Mars 2007 - n°119
La Station Biologique de Roscoff : d’un programme de recherche régional vers un pôle européen de la merHéritière du « Laboratoire de zoologie expérimentale
», la Station Biologique de Roscoff (SBR) a été fondée
le 20 août 1872 par le Professeur Henri de LACAZE-DUTHIER, membre de
l’Académie des Sciences, titulaire de la chaire d’Anatomie
comparée et de Zoologie de la Sorbonne. Elle est aujourd’hui
un centre de recherche et d’enseignement en biologie marine et océanologie.
Située sur la côte nord de la Bretagne, la SBR présente
dans son voisinage immédiat une exceptionnelle variété
de biotopes, pour la plupart accessibles à pied sec à marée
basse, et peuplés d’une très grande diversité d’espèces
marines animales (3000) et végétales (700).
La Station Biologique de Roscoff constitue depuis mars 1985 l’Ecole
Interne n°37 de l’Université Pierre et Marie Curie (UPMC),
et peut se prévaloir depuis novembre 1985 du statut d’Observatoire
océanologique de l’Institut National des Sciences de l’Univers
(INSU). Elle est également depuis janvier 2001 une Fédération
de recherche (FR 2424) du département Sciences de la Vie du CNRS.
Sur un campus d’environ 18 000 m2, elle abrite aujourd’hui
plus de 200 personnes, dont 120 permanents.
De la macromolécule biologique à
l’Océan global
Tous les personnels de la Station Biologique - chercheurs et enseignants-chercheurs,
ingénieurs et techniciens, doctorants et post-doctorants - sont intégrés
dans différentes unités de recherche reconnues par le CNRS (FR
2424, UMR 7139, UMR 7144, UMR 7150 et UPS 2682). Parmi ces laboratoires, figurent
notamment les équipes « Génomique fonctionnelle et génétique
des algues », « Biochimie des défenses chez les algues
», « Interactions polysaccharides-protéines », «
Expression des protéines », « Cycle cellulaire et développement
», « Chimie marine » ou encore « Ecophysiologie »…
Les diverses équipes de la Station Biologique abordent ainsi des domaines
d’études qui vont de la structure fine et du développement
de la macromolécule biologique à celui de l’Océan
global. Un accent particulier est porté aujourd’hui sur les approches
de génomique.
Dotée de la logistique hôtelière et des équipements
pédagogiques les plus modernes, la SBR permet d’enseigner dans
les meilleures conditions possibles la zoologie, l’algologie, l’écologie
et l’océanologie côtière. Elle accueille également
chaque année 12 à 15 conférences nationales et internationales.
Notez enfin que la SBR édite depuis 1960 une revue scientifique internationale
bilingue « CBM – Cahiers de Biologie Marine ».
Une composante de OUEST-genopole®
La Station Biologique de Roscoff est intégrée au sein de OUEST-genopole®
dont elle héberge trois unités mixtes de recherche associant
le CNRS et l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI), ainsi
que le plateau technique de Séquençage.
De nombreux projets scientifiques sont menés dans le cadre de OUEST-genopole®,
en relation notamment avec les plates-formes technologiques. Ainsi, par exemple,
la mise au point de puces à ADN couvrant tout le génome d’une
cyanobactérie marine permet d’étudier l’impact des
stress environnementaux chez les microorganismes photosynthétiques
de l’océan. Le génome d’une algue brune est en cours
de séquençage et livrera prochainement ses premiers secrets.
Un autre projet prometteur concerne les applications thérapeutiques
(cancer, maladie d’Alzheimer) d’inhibiteurs et kinases d’origine
marine. Ce projet a été primé au 8ème concours
national d’aide à la création d’entreprises innovantes
de l’Oséo Anvar en juin 2006. L’oursin, modèle d’étude
reconnu du développement embryonnaire, est également l’objet
d’un programme de recherche.
Précisons que OUEST-genopole® constitue la huitième génopole
française, labellisée en 2002. Elle est régie sous le
statut de GIS, Groupement d’intérêt scientifique.
Ce programme fédère les deux régions Bretagne et Pays
de la Loire autour de quatre domaines d’activités : Mer, Agro,
Santé et Bio-informatique. Au sein des 55 unités de recherche
qui la composent, 2 000 collaborateurs dont 800 chercheurs travaillent au
développement de la génomique et de la post-génomique.
Ces 55 unités appartiennent aux grands organismes de recherche Afssa,
CNRS, Ifremer, Inra, Inria et Inserm, aux cinq universités de l’Ouest,
et à des grands organismes associés tels que les CHU et les
grandes écoles.
En regroupant leurs compétences, les chercheurs ont ainsi construit
cinq plates-formes technologiques : Séquençage / Génotypage,
Transcriptome, Protéome, Exploration fonctionnelle et Bio-informatique.
Un ensemble qui représente au total 17 plateaux techniques, dont 5
sont labellisés RIO.
La SBR, pilote de plusieurs actions nationales
et européennes
Outre son implication forte dans OUEST-genopole®, la Station Biologique
de Roscoff est engagée depuis plusieurs années dans la coordination
de diverses actions de dimension nationale ou européenne telles que
le projet « Genomer », le GIS « Institut de la Génomique
Marine », le Réseau d’excellence européen «
Marine Genomics Europe » ou encore l’axe valorisation des produits
de la mer du Cancéropôle Grand Ouest.
La Station Biologique a également participé à l’élaboration
de l’Europôle Mer et du Pôle Mer Bretagne, pôle de
compétitivité à vocation mondiale, et vient récemment
d’être labellisée site Marie Curie par la Commission Européenne
pour une formation doctorale en biologie marine. Ces actions fédératrices
lui ont permis d’asseoir un fort leadership dans le domaine de la génomique
des organismes et des écosystèmes marins.
Un ambitieux programme de développement
Depuis 2004, la Station Biologique de Roscoff a entrepris un ambitieux programme
de développement qui vise à en faire le leader scientifique
en Europe en biologie marine expérimentale. Son rayonnement régional,
national et européen y attire de plus en plus souvent des chercheurs
français et étrangers de réputation internationale.
Les liens entre la Station Biologique et les autres unités OUEST-genopole®
du domaine Mer (Centres Ifremer de Brest et Nantes, Laboratoire des sciences
de l’environnement marin de Brest) sont étroits et misent sur
la complémentarité et la mutualisation des moyens.
L’ambition, à terme, est d’acquérir à la
pointe de la Bretagne une spécificité unique en sciences et
techniques de la mer et de l’ancrer durablement dans l’espace
européen de la recherche et de l’enseignement supérieur.