Mars 2006 - n°108
Quelles recherches pour l’agronomie de demain ? L’INRA présente ses nouvelles orientations pour 2006-2009
21 centres régionaux et plus de 150 sites répartis
en France métropolitaine et outremer ; 14 départements de recherche
; 8850 employés, dont 1842 chercheurs, 2363 ingénieurs et assistants
ingénieurs, 4643 techniciens et administratifs (données 2004)
; 205 brevets de base, 60 logiciels et 405 certificats d’obtention végétale
actifs des collaborations scientifiques dans une centaine de pays et des accords
institutionnels avec une trentaine d’entre eux 1000 stagiaires et chercheurs
étrangers accueillis dans les laboratoires chaque année…
: tels sont les chiffres clés de l’INRA d’aujourd’hui
!
Qu’en sera-t-il ces trois prochaines années ? Mme Marion GUILLOU,
présidente-directrice générale de l’INRA, M. Michel
EDDI, directeur général délégué, et M.
Guy RIBA, directeur général délégué, ont
présenté fin décembre les nouvelles orientations de l’INRA
pour 2006-2009…
De nouvelles orientations qui s’intègrent
dans un paysage scientifique en pleine évolution
« Les orientations 2006-2009 résultent d’une réflexion
collective engagée durant l’année 2005, conduite tout
d’abord en interne, puis ouverte à l’ensemble de nos partenaires
», nous confie Mme GUILLOU.
Cette réflexion s’est basée dans un premier temps sur
les propositions des départements scientifiques et des centres régionaux.
Elle a également été nourrie par des démarches
prospectives – tant au plan scientifique que sur l’évolution
des contextes agricole, environnemental et alimentaire – offrant une
vision bien au-delà des quatre années à venir…
« Notre stratégie s’insère ainsi dans un paysage
national de la recherche en évolution», ajoute Mme Marion
GUILLOU. « En 2006, la nouvelle loi de programme pour la recherche
devrait entériner la création de l’Agence Nationale de
la Recherche au sein de laquelle notre Institut joue aujourd’hui un
rôle d’animation scientifique ». L’INRA entend
ainsi se donner les moyens d’assurer cette mission avec rigueur, en
respectant les règles déontologiques fixées par l’Agence.
« Notre Institut doit également réfléchir au
rôle qu’il tiendra au sein des différents pôles de
recherche ou de compétitivité régionaux »,
poursuit la Présidente-directrice générale de l’INRA.
« L’architecture globale de l’édifice de la recherche
française n’est pas encore arrêtée. Chaque acteur
devra contribuer à la cohérence et à l’équilibre
de cette construction… »
Dans ce contexte, les nouvelles orientations de l’INRA sont fondées
sur une double conviction : la nécessité de l’excellence
des travaux et l’importance des enjeux agronomiques d’aujourd’hui.
Des orientations au sein desquelles l’INRA réaffirme la pertinence
du «tripode» : agriculture, alimentation et environnement.
=> Les outils et les démarches d’investigation évoluent…
A l’INRA, agronomes, zootechniciens, écologues, pathologistes
et vétérinaires, s’approprient les nouveaux outils de
recherche, en collaboration avec leurs collègues bio-informaticiens.
La multiplication des données issues principalement de la « biologie
à haut débit » exige en effet des capacités d’interprétation
croissantes et des équipements sophistiqués et évolutifs,
regroupés au sein de plates-formes technologiques.
=> Un cadre nouveau pour l’agriculture et les industries
alimentaires
Dans le contexte de mondialisation des questions agricoles, l’INRA
entend s’intéresser davantage, en liaison privilégiée
avec le CIRAD, à l’évolution internationale des agricultures,
des systèmes d’alimentation, des problématiques d’énergie,
des ressources naturelles et de la biodiversité.
L’exigence d’une alimentation saine et équilibrée,
reposant sur la sécurité sanitaire et sur les liens entre alimentation
et santé, entraîne par ailleurs l’INRA à renforcer
ses connaissances sur la physiologie de la nutrition, les comportements et
les risques alimentaires. L’évolution des territoires ruraux
conduit également l’Institut à inscrire davantage ses
recherches dans le cadre des dynamiques territoriales.
=> Le développement durable : une ligne directrice affirmée
Parmi ses grandes priorités, l’INRA explore la capacité
de l’agriculture française à s’adapter constamment
et à trouver des voies susceptibles de mieux répondre aux enjeux
du développement durable.
Un premier champ d’investigation porte sur l’évolution
des pratiques agricoles et la limitation des intrants ; l’objectif étant
de concevoir, en liaison avec les acteurs, une « éco-agriculture
» compétitive. Un deuxième champ concerne l’utilisation
accrue des ressources renouvelables agricoles et forestières via la
chimie verte, les biocarburants, la valorisation des sous-produits…
Une triple démarche
=> une approche interdisciplinaire :
Le caractère finalisé des recherches de l’INRA
incite à développer des approches pluri et interdisciplinaires.
Dans ce cadre, l’INRA souhaite favoriser les approches intégratives,
qui considèrent l’organisme vivant dans son intégralité,
et son fonctionnement en interaction avec son environnement, à des
échelles pertinentes.
=> la prospective :
L’INRA a besoin d’identifier les enjeux sociétaux
futurs relevant de l’agriculture, de l’environnement et de l’alimentation.
Il se donne également les moyens de réfléchir au-delà
de ses programmes en cours. La démarche prospective répond à
cette préoccupation et l’Institut poursuivra son engagement dans
de telles études, en partenariat avec d’autres institutions de
recherche, afin d’explorer l’éventail des futurs possibles
d’une question ou d’une thématique choisie.
=> une dimension européenne :
L’objectif est de construire une culture scientifique commune
et de donner une dimension institutionnelle communautaire à la recherche
européenne agronomique. L’INRA participe de façon accrue
aux programmes européens et accentuera ses partenariats avec ses homologues
européens pour réfléchir ensemble aux nouveaux programmes
à mettre en place, aux grandes infrastructuresà partager, aux
collaborations scientifiques à privilégier.
Des questions de recherche prioritaires
L’INRA décline ses recherches selon six axes stratégiques
mettant en avant les finalités de ses actions :
> « Environnement et espace rural »,
> « Alimentation humaine »,
> « Les productions agricoles, leurs transformations, leurs caractérisations
»,
> « Recherches génériques »,
> « Des systèmes agricoles innovants et durables»,
> « Stratégie et organisation des acteurs, politiques publiques
».
Ces axes reprennent en grande partie ceux adoptés en 2001, tout en
adaptant leur périmètre aux nouveaux enjeux. Pour les prochaines
années, l’inflexion portera ainsi non seulement sur les connaissances
visant à une meilleure maîtrise du vivant, mais aussi sur celles
permettant de gérer les risques liésà cette maîtrise.
L’excellence scientifique s’avère par ailleurs plus que
jamais indispensable dans tous les domaines d’investigation de l’INRA
afin que la recherche agronomique, publique, reste indépendante et
force de propositions. Les chercheurs doivent maîtriser les concepts
les plus avancés et participer à leur développement.
La recherche fondamentale mobilise environ un tiers des forces scientifiques
de l’Institut.
Pour conclure, précisons que la période 2006-2009 sera marquée
par un fort renouvellement des effectifs au sein de l’INRA : 63 chercheurs
et 226 ingénieurs ou techniciens devraient rejoindre l’Institut
en 2006. L’INRA attachera donc une attention toute particulièreà
la transmission des compétences, et portera ses efforts sur l’attractivité
de l’Institut pour les jeunes diplômés, sur l’accueil
des nouveaux recrutés, comme sur la formation professionnelle…
SD