Mai 2007 - n°121
Le Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles de Limoges
Orienté vers les substances naturelles sous les aspects chimiques
et biologiques, le Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles (LCSN –
EA 1069) effectue de la chimie propre sans solvants toxiques.
Le docteur Professeur Pierre Krausz est à l’origine de la création
du LCSN. Maître de conférence à l’université
de Paris Jussieu, il part sur à Limoges afin de créer une unité
de chimie organique dans le cadre d’une structure pluridisciplinaire.
Le Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles naît en 1990, avec
au départ 3 chercheurs permanents.
Chimie organique et bioorganique
Aujourd’hui, le laboratoire dispose d’une équipe de 15
chercheurs et enseignants-chercheurs, d’un responsable du transfert
technologique, de 3 techniciens et d’une secrétaire. Par ailleurs,
l’équipe est renforcée par 14 doctorants et deux professeurs
invités pour une période précise.
Quatre sociétés incubées s’appuient également
sur le laboratoire. Le Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles dispose
de 500 m2 de laboratoires comprenant une plate-forme technologique,
une bibliothèque et une salle de réunion. Le laboratoire dispose
des moyens d’analyse et de tests biologiques absolument nécessaires
à une recherche de pointe : spectroscopie UV, spectrométrie
infra rouge à transformée de Fourier, irradiateur micro-onde,
cytomètre en flux, polarimètre, RMN (dans le cadre d’un
programme multiformation), CPG, HPLC, spectrophotomètre d’absorption
atomique à flamme, lyophylisateur, étuve à CO2, électrophorèse
1D, 2D, fluorimètre, PCR.
Axé au départ sur la chimie organique, le LCSN s’occupe
également de chimie bioorganique, et effectue des tests biologiques
sur les produits élaborés. Son but est de développer
les modifications de substances naturelles, telles que les glucides, les polysaccharides,
les porphyrines (colorants à analogues à la chlorophylle et
l’hémoglobine), afin de les transformer.
Deux directions sont ainsi prises :
- Obtention de composés à finalité thérapeutique
(médicaments) pour obtenir des antiviraux, des anti-cancéreux
(photodestruction sélective des tumeurs), des produits cosmétiques,
des prébiotiques (bifidus).
- Le second thème de recherche du laboratoire est lié à
des problèmes importants d’environnement et vise à valoriser
la biomasse par l’obtention de matériaux biodégradables,
de filtres à micropolluants et de molécules bioactives sous
le double aspect glycochimie et glycobiologie.
La biomasse constitue en effet une source renouvelable de molécules,
encore insuffisamment exploitée. Les débouchés sont nombreux.
Nos thématiques actuelles visent tout d’abord à valoriser
les fractions cellulosiques et/ou hémicellulosiques de co-produits
agricoles et forestiers tels que les sons de céréales, la paille,
les rafles de maïs, les écorces et les sciures. Ces films ont
été obtenus par différentes modifications chimiques simples
telles que l’estérification par des acides gras ou l’amination
réductrice sur la matière brute. Avec, en particulier des écorces,
ce laboratoire est parvenu à fabriquer des filtres à micropolluants
capables de piéger les métaux lourds contenus dans l’eau.
Un tel concept constitue une alternative intéressante pour la dépollution
des eaux. Enfin, le LCSN a induit dans la toute dernière période
un programme visant à dégrader ou à modifier par voie
enzymatique les polysaccharides contenus dans différentes plantes pour
l’obtention de molécules biologiquement actives (antibiotiques,
anticancéreux, allergènes…
La stratégie voulue par le Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles
est d’utiliser une chimie « verte » sans solvants et avec
des réactifs non toxiques. L’équipe travaille notamment
sur la filière photo-bactéricide qui permet à un film
conçu à partir de cellulose d’être irradié
et de détruire des bactéries. Les instances régionales
du Limousin analysent déjà ce projet afin de le financer et
de l’amener vers la création d’une entreprise.
Par ailleurs, une société spécialisée sur les
écorces, baptisée « Les écorces » et travaillant
avec le LCSN, va sortir d’incubation dans les 2 mois. Elle vient de
recevoir le 1er Prix du Ministère de l’Industrie.
Prestations et enseignement
Cette structure est ouverte aux demandes de prestations technologiques ou
de partenariat avec les entreprises régionales et nationales désireuses
d’utiliser les savoir-faire analytiques ou de développer des
protocoles expérimentaux originaux dans le secteur de la valorisation
des substances naturelles sous leur aspect chimique ou biologique.
Côté enseignement, le LCSN participe au déroulement supporte
le Master Recherche triple sceau (Poitiers, Limoges et La Rochelle), et le
Master Professionnel « Valorisation chimique et microbiologique des
productions agricoles et forestières » depuis 2001.
Le LCSN a passé plusieurs collaborations au niveau national (Université
Paris V, Gif sur Yvette, Poitiers…) et international (Japon, USA, Pologne,
Lituanie et Canada). Mais aussi avec Oseo, la Direction régionale de
l’agriculture et de la forêt, l’ADEME…
Dans l’avenir, le Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles a
l’intention de s’agrandir et de continuer dans ses voies de recherches
actuelles, tout en gardant un équilibre entre recherche fondamentale
et recherche appliquée. Il souhaite mettre en place un réseau
sur le thème de la valorisation dans le cadre d’un GIS (Groupement
d’Intérêt Scientifique) d’ici un an. Le laboratoire
va également continuer à soutenir l’innovation créée
apportée par des entreprises créées récemment
et veiller à la synergie des recherches. A l’heure actuelle,
quatre entreprises en incubation s’appuient sur le LCSN.
M. HASLÉ