Mars 2006 - n°108
Deux nouveaux laboratoires au sein de l’ISIS
L’Institut de Science et d’Ingénierie
Supramoléculaires (ISIS) de Strasbourg a inauguré le 9 janvier
2006 ses deux nouveaux laboratoires : le Laboratoire de Biologie Chimique
et le Laboratoire de Chimie Organique et Bioorganique. La cérémonie
s’est déroulée en présence de Patrick Landais,
Directeur interrégional Grand-Est du CNRS, de Philippe Piéri,
Délégué régional du CNRS en Alsace, de Bernard
Carrière, Président de l’Université Louis Pasteur
et de Thomas Ebbesen, Directeur de l’ISIS, mais aussi sous le patronage
de plusieurs personnalités de la Région d’Alsace et de
Strasbourg.
L’ISIS compte désormais deux nouveaux laboratoires en son sein.
Le Laboratoire de Biologie Chimique, dirigé par le
Professeur Andrew Griffiths, travaille sur l’évolution dirigée.
Le nouveau directeur est issu du Medical Research Center de Cambridge (Grande-Bretagne)
et est professeur à l’ULP depuis le 1er octobre 2005.
Il faut savoir que dans la nature, la plupart des réactions chimiques
sont ségrégées au sein de cellules, d’organelles
ou de petits sous-compartiments. Andrew Griffiths et son collègue Dan
Tawfik ont travaillé à développer un système de
compartimentalisation in vitro où le génotype et le phénotype
sont liés, non pas au sein de cellules, mais par la compartimentalisation
dans des microgouttelettes aqueuses d’émulsions d’eau dans
l’huile. L’équipe du laboratoire de Biologie Chimique a
pour projet de développer une technologie basée sur les microgouttelettes
afin d’obtenir des avancées en biologie, chimie et pour la découverte
de nouveaux médicaments. La miniaturisation du volume des réactions
biologiques et chimiques, en augmentant considérablement la cadence
et donc le nombre des opérations conduites sur ces microvolumes, constitue
le cœur de cette démarche. Chaque expérience sera réalisée
dans un volume microscopique indépendant et mobile, un milliard de
fois plus petit que celui utilisé pour un test conventionnel. Ces gouttelettes
seront formées, manipulées et analysées dans un système
microfluidique, constitué d’un réseau de canaux microscopiques
à travers lesquels les gouttelettes vont circuler, portées par
un flux d’un composant hydrophobe et immiscible.
Le laboratoire de Chimie Organique et Bioorganique, dirigé
par le Professeur Nicolas Winssinger, issu du Scripps Research Institute (San
Diego, Californie) et est professeur à l’ULP depuis le 1er octobre
2005.
Le but général des recherches du laboratoire est de développer
de nouvelles méthodes et stratégies de synthèse pour
accéder à des molécules intéressantes du point
de vue de leurs fonctions et de leurs propriétés biologiques.
Le laboratoire va travailler sur plusieurs pistes :
- Profil d’activité protéomique pour décrypter
et comprendre la fonction de nombreux gènes, ainsi que celles des protéines
correspondantes.
- Synthèse de substances naturelles et synthèse orientée
vers la diversité. Le laboratoire utilise la chimie organique combinatoire
pour synthétiser des chimiothèques de substance bioactive basées
sur des motifs structuraux de substances naturelles.
- Synthèse programmable par interaction supramoléculaire. Le
but de ce projet est de développer une série de transformations
chimiques qui soient accélérées de façon spectaculaire
par une organisation supramoléculaire.
Institut « sans murs » créé par l’ULP en 1998,
l’ISIS s’est réellement développé à
partir de 2003, date à laquelle il a pu disposer de ses propres locaux,
financés par les collectivités territoriales et inaugurés
le 9 décembre 2002, en présence de Claudie Haigneré alors
Ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles
technologies.
L’Institut de Science et d’Ingénierie Supramoléculaires
se veut être un institut relevant des défis tels que :
- la remise en cause des frontières entre les disciplines et un besoin
de spécialisation de plus en plus poussé, - l’inscription
dans la durée des thèmes de recherche qui doivent s’enrichir
de la mobilité des idées et des personnels,
- le choix libre de thèmes mais ayant des interactions fortes avec
l’environnement industriel, économique, social et culturel.
Ces principes étant des pré-requis pour la créativité
et l’efficacité de la recherche ; l’ISIS se caractérise
déjà par sa thématique de recherche centrée sur
la chimie, aux interfaces de la Physique et de la Biologie, mais aussi par
ses différentes structures :
- un nombre restreint de personnels permanents garantissant la continuité
des thèmes étudiés au sein de laboratoires dits «
Seniors ». Ceux-ci sont dirigés par des chercheurs permanents
de très haut niveau. Ils ont vocation à être des unités
de recherche associées au CNRS ou à un autre organisme. Cinq
laboratoires seniors existent à ce jour et un sixième est envisagé
prochainement.
- un personnel jeune et mobile bénéficiant de garanties statutaires
et travaillant au sein des laboratoires « Juniors » de la pépinière
scientifique. Ce sont des groupes de recherche indépendants, dirigés
par des chercheurs prometteurs en début de carrière auxquels
sont fournis des moyens de se révéler et d’établir
leurs personnalités. Un laboratoire existe à ce jour et des
nouveaux projets sont en cours.
- l’accueil de laboratoires de recherche industriels au sein d’antennes.
Celles-ci sont accueillies pour des durées déterminées
en fonction de leur complémentarité avec les recherches menées
dans l’institut. Les personnels participent à la vie sociale
et intellectuelle (séminaires, conférences) de l’Institut
et ils ont accès aux équipements. Trois antennes sont installées
dans les secteurs de la chimie et de l’instrumentation scientifique.
Par ailleurs, l’accueil de chercheurs de très haute réputation
en fin de carrière favorise la transmission de leur expérience
vers les plus jeunes et assure une émulation de qualité. Un
professeur émérite et un directeur de recherche sont d’ailleurs
accueillis dans ce cadre.
Le cœur des recherches de l’ISIS trouve son origine dans la chimie
supramoléculaire et s’élargit en une science des systèmes
supramoléculaires, mais aussi de la matière condensée
à la matière organisée.
Au 1er janvier 2006, l’ISIS compte 115 personnes dont 14 enseignants-chercheurs
et chercheurs statutaires, 41 chercheurs temporaires (doctorants et post-doctorants)…
et 28 nationalités différentes représentées. Parmi
les principaux équipements de l’Institut : salle blanche avec
équipement de lithographie, équipement de nanofabricationà
faisceau d’ions focalisés, microscope à force atomique,
trieur de cellule, incubateurs,électrophorèse, chromatographes,
PCR…
Fort de tous ces atouts, l’ISIS prend son envol et souhaite confirmer
sa vocation : « effectuer une recherche pluridisciplinaire aux interfaces
entre la physique, la chimie, la biologie ».
M. HASLÉ