Novembre 2006 - n°115
La recherche agronomique de Montpellier sort son épingle du jeu !
Le Réseau thématique
de recherche avancée (RTRA) « Recherche agronomique et développement
durable » de Montpellier vient de naître. Il fait partie des 13
réseaux nationaux labellisés par le Gouvernement. Une nouvelle
aventure pour Montpellier et sa région spécialisée dans
la recherche agronomique…
« La recherche agronomique et le développement durable reconnus
à Montpellier domaine d’excellence scientifique »…
Le lancement du Réseau thématique de recherche avancée
(RTRA) « Recherche agronomique et développement durable »
de la région de Montpellier a été annoncé le 5
octobre 2006 par Marion Guillou, présidente directrice générale
de l’Inra, Gérard Matheron, directeur général du
Cirad et Etienne Landais, directeur de l’Agro Montpellier (futur Montpellier
SupAgro). Une jolie victoire pour les 3 organismes fondateurs qui ont choisi
de constituer un réseau centré notamment sur la Science des
Plantes.
La veille, le Gouvernement français a labellisé 13 réseaux
nationaux dont celui de Montpellier.
Qu’est-ce qu’un RTRA ?
Il s’agit de l’une des mesures structurantes prévues par
la Loi de programme pour la recherche du 18 avril 2006 afin de consolider
les grands pôles scientifiques français capables de se situer
dans le peloton de tête de la recherche mondiale. Le principe de constitution
des réseaux thématiques de recherche avancée est de rassembler,
autour d’un noyau dur d’unités de recherche proches géographiquement,
une masse critique de chercheurs de très haut niveau, fédérés
dans le cadre d’une stratégie partagée autour d‘un
objectif scientifique commun.
Le Gouvernement français a donc lancé 13 réseaux thématiques
: Mathématiques pures et appliquées à Paris,
Physique fondamentale à Saclay, Chimie à Strasbourg,
Infectiologie à Lyon, Neurosciences en Ile de France,
Nanosciences à Grenoble, Biologie et Thérapie du
cancer à Paris, Informatique à Paris, Aéronautique
à Toulouse, Sciences économiques à Toulouse
et à Paris, Réseau en sciences humaines et sociales et Agronomie
et développement durable à Montpellier.
L’Etat va contribuer, aux côtés des institutions partenaires,
au financement des 13 RTRA à hauteur de 200 millions d’euros.
Gros plan sur le RTRA « Agronomie et développement
durable »
Ce réseau est porté par 3 établissements fondateurs :
Inra, Cirad et Montpellier SupAgro, ainsi que l’ensemble des partenaires
du pôle Agropolis International. Il rassemble des équipes de
haut niveau travaillant à différents niveaux d’intégration,
croisant des approches sciences biotechniques et sciences sociales, et des
problématiques tempérées, méditerranéennes
et tropicales. Le thème principal et conducteur est la plante :
- la plante, du gène à la plante entière,
- la plante, dans son environnement biotique et abiotique,
- la plante, ses produits et ses usages alimentaires et non alimentaires.
Le RTRA cible ainsi deux domaines : la biologie intégrative des plantes
(génétique et génomique, amélioration des plantes,
écophysiologie, maladies et ravageurs, protection intégrée
des cultures, écologie des populations…) et les dynamiques socio-techniques
de l’innovation (innovations agri-environnementales, innovations agro-alimentaires,
innovations sociales et gestion sociale de l’innovation).
Le réseau devrait renforcer la notoriété et l’attractivité
de la région de Montpellier au niveau international en favorisant l’émergence
et le lancement de projets d’excellence, ou en consolidant les partenariats
à l’international en favorisant l’accueil de scientifiques
étrangers de haut niveau. Sans oublier l’offre de formation à
renforcer, en particulier à destination des pays du sud.
En guise d’objectifs, les 3 partenaires se mobilisent pour :
- favoriser l’adaptation des agricultures du Nord et du Sud au changement
climatique,
- faire face aux risques liés à la sècheresse, aux invasions
biologiques, aux maladies émergentes ; assurer la sécurité
sanitaire des aliments, lutter contre l’érosion des ressources
naturelles et de la biodiversité,
- répondre aux défis agricoles, alimentaires et environnementaux
nés de la poursuite de l’expansion démographique, de la
mondialisation des échanges et de la croissance des pays émergents.
A sa création effective, le RTRA comptera 30 unités de recherche
(dont 17 unités mixtes et 13 unités propres de l’Inra
et du Cirad). Ces unités ont été sélectionnées
sur la base du fil conducteur qu’est la plante. Elles concernent 492
cadres scientifiques des trois organismes fondateurs basés à
Montpellier et Avignon, renforcés par 80 chercheurs du Cirad (en poste
dans l’Outre-mer français et étranger) et correspondants
des unités du réseau.
Les moyens complémentaires qui seront apportés par l’Etat
et par les fondateurs seront utilisés en priorité pour l’accueil
de scientifiques de haut niveau et la mise en place de crédits incitatifs
destinés à favoriser le lancement de projets initiés
par les équipes du RTRA et leurs partenaires.
Par ailleurs, le réseau va s’intégrer dans le dispositif
large d’Agropolis International, venant d’être créé
et fort de plus de 2 200 cadres scientifiques et 118 unités de recherches.
Il s’agira alors de renforcer les interfaces entre les sciences agronomiques
et les disciplines académiques d’amont portées par les
partenaires du réseau.
L’agronomie, spécificité montpelliéraine, est le
fruit d’efforts engagés par le gouvernement depuis les années
70 pour regrouper l’ensemble des forces françaises spécialisées
en agronomie méditerranéenne et tropicale. Dès 1986,
la création d’Agropolis vient renforcer cette concentration.
Le projet de création de Montpellier SupAgro en 2004 est suivi en avril
2006 par la signature d’une charte et la réforme des statuts
d’Agropolis afin de donner naissance à Agropolis International.
Cette dernière structure rassemble :
- au titre de la recherche, la totalité des organismes du programme
187 de la LOLF (Gestion des ressources et des milieux), i.e. l’Inra,
le Cirad, l’IRD, le Cemagref, l’Ifremer et le BRGM et l’IRD,
ainsi que le CNRS ;
- au titre de l’enseignement supérieur : les quatre établissements
fondateurs de Montpellier SupAgro, le Ciheam-IAM.M et l’Engref, les
trois universités de Montpellier, l’université de Perpignan,
le Centre universitaire de formation et de recherche de Nîmes, la Conférence
des grandes écoles du Languedoc-Roussillon ;
- au titre du développement, l’Acta et l’Actia, associations
nationales des centres techniques agricoles et agro-alimentaires.
Le Pôle Agropolis International constitue ainsi l’une des toutes
premières concentrations mondiales. Il associe étroitement,
dans la perspective du développement durable, les domaines traditionnels
de la recherche agronomique, agriculture et alimentation, aux thématiques
urgentes de l’environnement et de la biodiversité.
Une première rencontre avec des chercheurs
du réseau
Le 13 octobre 2006, au Club de la Presse de Montpellier, a eu lieu une rencontre
avec des chercheurs montpelliérains de renommée mondiale impliqués
dans des recherches sur les grands enjeux auxquels notre monde est confronté
: changement climatique, évolutions des agricultures, ressources naturelles,
maladies émergentes… Le programme était dense :
- François Tardieu « Changements climatiques
et adaptation des plantes : quels enjeux pour la recherche ? »
- Marie Line Caruana « Les nouvelles maladies des plantes
»
- Stéphane Guilbert « Qu’est-ce que les
plantes ont dans le ventre ? Ou les nouvelles façons de tirer parti
des ressources végétales »
- Marc Voltz « Agriculture et gestion des ressources
naturelles : quelles innovations possibles ? »
- Henri Hocdé et Didier Bazille « Gestion paysanne
de la biodiversité et les agricultures du Sud »
- Michel Génard « Itinéraire de la qualité
des fruits, du gène à l’assiette ».
Une belle occasion de mettre en avant quelques acteurs du nouveau RTRA «
Agronomie et développement durable » à Montpellier.
Le RTRA « Agronomie et développement durable » va donc
prendre son essor grâce à ses 500 chercheurs et enseignants-chercheurs
de haut niveau qui vont travailler de concert pour mener à bien leur
mission : faire en sorte que le réseau confirme son rôle de premier
plan sur la scène internationale, aux côtés de grands
sites de réputation mondiale comme Cornell (USA), Wageningen (Pays-Bas),
John Innes Center (Royaume-Uni) et Max Planck Institut (Allemagne). Un pari
sur l’avenir…
M. HASLÉ