Janvier 2006 - n°106
LCA : premier laboratoire à s’être intéressé à la valorisation non alimentaire des productions agricoles
Créé il y a maintenant 30 ans par le Professeur Antoine
GASET, le Laboratoire de Chimie Agroindustrielle a été le premier
centre de recherche publique à inscrire dans sa démarche scientifique
: la chimie des agroressources. Ceci dans un but d’exploiter la potentialité
de la biomasse en tant que source de matières premières pour
la chimie à l’image du pétrole (carbone fossile).
Le LCA est l’un des douze laboratoires de l’INPT (Institut National
Polytechnique de Toulouse) Et il est depuis 10 ans une Unité Mixte
de Recherche (UMR) de l’INRA : UMR 1010 INRA/INP-ENSIACET.
Il se place au cœur d’un dispositif original favorisant à
la fois l’acquisition de connaissances scientifiques et l’innovation
ainsi que le transfert de technologie. Le LCA a créé, en 1989,
le CATAR (Centre d’Application et de Traitement des Agro-Ressources)
- CRITT Agroressources . Ce regroupement de compétences, qui s’appuie
sur un large réseau de collaborations a été labelisé
"Centre de Ressources Technologiques“ en 1996 puis en 2000 et en
2003 après de nouvelles expertises. Des efforts très importants
ont été faits tant par l’INRA que par l’INPT et
l’UMR pour développer et renforcer ce type d’activité
de recherche.
Depuis janvier 2003, le Professeur Marie-Elisabeth Borredon assure la direction
du laboratoire et de l’U.M.R.
Ce dernier, reconnu et soutenu dans le cadre des contrats quadriennaux successifs
(Volet Recherche), a poursuivi son objectif de regroupement de compétences
interdisciplinaires centrées autour des Sciences et des Technologies
des Agroressources : Chimie et Procédés. Et ce, en vue de constituer
un pôle d’excellence dans le domaine de la Transformation Chimique
des Agroressources.
Trois équipes de recherche oeuvrent au
sein du laboratoire
La superficie des locaux situés au sein de l’ENSIACET (Ecole
Nationale Supérieure des Ingénieurs en Arts Chimiques et Technologiques)
est de 2648 m2. A ces locaux s’ajoutera, en 2006, une halle
de démonstration dédiée aux agromatériaux : AGROMAT
d’une superficie de 954m2. Cette halle est en cours de construction
sur le site de l’ENI (Ecole Nationale des Ingénieurs) de Tarbes
(65). Elle sera équipée d’installations spécifiques
à la plasturgie végétale. Son but est de permettre de
valider au niveau pré-industriel de nouveaux procédés
et produits végétaux extrudables, injectables et thermoformables.
Ainsi les industriels plasturgistes pourront tester des prototypes et évaluer
des cadences de production pour ces nouveaux matériaux plastiques biodégradables.
L’unité s’organise autour de trois groupes de travail qui
sont constitués de 70 personnes, dont : 13 enseignantschercheurs, 2
directeurs de recherche INRA, 16 ingénieurs dont 1 ingénieur
d’étude INRA, 12 techniciens et administratifs dont 1 technicien
INRA et 27 doctorants et post-doctorants.
Les trois équipes de recherche du LCA sont connues par leur dynamisme,
leur savoir-faire et leur grande ambition. Elles ont ainsi plusieurs objectifs
:
1) La poursuite de leur implication dans un système de management de
la qualité conformément au référentiel INRA avec
comme but d’atteindre le niveau 1 fin 2006 (traçabilité
et fiabilité des résultats).
2) Le démarrage et la coordination scientifique d’un programme
« Collective Research » SURFASAM, financé par la communauté
européenne dans le cadre du 6ème PCRD.
3) L’organisation d’un « Intensive Program on Renewable
Biomaterials » rassemblant 55 étudiants de 16 nationalités
différentes
4) La constitution d’un réseau d’excellence stratégique
entre les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées en lipochimie…
Trois thématiques en synergie
Le laboratoire développe une recherche pluri-disciplinaire autour de
trois thématiques en synergie, en partenariat avec les mondes agricoles
et industriels sur des thématiques tant fondamentales que finalisées.
En prenant en compte l’innovation et le transfert de technologies dans
un contexte de développement durable. L’acquisition des connaissances
sur les structures chimiques et les propriétés des agromolécules,
ainsi que l’étude de leurs réactivités constituent
l’essentiel de leur démarche scientifique. Ainsi l’utilisation
industrielle nonalimentaire des produits et des sousproduits de l’agriculture
et de la forêt avec
celles des co-produits issus des agroindustries représente la facette
finalisée de cette thématique scientifique. Ces deux approches
complémentaires sontà la base d’une recherche qui associe
à la fois : Les Sciences et Technologies des Agroressources et la Chimie
des procédés.
Trois axes de recherche sont développés
au sein du laboratoire :
- Génie analytique et devenir environnemental des agroconstituants
(Responsable Dr Thierry TALOU) : L’objectif scientifique est le développement
de connaissances dans le domaine de la chimie analytique en vue de l’extraction,
de la séparation, du dosage et de l’identification chimique des
différents constituants des agroressources. Ceci, afin de déterminer
les caractéristiques chimiques et physico-chimiques des agromolécules
et d’étudier l’impact des agroressources et de leurs produits
de transformation sur l’environnement et sur l’homme.
- Fractionnement et Transformation des agroressources (Responsable Dr Luc
RIGAL) : et ce, afin d’étudier les processus élémentaires
qui régissent: la séparation sous forme d’extraits et
de raffinats des différents constituants des agroressources, la purification
des biomonomères et biopolymères, et la modification des constituants
in situ.
- Réactivité des agromolécules et la lipochimie (Responsable:
Dr Zéphirin Mouloungui) : la finalité étant de concevoir
des molécules oléochimiques : solvants, lubrifiants, tensio-actifs,
intermédiaires... et des agromatériaux aux propriétés
multifonctionnelles grâce à la mise au point de procédés
performants, économiques et respectueux de l’environnement.
Parmi les réalisations récentes,
on peut citer :
- La mise au point d’un traitement respectueux de l’environnement
à partir de dérivés d’huiles végétales
pour le traitement du bois contre les attaques de champignons et d’insectes.
- Le développement d’un procédé original de fabrication
de carbonate de glycérolà partir de glycérol (coproduit
de la fabrication de biocarburant) qui sert d’additif pour les lubrifiants,
peintures, revêtements, cosmétiques, plastifiants et détergents.
- L’utilisation du maïs plante entière pour la préparation
d’un granulat injectable et thermoformable qui conduit à un matériau
biodégradable et compostable. Ceci a d’ailleurs donné
lieu à la création d’une entreprise: la société
VEGEPLAST…
L’équipe dispose d’un matériel diversifié
permettant de travailler de l’échelle laboratoire jusqu’à
l’échelle préindustrielle : Ainsi se côtoient des
instruments caractéristiques d’un usage en recherche fondamentale
(chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de
masse, …) et des outils de développement (table vibrante, malaxeurs,
…).
Le laboratoire dispose des deux principaux types d’équipements
:
- Les équipements de laboratoire, dont les
techniques :
> De caractérisation de la structure (CG/ SM, CG, HPLC (UV, IR),
HPLIC…).
> De caractérisation des propriétés physico-chimiques
(DSC, rhéomètre, texturomètre 5kN…).
> De production d’échantillons (Réacteur tri-phasique,
réacteur sous ultrasons…)
> D’évaluation de la biodégradabilité (milieux
aqueux et milieu solide)…
- Et les équipements pilotes qui comprennent : la technique de production
et d’extraction, la technique de purification et la Technique de préparation
des agromatériaux.
De nombreux partenariats
Les trois équipes de recherche constituant le LCA organisent leurs
actions de recherche dans une démarche cohérente qui les place
au centre d’un contexte économique propice à l’établissement
de collaborations scientifiques et de partenariats tant au niveau national
qu’international.
Ainsi les partenariats sont de type :
- Institutionnel : l’INRA-CNRS Bures sur Yvette, le CEMAGREF Montpellier,
CAVISA Reims, l’Ecole des Mines d’Alès, le GRECA (Groupe
de Recherche sur l’Environnement et la Chimie Appliquée)…
- Universitaire : Paul Sabatier Toulouse, Bordeaux 1, J. Fourier de Grenoble,
Henri Poincaré-Nancy 1…
- Industriel : Centres de transfert, Coopératives agricoles, Interprofessions…
- Et international : Le LCA est engagé sur des projets de recherche
européens (Espagne, Roumanie, Suède, Lituanie, Grèce,
Allemagne…), des programmes de coopération et mobilité
transatlantiques (USA, Mexique, Cuba…) et avec le continent africain
(Maroc, Algérie…). De l’accueil des stagiaires étrangers
jusqu’à la co-tutelle de thèses, en passant par l’accueil
de professeurs invités, ces activités de formation renforcent
le potentiel de recherche du LCA.
Par ailleurs, la politique scientifique du LCA bâtie autour du carbone
renouvelable a permis de construire un «dispositif original» qui
va de l’acquisition de connaissances scientifiques jusqu’à
leurs valorisations. Ce dispositif a le mérite d’associer de
façon intime toutes les facettes du métier : la recherche, la
formation et la valorisation.
Il est important d’indiquer à ce niveau, qu’après
expertise, les thèmes : " Lipochimie - Lipotransformation et Biostructure
- Agromatériaux“ ont été inscrits dans le contrat
de plan Etat-Région Midi-Pyrénées (CPER 2000-2006), dans
le cadre du projet de Valorisation Non-Alimentaire des productions agricoles
(VANA).
Ainsi, les enjeux sociaux et économiques du projet CPER, et plus globalement
de l’action de l’UMR, sont de :
- Promouvoir les productions agricoles à finalité non-alimentaire.
En réponse à une demande sociétale de tous les pays industrialisés
pour des produits sécurisés et respectueux de la qualité
de l’environnement.
- Stimuler la vitalité rurale et la compétitivité des
agro-industriels, qu’il s’agisse de PME ou de groupes industriels.
- Contribuer à la préservation et la gestion de l’environnement
ainsi qu’à l’aménagement du territoire.
- Et de retrouver ici un aspect fort de la stratégie générale
que développe l’UMR depuis de nombreuses années. Lequel
consiste à conjuguer les compétences et les tempéraments
des « hommes « qui constituent l’Unité avec les intérêts
des « moteurs « du développement durable.
L. ESSADIKI