Mars 2007 - n°119

Laboratoire de stress, défenses et reproduction des plantes (SDRP)

L’unité de recherche vignes et vins de champagne fait partie des laboratoires labellisés du pôle Agro-Science de l’Université de Reims Champagne Ardenne (URCA). Forte d'un millier d'Enseignants- Chercheurs, rassemblant 22 000 étudiants, 2000 personnels, 37 laboratoires de recherche, l’Université constitue un ensemble complexe du fait de sa pluridisciplinarité, un potentiel qui doit être parfaitement identifié.

En 1966, le Professeur Michel Favre-Duchartre crée le laboratoire de Biologie et Physiologie Végétale à l’Université de Reims. 22 ans plus tard, le Professeur Jean Claude Audran prend la direction de ce laboratoire et opère un virage scientifique visant à étudier la physiologie de la vigne, une des principales cultures de la région. Depuis cette date, le laboratoire a contribué à mieux comprendre comment la vigne est capable de percevoir les stress de son environnement et d’y réagir. A partir de 1994, le laboratoire se lance dans la caractérisation des mécanismes de défenses de la vigne. En 2001, le Professeur Christophe Clément est nommé à la tête du laboratoire et poursuit ces travaux.

Fusion fructueuse :

En 2003, le laboratoire a fusionné avec le laboratoire de Biochimie et Biologie Moléculaire des Plantes, pour devenir le laboratoire de Stress Défenses et Reproduction des Plantes (SDRP). Cette fusion a permis aux deux laboratoires de travailler en synergie grâce à une mutualisation des moyens et à la complémentarité des techniques. Aujourd’hui, le laboratoire dispose d’une bonne connaissance des mécanismes de réaction de la vigne aux stress biotiques et abiotiques, ce qui a conduit à la mise au point d’outils permettant de détecter et de mesurer les défenses de la plante. Ces marqueurs permettent désormais de développer des stratégies de lutte contre les maladies des plantes qui constituent une alternative d’avenir à la lutte chimique, encore majoritairement utilisée au vignoble aujourd’hui.

Un laboratoire bien équipé :

Le laboratoire SDRP fait partie de l’Unité de Recherche Vignes et Vins de Champagne. Il dispose actuellement d’une équipe regroupant : 2 Professeurs des Universités, 9 Maîtres de Conférences, 3 Chercheurs post-doctorants, 1 Ingénieur d’Etudes, 10 Doctorants et 3 techniciens.
Comme tout laboratoire universitaire, le laboratoire SDRP a des obligations d’enseignement. L’équipe d’enseignement est la même que l’équipe de recherche, assortie de 2 PRAG (Professeurs Agrégés).

Le laboratoire de Stress Défenses et Reproduction des Plantes occupe actuellement une superficie totale d’environ 900 m_, incluant les surfaces de serre et le vignoble expérimental. Au-delà des serres, chambres de culture et phytotrons dédiés à la culture de la vigne sous différentes formes (culture cellulaire, vitro-plants, boutures fructifères, plantes en pots), les principaux équipements du laboratoire sont ceux nécessaires à :

- la culture in vitro : autoclave, hottes à flux laminaire, chambres de culture régulées, four pasteur, bioréacteurs, plateau agitant
- la biologie moléculaire : centrifugeuse, appareil PCR, appareil RT-PCR quantitative, scan gel, appareil à électrophorèse, congélateurs à -20°C, et à -80°C, …
- la cytologie : microtome, ultramicrotome, knife maker, microscope fond clair, microscope à fluorescence, microscope à contraste de phase, système d’analyse d’image et logiciel afférent.
- des mesures physiologiques : spectrophotomètres UV visible, appareil à électrophorèse 2D, logiciel d’analyse des gels 2D, bain marie, centrifugeuses, …

Recherche et développement :

La qualité de recherche des laboratoires de l’Université Reims Champagne-Ardenne
est reconnue par une évaluation quadriennale relevant du Ministère de l'Education Nationale et de la Recherche (Mission Scientifique Technique et Pédagogique), associant le cas échéant les grands organismes (INSERM, CNRS, INRA, CEA). Le label " Pôle de compétitivité : Industries et Agro-Ressources " est une des expressions de reconnaissance de la qualité et de l'originalité de la recherche au sein de l’établissement.
Au niveau du laboratoire de Stress Défenses et Reproduction, les activités de recherche portent sur les effets de stress biotiques (maladies fongiques, bactéries symbiotiques ou pathogènes, …) et abiotiques (pesticides, froid, rayonnement UV, …) sur la physiologie de la vigne.

Le principal domaine d’étude porte sur la capacité de la plante à mettre en place ses défenses. En particulier, les approches visent à comprendre la régulation des gènes induits ou réprimés suite à la perception du stress par des études pharmacologiques et génétiques. Les différents paramètres de photosynthèse (mesure activité, fluorescence, gènes correspondant, chlorophylle, état des plastes) sont également étudiés en réponse à différents types de stress.

Les études concernent principalement les interactions Vigne/Botrytis à partir de différents modèles expérimentaux (suspensions cellulaires, de plantes cultivées in vitro ou de boutures fructifères, voire de vigne en pots). La stimulation des défenses est étudiée aussi bien dans les organes végétatifs (racines, tiges, feuilles) que dans les organes reproducteurs (fleurs, fruits). L’impact des maladies du bois (ESCA), des pesticides (fongicides, herbicides) ou de carence physiologique (nutrition carbonée) est abordé avec la même philosophie.
Les plantes modèles (Arabidopsis thaliana, tabac) sont également utilisées compte tenu des informations disponibles dans la littérature et les bases de données quant à leur réaction, ainsi que de l’existence de mutants de voies de signalisation.

Les différents outils mis au point ont permis de développer deux stratégies de lutte contre les maladies de la vigne.
L’élicitation : permet de stimuler les défenses de la plante et donc d’induire un certain niveau de protection des plantes contre les maladies. Cette technologie est développée à partir des molécules d’origine naturelle sans effet néfaste sur l’environnement.
La lutte biologique : cette technologie consiste à associer un micro-organisme bénéfique avec la plante, ce qui a pour effet de protéger la plante contre les maladies. A ce titre, l’interaction entre la vigne et Burkholderia phytofirmans permet in vitro de protéger la vigne contre Botrytis cinerea avec une très bonne efficacité.

Si la viticulture ne représente que 2 à 3% des surfaces cultivées, elle correspond à 50% des pesticides chimiques consommés en France, ce qui en fait actuellement la culture la plus polluante. Dans un contexte de mise en place d’agriculture durable et dans la mesure où les contraintes réglementaires sont de plus en plus contraignantes en matière de pollution agricole (directive européenne sur la qualité de l’eau pour 2015 et 2027, création d’une loi en septembre 2006 restreignant encore plus fermement l’utilisation des pesticides, …), le développement des stratégies « éliciteurs » et « lutte biologique » représente un enjeu majeur pour la profession viticole et pour l’industrie des produits phytosanitaires au cours des prochaines décennies.

Les objectifs de développements :

La progression des technologies et l’avènement de solutions innovantes pour lutter contre les maladies de la vigne passe par une connaissance aussi parfaite que possible de la physiologie des plantes. L’objectif scientifique est donc de poursuivre les investigations fondamentales sur les mécanismes de réaction de la vigne et des plantes modèles en réponse aux différents stress. Les pistes développées dans les prochaines années porteront sur la possibilité de préparer la plante à subir une attaque pathogène (potentialisation ou « priming »), de même qu’à fournir les informations scientifiques nécessaires au développement de nouvelles technologies liées au développement d’une viticulture durable.

A terme, les travaux effectués au sein du laboratoire SDRP devraient conduire à réduire le nombre de traitements phytosanitaires au vignoble et ainsi contribuer à la mise en place d’une viticulture raisonnée plus respectueuse de l’environnement. Des stratégies similaires sont également développées sur céréales.

Partenariats :

Le laboratoire SDRP est soutenu par les instances locales (Région Champagne Ardenne, Conseil Général de la Marne, Ville de Reims, Fondation du Site Paris Reims) pour développer ces thématiques. Ce laboratoire porte et coordonne le contrat d’objectifs « Vineal » d’Europol’Agro, qui regroupe une cinquantaine de chercheurs statutaires de l’Université mais aussi de l’INRA et du CNRS. Le laboratoire est aussi impliqué dans des projets d’envergure nationale (projets pôle de compétitivité à vocation mondiale « Industries et Agro-Ressources », projet RARE : réseau alimentation référence Europe) et internationale (programmes européens, programme OTAN, programme Egide, …).

Par ailleurs, le laboratoire SDRP a établi des collaborations nationales et internationales sur ces thématiques. Des liens ont été tissés au cours des années avec plusieurs partenaires professionnels et industriels. Enfin le laboratoire apprécie tout particulièrement de travailler en réseau, qu’il s’agisse de réseaux nationaux (Réseau Vignes et Vins Septentrionaux) ou internationaux (réseau européens COST, action 858 : « viticulture, biotic and abiotic stress »).

 

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