Mars 2005 - n°97
Un nouvel Institut ISTMT pour Toulouse
Ouvert depuis juin 2004, l'Institut de Sciences et Technologies du
Médicament de Toulouse (ISTMT) a été inauguré
officiellement le 28 janvier 2005, en présence des Ministres de la
Santé et de la Recherche, ainsi que de tous les acteurs du partenariat
Pierre Fabre/CNRS.
Constitué de 3 Unités Mixtes Pierre Fabre/CNRS regroupant une
soixantaine de personnes, ce nouvel institut est doté d'atouts considérables.
36 ans que leur partenariat dure ! Créés en 1961, les Laboratoires
Pierre Fabre ont travaillé de concert avec le CNRS dès 1968.
Cette complémentarité s'est construite sur le savoir-faire en
recherche fondamentale du CNRS et sur le savoirfaireà finalité
thérapeutique des activités de R&D de Pierre Fabre. Ces
liens ont été formalisés dans un accord cadre Pierre
Fabre/CNRS en 1984, renouvelé en 1993, qui fixe les règles pour
les aspects juridiques, administratifs et scientifiques de la collaboration
entre les deux structures.
3 Unités Mixtes complémentaires
Le lancement de l'ISTMT est le prolongement logique de cette étroite
relation. Il se compose de 3 unités mixtes Pierre Fabre/CNRS distinctes
et complémentaires. Construit en 2004 sur le parc technologique du
Canal, le bâtiment de l'Institut se répartit sur plus de 3 000
m2 et accueille également le Centre de Recherche en Oncologie
Expérimentale (CROE) du groupe Pierre Fabre, qui, par sa présence
assure un continuum dans la recherche de nouveaux candidats médicaments,
grâce à son expertise de la chimie médicinale et de la
pharmacologie.
Le Directeur de l'ISTMT, Jean-Edouard Gairin explique : "Le rapprochement
entre chercheurs académiques et industriels me semble profitable à
chacun des deux partenaires, dans le respect des intérêts de
chacun, notamment par la mise en commun d'expertises, d'expériences
et de savoir-faire complémentaires… J'y vois là également
une démarche d'avenir, cohérente et moderne, comme source d'innovation
pour la recherche française et pour son identité au sein de
l'Europe".
Voici les 3 unités Mixtes qui composent l'institut :
- L'Unité Mixte de Recherche, appelée "Centre de
recherche en pharmacologie Santé" (UMR N°2587)
Elle est rattachée au département des Sciences de la Vie du
CNRS et à l'IRPF. Cette unité de 27 personnes, dirigée
par M. Gairin, concentre son activité sur la découverte de nouvelles
cibles thérapeutiques et de nouveaux outils de recherche en oncologie,
mais également sur l'analyse du mécanisme d'action des molécules
issues du criblage.
Sa mission est triple : rechercher et identifier de nouvelles cibles pharmacologiques
d'intérêt thérapeutique et de nouveaux outils de recherche,
étudier et comprendre le mécanisme d'action de nouvelles molécules
candidats médicaments dans le domaine du cancer et enfin, participer
à la levée de verrous scientifiques et technologiques pour l'activité
commune de recherche CNRS/Pierre Fabre.
Les activités de l'unité Mixte sont focalisées sur 3
systèmes biologiques pouvant générer des cibles pharmacologiques
d'intérêt thérapeutique en oncologie :
- le système ubiquitine-protéasome,
- le centrosome et les complexes protéiques du cytosquelette microtubulaire,
- les complexes protéiques de la communication cellulaire de la synapse
immunologique.
Ces thématiques sont abordées au sein d'équipes de recherche
spécialisées en Biologie Cellulaire, Pharmacologie Moléculaire
et Cellulaire, et Biochimie des Interactions protéines-protéines.
Elles disposent d'un plateau technique performant en microscopie et analyse
d'images, cytométrie en flux et en résonance plasmonique de
surface.
De plus, l'unité Mixte de Recherche 2587 joue un rôle actif dans
la formation des techniciens et ingénieurs, des étudiants des
2e et 3e cycles universitaires. Elle participe également à des
réseaux d'excellence et à des projets intégrés
nationaux et internationaux.
- L'Unité Mixte de Services de Chimie des Substances Naturelles
Bioactives (UMS N° 2597)
Elle est rattachée au Département des Sciences Chimiques du
CNRS et à l'Institut de Recherche Pierre Fabre (IRPF). Cette unité,
dirigée par M. Massiot, a pour mission de constituer, à partir
de la biodiversité (plantes, organismes marins, micro-organismes, insectes…),
une bibliothèque d'extraits de substances naturelles et de l'enrichir
par des molécules de synthèse. L'UMS 2597 est également
chargée de l'isolement et de l'identification des molécules
responsables de l'activité pharmacologique mise en évidence
avec certains de ces extraits. Elle peut modifier la structure chimique de
ces molécules afin d'en augmenter l'affinité ou la sélectivité,
pour le criblage pharmacologique.
Après 4 années de fonctionnement, le laboratoire a créé
et entretient maintenant une collection de plus de 11 000 échantillons
botaniques, ainsi qu'un ensemble de près de 1 000 extraits d'organismes
marins avec le concours de l'Institut de Recherche pour le Développement
(IRD). Mais aussi une Chimiothèque de plusieurs dizaines de milliers
de molécules pures de synthèse provenant de la bibliothèque
de produits de chimie médicinale de Pierre Fabre et, pour partie, de
la Chimiothèque Nationale du CNRS. En totalité, il s'agit d'entretenir
une collection de plus de 60 000 fractions et extraits prêts pour le
criblage haut débit, afin de participer à la sélection
et à la mise au point des futurs médicaments anticancéreux.
22 personnes y travaillent.
- L'Unité Mixte de Service de Criblage pharmacologique (UMS
n°2646)
Rattachée au département des Sciences de la Vie du CNRS et à
l'IRPF, elle a pour objectif d'identifier par criblage à haut débit,
des molécules présentant une activité biologique d'intérêt
thérapeutique.
L'unité, dirigée par M. Ausseil, réalise ainsi un criblage
robotisé à haut débit de la bibliothèque de produits
constituée par l'UMS 2597 sur des cibles d'intérêt thérapeutique.
De plus, en prenant part aux opérations de fractionnement bioguidé,
elle contribue à l'identification des molécules d'intérêt
contenues dans les extraits naturels. Ainsi, avec l'augmentation du nombre
de composés testés par le robot (plusieurs milliers par jour),
les chances de découvrir des molécules intéressantes
augmentent.
L'UMS 2646 est une plate-forme intégrée qui maîtrise l'ensemble
du processus de criblage sur des cibles biologiques originales et dans des
domaines thérapeutiques comme le cancer, les troubles du système
nerveux, les maladies cardio-vasculaires, la dermatologie. 11 personnes y
travaillent.
Le choix des cibles relève d'un comité paritaire Pierre Fabre/CNRS
qui statue en fonction de critères scientifiques et techniques sur
les propositions venant des centres de recherche Pierre Fabre et de laboratoires
d’organismes publics (CNRS, INSERM, CEA…).
Une fois la cible retenue, l'Unité Mixte 2646 procède par étapes
:
- Prise en main du test biologique, en collaboration avec l'équipe
qui a proposé la cible : choix du format (plaques 96 ou 384 puits),
production des matériels biologiques nécessaires, optimisation
des conditions opératoires, de la méthode de détection,
validation du test avec des composés de référence.
- Automatisation du test pour l'adapter aux contraintes du haut débit.
- Criblage robotisé à haut débit en utilisant la bibliothèque
de composés naturels et synthétiques préparés
par l'UMS 2597. 350 m2 de surface de laboratoire sont prévus
pour cela…
- Confirmation de l'activité des molécules identifiées
lors du criblage.
Les molécules actives identifiées s'inscrivent ensuite dans
le processus de recherche du futur candidat médicament.
Un travail commun de longue haleine
Les 3 unités mixtes travaillent certes de manière indépendante
mais elles sont placées sous la supervision de deux comités
Directeurs paritaires Pierre Fabre.CNRS, l'un pour l'UMR 2587 et l'autre pour
les 2 autres UMS.
La mission principale des Comités Directeurs consiste à valider
les orientations de recherche, à choisir les cibles biologiques qui
feront l'objet d'un criblage, à suivre l'avancement des travaux, à
statuer sur les projets de publication et de communication, à décider
si nécessaire du dépôt de brevets.
Les représentants de ces 3 unités Mixtes se retrouvent au sein
d'un comité de pilotage qui permet l'échange d'informations
et la prise de décisions vis-à-vis des sujets de la vie quotidienne
à l'Institut. Un secrétariat général assure la
gestion et le suivi des affaires administratives, techniques et scientifiques.
Pour chaque unité mixte, une convention d'une durée de 4 ans
renouvelables détermine les contributions des 2 partenaires. Le fonctionnement
de l'ISTMT repose sur un grand principe : la mise en place exclusive d'activités
communes qui peuvent générer des résultats propres à
l'une des parties ou bien des résultats communs.
"L'ISTMT est un institut qui héberge des scientifiques de
métiers différents et complémentaires, travaillant ensemble
et partageant des ambitions communes, avec les moyens, les outils et la culture
de l'industrie pharmaceutique", commente M. Massiot, Directeur de
l'UMS 2597. " Le regroupement de toutes ces équipes se fait
dans un contexte favorable pour atteindre l'innovation thérapeutique,
qui reste notre objectif commun…"
L'Institut collabore également avec de jeunes sociétés
de biotechnologies, notamment au plan local (société GTP Technology),
avec d'autres organismes de recherche mais aussi avec l'IRD. Au final, plus
de 20 équipes partenaires vont contribuer au savoir-faire de l'institut.
Le nouvel Institut de Sciences et Technologies du Médicament de Toulouse
ambitionne donc de se positionner comme un pôle d'excellence en recherche
dans les domaines des biotechnologies pharmaceutiques appliquées aux
substances naturelles. Il est d'ailleurs naturellement impliqué dans
le projet du Cancéropôle de Toulouse (Cadre du plan Cancer) et
devrait rejoindre le site de Langlad (ex-AZF) en 2007.
M. HASLÉ