Avril 2006 - n°109
Le CIBB met la biologie structurale à l’honneur !
Le vendredi 13 janvier 2006 a été inauguré
à Grenoble le nouveau bâtiment Carl-Ivar Brändén
(CIBB) sur le site du polygone scientifique. Il abrite un pôle d’excellence
en biologie structurale et regroupe tous les partenaires grenoblois dans ce
domaine.
Carl-Ivar Brändén, disparu en avril 2004, était un «
grand serviteur de la science en général et de la biologie structurale
en particulier ». La biologie structurale, qu’il a longtemps étudiée,
est dédiée à la connaissance de la structure des molécules
biologiques, particulièrement des protéines et de leurs fonctions
au sein de la cellule. Comprendre au niveau moléculaire les interactions
entre les organismes pathogènes et les cellules hôtes permettra
de connaître les détails
fins des mécanismes d’invasion, et ouvrira des portes vers la
conception de nouveaux médicaments.
Des partenaires complémentaires
Le CIBB, dont la construction a débuté en juin 2004, s’étend
sur 3 688 m2 utiles dont 1 293 m2 de laboratoire et
452 m2 de bureaux. Son coût total est de 6 millions
d’euros.
Il bénéficie de la présence de deux grands instruments
internationaux : l’Installation Européenne de Rayonnement Synchrotron
(ESRF), dont la source de rayons X est une des plus puissantes du monde, et
de l’Institut Laue-Langevin (ILL), leader mondial des sources de neutrons.
Le bâtiment est divisé en deux entités complémentaires
: d’une part l’institut de Virologie Moléculaire et Structurale
(IVMS) et d’autre part, le Partenariat pour la Biologie Structurale
(PSB).
L’Institut de Virologie Moléculaire et Structurale (IVMS) est
une unité mixte de recherche CNRS/Université Joseph Fourier
qui regroupe une trentaine de chercheurs et doctorants de différentes
disciplines ; des biologistes, des pharmaciens et des médecins répartis
sur 3 équipes et sur différentes thématiques : adénovirus,
virus d’Epstein-Barr, hépatite C et virus ARN négatif
dont en particulier la grippe. Le principal objectif de l’Institut est
la détermination de la structure des virus, des protéines virales
et des complexes entre les protéines virales et cellulaires, en utilisant
la cristallographique aux rayons X, la microscopie électronique ou
la résonance magnétique nucléaire (RMN). Ces structures
peuvent alors être utilisées pour la conception de petits inhibiteurs
moléculaires des infections virales, qui peuvent être testés
par enzymologie et dans les cultures cellulaires infectées. Après
l’identification des médicaments potentiels, les industries pharmaceutiques
peuventêtre contactées pour poursuivre les développements.
Le Partenariat pour la Biologie Structurale (PSB) a été créé
en 2002 par quatre centres de recherche de dimension internationale, désireux
de fédérer leurs compétences et de créer à
Grenoble un centre d’excellence en biologie structurale. Ces 4 centres
sont le Laboratoire Européen de Biologie Moléculaire (EMBL),
l’ESRF, l’Institut de Biologie Structurale (IBS) et l’ILL.
Les partenaires du PSB :
- European Synchroton Radiation Facility (ESRF) : L’installation européenne
de rayonnement synchrotron (ESRF) est organisée comme une société
civile française, regroupant 17 pays membres. Elle a pour mission de
faire fonctionner, de maintenir et de développer une source de rayonnement
synchrotron ainsi que l’instrumentation associée. C’est
la source de rayonnement synchrotron la plus brillante d’Europe. Le
programme de l’ESRF en biologie structurale, déjà l’un
des plus réputés au monde, a été renforcé,
dans le cadre du PSB, par la création d’une ligne de lumière
hautement automatisée en cristallographie, à la pointe des techniques
actuelles.
- Institut Laue-Langevin (ILL) : L’Institut Laue-Langevin (ILL) est
organisé comme une société civile française, chargée
de faire fonctionner, de maintenir et de développer des sources de
neutrons. Il est le leader mondial des sources de neutrons et a contribué
à d’importantes avancées en sciences du vivant à
travers notamment l’utilisation d’une large gamme d’instrumentations
innovantes. En partenariat avec l’EMBL et l’IBS et dans le cadre
du PSB, l’ILL envisage la construction d’un laboratoire pour la
deutération et le marquage des macromolécules biologiques afin
d’exploiter pleinement la méthode de diffusion neutronique.
- European Molecular Biology Laboratory (EMBL) : Le Laboratoire Européen
de Biologie Moléculaire (EMBL) est une organisation internationale
qui possède une grande expertise en biologie moléculaire structurale.
Elle vise à poursuivre des recherches fondamentales en biologie moléculaire,
à proposer des services aux scientifiques de ses 16 états membres,
à former des scientifiques de haut niveau ou encore à développer
de nouvelles méthodologies pour la recherche en biologie. Dans le cadre
du PSB, l’EMBL prévoit la mise en place d’une infrastructure
dédiée à l’expression haut débit des protéines,
ainsi qu’à leur caractérisation et à leur cristallisation.
- Institut de Biologie Structurale (IBS) : L’Institut de Biologie Structurale
(IBS) est une unité mixte associant le CNRS (Département des
sciences chimiques et Département des sciences de la vie), l’Université
Joseph Fourier et le CEA. Il dispose d’un plateau technique de haut
niveau. Dans le cadre du PSB, l’IBS offrira un centre remarquable de
ressources pour la cristallographie, la RMN, la spectrométrie de masse,
la cryomicroscopie électronique et l’ultracentrifugation analytique.
Le PSB offre une plate-forme inégalée de production et d’analyse
d’échantillons pour la biologie structurale, qui intéresse
la communauté scientifique internationale. Regroupant une quarantaine
de chercheurs sur 1 800 m2 de bâtiment, le PSB est en train
de développer également des systèmes d’expression
et de cristallisation des protéines à haut débit. Doté
de plates-formes de clonage, de production de protéines, de contrôle
qualité des échantillons et de robots de cristallisation, ce
partenariat permettra d’accroître grandement les capacités
en biologie structurale du site La mise en place d’un laboratoire dédié
au marquage isotopique facilitera l’étude par RMN et par diffusion
neutronique, apportant ainsi une information complémentaire sur la
structure et la dynamique des protéines. Certaines plates-formes seront
ouvertes aux industriels.
L’impact des sciences du vivant à
Grenoble
Les sciences du Vivant représentent plus de 8 500 emplois dans la région
grenobloise (dont 1 500 dans la recherche). L’Université Joseph
Fourier couvre l’ensemble des domaines de la recherche fondamentale
jusqu’aux applications cliniques. Cette recherche inclut l’analyse
fonctionnelle des gènes et des protéines dans des tissus
normaux ou pathologiques, la mise au point de médicaments et de thérapies,
l’instrumentation médicale, la robotique médicale et chirurgicale,
l’imagerie pour les sciences du vivant, en collaborationétroite
avec le Cancéropôle Lyon-Rhône-Alpes (CLARA), le Génopôle
Rhône-Alpes et son centre de recherche en protéomique.
Avec l’inauguration du CIBB, c’est tout un pôle d’excellence
en biologie structurale au service de la médecine de demain qui vient
de se lancer dans l’aventure scientifique grenobloise.
M. HASLÉ