principales disciplines de la biologie fondamentale y sont réunies : biologie cellulaire et moléculaire, biochimie, génétique, immunologie, virologie… L’objectif de l’institut est de faire progresser les connaissances et de les mettre au service de la médecine. Les chercheurs gardent à l’esprit le retentissement possible de leurs recherches sur le diagnostic, la prévention et le traitement des maladies. Diabète, cancer, anomalies vasculaires, maladies infectieuses, troubles du métabolisme, comptent parmi les affections étudiées. Pour avoir la liste complète des thèmes de recherche de l’institut, rendez-vous sur le site www.icp.ucl.ac.be. Plusieurs chercheurs sont d’ailleurs en train de mettre au point de nouveaux médicaments.

La tâche principale des membres de l’Institut est la recherche. L’ICP fonctionne par ailleurs en symbiose avec la Faculté de Médecine et la majorité des membres seniors de l’institut occupent des postes à la Faculté et ont charge d’enseignement. L’accueil de nombreuxétudiants doctorants et post-doctorants à l’ICP est une des clefs de son succès.

Environ 150 chercheurs et 100 techniciens travaillent aujourd’hui à l’ICP. Installés dans 8 000 m2 de laboratoires répartis dans 2 tours de cinq étages chacune, construites sur le site de la Faculté de Médecine de l’UCL, ils poursuivent des programmes de recherche de tout premier plan, y compris des programmes novateurs et à long terme. Parmi eux, il y a des chercheurs permanents, professeurs à l’Université ou chercheurs au FNRS (20 %), des chercheurs temporaires, jeunes docteurs en médecine ou en sciences et jeunes licenciés préparant une thèse de doctorat, belges et étrangers (45 %), du personnel technique (30 %) et du personnel administratif (5 %).

Parmi les principaux équipements : des séquenceurs d’ADN, spectromètres de masse, trieurs de cellules par cytométrie de flux, synthétiseur de peptides, microscope électronique, microscope confocal, microscope à dissection laser, appareil de PCR quantitative Affymetrix (système " gene chip " qui permet de tracer la carte d’identité génétique d’une cellule).

L’institut dispose d’un patrimoine financier qui permet d’allouer un financement à des programmes prioritaires ou à la création de nouvelles équipes sous la houlette de jeunes chercheurs prometteurs. Grâce à ses découvertes, il s’est forgé une solide réputation sur le plan international. De nombreux chercheurs étrangers viennent s’y spécialiser. Certains y occupent des fonctions à long terme et y dirigent des équipes de recherche. L’institut entretient aussi des collaborations scientifiques avec des laboratoires situés aux quatre coins du monde.

L’Institut de Pathologie Cellulaire Christian de Duve entend bien continuer ses programmes de recherche afin de contribuer à de nouvelles découvertes dans le domaine biomédical. Il développera encore son esprit d’ouverture vers l’international pour un brassage d’idées novatrices.

M. HASLÉ

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