Janvier 2005 - n°95

Le Cancéropôle Nord-Ouest prend forme

Couvrant les régions Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Haute et Basse-Normandie, le futur cancéropôle Nord-Ouest se met en place et se veut européen.

Depuis le plan de lutte contre le cancer lancé en 2003 à la demande du président de la République, sept cancéropôles ont été créés. Ils ont pour vocation d'assurer la coordination opérationnelle de projets de recherche issus des équipes de recherche labellisées, de services de soins orientés vers l'innovation et des plates-formes technologiques.
Nous allons nous intéresser au Cancéropôle Nord-Ouest dont la création est en cours. Dirigé par le Professeur Pierre Formstecher, de l'Université Lille 2, il couvre les régions Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Haute et Basse-Normandie. Il est le seul cancéropôleà avoir affiché d'emblée une dimension européenne en associant à son projet l'Hôpital Erasme et l'Université Libre de Bruxelles.

Une alliance stratégique

Il faut savoir que les régions couvertes par le cancéropôle représentent un bassin de population de près de 10 millions d'habitants dont les taux de mortalité et de morbidité par cancer sont particulièrement élevés. Ces 4 régions possèdent un potentiel scientifique et clinique reconnu avec des plates-formes technologiques et la proximité de l'Angleterre et de la Belgique. Dès 2002, une alliance stratégique s'est d'ailleurs nouée entre les CHU d'Amiens de Caen, de Lille et de Rouen sous le label G4, afin de favoriser l'émergence de projets communs pour la formation, les soins, la recherche et l'innovation médicale. Tous sont réunis autour d'un objectif commun : développer une recherche au service du malade, permettant l'optimisation de la prévention, du dépistage, du diagnostic et du traitement des cancers, et de la structurer en créant le "Cancéropôle Nord-Ouest".

Le futur cancéropôle compte déjà 27 formations de recherche labellisées (8 Inserm, 6 CNRS, 11 universitaires, 2 CRLCC) soit 476 personnes. Ces formations regroupent un total de 45 équipes travaillant sur le cancer en partenariat avec 26 services cliniques et 18 laboratoires hospitaliers.

Ce regroupement amène de nombreux atouts :
- Une étude importante de plusieurs types de cancers : colo-rectaux, œsophage, cancers du sein, cancers bronchiques, lymphomes et tumeurs de la vessie.
- L'expertise d'équipes épidémiologiques et cliniques dans le domaine de la détection précoce des tumeurs, de la définition des paramètres pronostiques et de l'optimisation des protocoles thérapeutiques.
- La mise en place de tumorothèques labellisées par le Ministère de la Santé et l'existence de ressources biologiques reconnues par l'Inserm.
- L'existence de nombreuses équipes de recherche travaillant dans la recherche fondamentale (oncogènes, gènes suppresseurs de tumeurs, bases moléculaires des lymphomes, cancérogenèse et invasion tumorale, récepteurs et transduction des signaux), dans la recherche diagnostique focalisée en particulier sur les prédispositions héréditaires aux cancers et la caractérisation de nouvelles anomalies génétiques acquises, et dans la recherche thérapeutique (pharmacochimie, mécanisme d'action des agents anticancéreux, identification des cibles, caractérisation des mécanismes de résistance à la chimiothérapie).
- L'existence de nombreuses plates-formes technologiques, dont celle de la Génopôle de Lille permettant notamment l'utilisation des technologies de la Génomique (puces à ADN, Carte d'identité des Tumeurs) et de la Protéomique. Des plates-formes de recherche en imagerie cellulaire équipées en microdissection et des laboratoires hospitaliers de génétique des tumeurs complètent le dispositif.
- Une innovation technologique qui est développée par les laboratoires de biologie moléculaire dans l'analyse des altérations génétiques liées aux cancers et par les Centres régionaux de lutte contre le Cancer dans le domaine de l'imagerie médicale et de la radiothérapie.
- La mise en place d'une collaboration avec des équipes cliniques et fondamentales de Bruxelles ayant une grande expertise de la mise au point et de la réalisation d'essais cliniques en immunothérapie antitumorale.
- Les activités d'un réseau d'entreprises et, en particulier, de jeunes entreprises innovantes actives dans les secteurs des biotechnologies et du matériel médical, localisées principalement au sein du pôle santé lillois.

6 grands axes fédérateurs

On retrouve donc des complémentarités pour la construction du Cancéropôle : l'expertise en épidémiologie à Caen, en oncogénétiqueà Rouen, en génomique, en protéomique et en chimie thérapeutique à Lille, en immunothérapie cellulaire du cancer à Bruxelles.

Six grands axes fédérateurs ont été identifiés :

- Phases précoces du cancer
- Nouveaux marqueurs pronostiques des hémopathies malignes
- Nouvelles stratégies de chimiothérapie des cancers épithéliaux
- Cancers hormonodépendants : nouveaux marqueurs et cibles thérapeutiques
- Innovation thérapeutique : traitement biologique du cancer par immunothérapie cellulaire et génique
- Ciblage multimodalités en radiothérapie conformationnelle.

Les 1ères rencontres du Cancéropôle Nord-Ouest ont été organisées à Amiens les 13 et 14 octobre dernier par le CHU d’Amiens et Eurasanté. Elles ont eu pour objectif de faire connaître le Cancéropôle et de favoriser le développement de nouveaux projets associant partenaires scientifiques cliniques et industriels. La première journée du 13 octobre a été consacrée à la présentation médiatique du Cancéropôle Nord-Ouest aux représentants des institutions ainsi qu'aux partenaires potentiels du monde des entreprises de biotechnologie et du médicament. Les plates-formes y étaient représentées aussi.
La deuxième journée du 14 octobre s'est axée sur l'animation scientifique du Cancéropôle avec la présentation des axes fédérateurs et des projets de recherche. Chercheurs académiques et cliniciens ont ainsi pu échanger leurs idées.

Le Cancéropôle Nord-Ouest est donc en train de se mettre en place. Il devrait continuerà dynamiser la recherche sur le cancer dans ses différentes régions. Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de son évolution…

M. HASLÉ

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