Septembre 2007 - n°124
Le LABOMEDEX de Bruxelles coordonne le Projet européen SAVEBETAj
Le 9 mai 2007 a eu lieu, sur le Campus Erasme de l’Université
Libre de Bruxelles, une présentation du Projet Européen SAVEBETA,
coordonné par le Laboratoire de Médecine Expérimentale.
L’occasion de faire le point sur les recherches concernant les voies
moléculaires impliquées dans la perte en cellules beta, dans
le diabète sucré…
Un défi de taille à relever ! Le diabète affecte
pas moins de 150 millions de personnes dans le monde. Et c’est loin
d’être fini car on prévoit jusqu’à 300 millions
de diabétiques d’ici 2025. L’Europe compte plus de 30 millions
de personnes atteintes souffrant principalement des diabètes de type
1 ou de type 2. Leur qualité et espérance de vie diminue et
présente un coût de santé publique élevé.
Le diabète cause à long terme différentes complications
et problèmes psychosociaux (maladies des yeux, cécité,
amputations, dysfonctionnements rénaux et de neuropathie, maladies
cardiovasculaires…), amenant à une morbidité et une mortalité
importantes. Par ailleurs, il faut savoir que le traitement d’un patient
diabétique pendant 25 ans coûte entre 100 000 et 200 000 euros.
De nombreuses équipes de recherche au niveau mondial travaillent déjà
sur ce sujet afin d’enrayer ce problème. Parmi elles, figure
l’équipe du Laboratoire de Médecine Expérimentale
(LABOMEDEX) de l’Université Libre de Bruxelles (ULB)…
Un laboratoire de pointe
Laboratoire de recherche de la Faculté de Médecine de l’ULB,
le Laboratoire de Médecine Expérimentale (unité ULB218)
a pour but principal de comprendre les mécanismes menant au dysfonctionnement
et à la mort des cellules beta pancréatiques dans le diabète
sucré. Le processus conduisant à l’apoptose (mort cellulaire
programmée) des cellules beta dans le diabète de type 1 et probablement
aussi dans le diabète de type 2, est un phénomène biologique
complexe. Seule l’analyse du système dans sa globalité
grâce aux « puces à ADN » et à l’étude
détaillée des promoteurs de gènes permettra de comprendre
pleinement ce processus.
Dirigé depuis mars 2002 par le Professeur Decio L. Eizirik, le LABOMEDEX
espère que l’identification de « modules de gènes
» et de « réseaux de facteurs de transcription »
régulant le processus de la mort des cellules beta permettra de développer
de nouvelles approches thérapeutiques dans le diabète sucré.
Une vingtaine de personnes travaillent au sein du laboratoire. Ils utilisent
des outils de biologie moléculaire de pointe telles que l'analyse par
''puces à ADN'' et des études détaillées de régulation
de promoteurs, afin de dévoiler les gènes et les facteurs de
transcription régulant la décision des cellules bêta à
subir l'apoptose dans le diabète mellitus précoce et suite à
une transplantation d'îlots. Sur la base de cette information, ils cherchent
ainsi de nouvelles thérapies à cette maladie
Le Prof. Eizirik est également le Secrétaire scientifique honoraire
de l’Association européenne pour l’étude du diabète
(EASD) et organise le programme scientifique de la prochaine conférence
annuelle EASD, prévue en septembre 2007 à Amsterdam. Il s’agit
de la plus importante rencontre scientifique sur la recherche sur le diabète
dans le monde. Elle attire près de 14 000 participants du monde entier.
Par ailleurs, le LABOMEDEX s’est fortement impliqué dans le projet
européen SAVEBETA qu’il coordonne.
Le Projet européen SAVEBETA
Lancé en novembre 2006, ce projet européen réunit neuf
partenaires venus d’Allemagne, de Belgique, du Danemark, de la Finlande,
de la Grande-Bretagne, d’Israël et de Pologne. Il bénéficie
du soutien de l’Union Européenne, dans le 6e programme-cadre,
et son budget total s’élève à 2,7 millions d’euros.
Il est planifié pour 3 ans.
Le projet SAVEBETA a pour objectif d’expliquer les mécanismes
moléculaires conduisant à la perte des cellules beta. En effet,
la destruction des cellules pancréatiques beta, résultant d’une
apoptose accrue et d’une régénération cellulaire
déficiente est reconnue comme élément-clef du diabète
de type 1 et pourrait également contribuer au diabète de type
2. Le projet propose donc une stratégie pour comprendre les mécanismes
moléculaires impliquant la perte des cellules beta. Il vise à
utiliser la génomique fonctionnelle afin d’identifier les voies
responsables des pertes en cellules beta dans le diabète et d’utiliser
ces connaissances pour définir des cibles potentielles permettant de
préserver ces cellules.
L’hypothèse de travail du LABOMEDEX est que les interactions
entre les réseaux de gènes-clés associés à
l’insuffisance des réponses protectrices déclenchent le
programme d’apoptose et empêchent la régénération.
Plus précisément, le projet vise à :
- l’identification de voies moléculaires régulatrices
qui contrôlent la quantité de cellules beta physiologiques à
travers la régénération, la différenciation et
l’apoptose ;
- l’usage de la génomique fonctionnelle pour identifier des événements
pathophysiologiques clés qui sont responsables de la réduction
de cellules beta en cas de diabète, avec un accent sur les mécanismes
de la toxicité induite par cytokines ou glucose et lipides (glucolipotoxicité)
;
- l’intervention sur les voies identifiées afin de valider des
cibles permettant de préserver la quantité de cellules beta
en cas de diabète.
Le projet SAVEBETA adopte donc une démarche pluridisciplinaire, impliquant
de la génomique fonctionnelle à la fois in vivo et
in vitro.
Ces recherches pourraient aboutir à l’identification de nouvelles
cibles sur lesquelles agir pour préserver les cellules beta en cas
de diabète, pour arrêter ou ralentir le développement
de la maladie. Le développement d’un médicament est une
perspective concrète qui soulagerait ainsi nombre de malades et allégerait
les coûts de santé publique. Un espoir à suivre…
M. HASLÉ