Décembre 2007 - n°127
Le laboratoire de Parasitologie Moléculaire de Charlero
Structure Académique au sein du Département de Biologie
Moléculaire, ce laboratoire est une des composantes de l’Institut
de Biologie et de Médecine Moléculaires (IBMM) de l’Université
Libre de Bruxelles. Son ambition principale est la découverte pure.
La structure actuelle du Laboratoire de Parasitologie Moléculaire
(LPM – Unité ULB 131) date de 1993. A cette époque, le
laboratoire d’Embryologie Moléculaire, originellement dirigé
par le Pr. Jean Brachet, a été repris officiellement par Etienne
Pays.
Cependant, au sein du laboratoire de J. Brachet, des recherches étaient
déjà menées depuis 1965 dans le domaine de la Parasitologie
Moléculaire, sous la conduite du Professeur Maurice Steinert. Le laboratoire
actuel dérive donc de l’expansion particulière de l’unité
créée par M. Steinert, après qu’E. Pays ait rejoint
cette unité en 1978. Le support des activités de recherche,
qui sont essentiellement de nature fondamentale, est obtenu par financement
public, de la part des autorités fédérales (programme
intitulé « Pôles d’attractions interuniversitaires
») et du Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS).
Axé sur les trypanosomes africains
Les recherches sont focalisées sur les trypanosomes africains (prototype
: Trypanosoma brucei), responsables de la maladie du sommeil humaine et de
la Nagana du bétail. L’intérêt particulier de ces
parasites est qu’ils représentent des organismes modèles
permettant d’étudier au niveau moléculaire les processus
responsables de l’adaptation des parasites aux conditions du milieu,
en particulier le dialogue avec le système immunitaire de l’hôte
mammifère. Trypanosoma brucei est remarquable pour sa capacité
à varier continuellement son revêtement de surface, constitué
d’un réseau dense de glycoprotéines appelées VSGs
(Variant Surface Glycoproteins). C’est principalement grâce à
cette variation antigénique que le parasite échappe aux défenses
immunitaires de l’hôte (et aux entreprises de vaccination).
Le laboratoire a continué à décrypter les mécanismes
moléculaires de la variation antigénique des trypanosomes africains.
Dans ce domaine le laboratoire a publié notamment 5 articles dans Nature,
5 dans Cell, 8 dans EMBO J et 1 dans PNAS, ainsi que plusieurs articles de
revue, notamment dans Annual Reviews of Genetics et Annual Reviews of Microbiology.
Les travaux ont contribué à caractériser la machinerie
endocytaire du parasite, y compris certains des récepteurs de surface,
dont le récepteur de la transferrine. Ce sujet présente une
forte imbrication avec le précédent, notamment parce que le
récepteur transferrine est apparenté aux VSGs. Ici les publications
comprennent notamment 1 Cell et 2 EMBO J.
Enfin, depuis 1998, le LPM a focalisé des recherches sur l’adaptation
de Trypanosoma brucei à l’homme, et sur la résistance
innée de ce dernier au parasite. Ce sujet, toujours activement étudié
aujourd’hui, a déjà conduit à quelques publications
(1 Nature, 1 Cell, 1 Science, 1 PNAS et 1 New Eng. J. Med.).
Les découvertes effectuées dans ce dernier domaine ont conduit,
en collaboration avec le laboratoire du Pr Patrick De Baetselier de la Vrije
Universiteit Brussel, à concevoir une molécule capable d’éradiquer
la trypanosomiase expérimentale chez la souris. Ce travail, publié
en 2006 dans Nature Medicine, pourrait conduire à la conception d’un
traitement nouveau contre la maladie du sommeil.
D’autres thématiques, comme les contrôles de l’expression
génétique et de la signalisation cellulaire, sont également
abordées. Au total, le laboratoire a publié 190 articles dans
des journaux internationaux à comité de lecture.
Un laboratoire bien équipé
Le laboratoire se situe sur 2 étages de l’Institut de Biologie
Moléculaire et Médicale (IBMM), localisé sur le site
de l’Aéropôle de Gosselies, à côté
de l’aéroport « Brussels South Charleroi ». Il est
à proximité directe de deux autres Instituts majeurs œuvrant
dans le domaine des Sciences de la Vie (Institut d’Immunologie Médicale,
Institut de Pathologie et de Génétique), ainsi que de diverses
spin-offs de l’Université de Bruxelles (Henogen, DNAVision, DelphiGenetics,
BioVallée..) et d’autres entreprises de haute technologie. La
surface totale du laboratoire est d’environ 250 m2, et comprend deux
grandes salles principales pour manipulations, trois chambres froides, deux
chambres de culture cellulaire, un local pour manipulations d’isotopes
radioactifs, un local pour centrifugeuses et ultracentrifugeuses, divers locaux
pour techniques spéciales (électrophorèse, autoradiographie,
spectrométrie de masse, microscopie optique, microscopie à fluorescence,
microscopie électronique, microscopie confocale..) et plusieurs bureaux.
Au cours de son histoire le laboratoire a abrité jusqu’à
25 personnes, chercheurs, techniciens et personnel administratif confondus.
Il est constitué aujourd’hui de 18 personnes, soit 2 étudiants,
4 doctorants, 4 post-doctorants, 3 académiques permanents, 4 techniciens
et 1 administratif. La plupart sont diplômés en Sciences Biologiques,
mais on compte également une chimiste et un agronome. Le groupe est
constitué de 14 belges, 3 français et un mexicain.
Les collaborations sont menés avec de nombreux laboratoires en Belgique
et à l’étranger (actuellement : Danemark, Irlande).
Le souhait du Laboratoire de Parasitologie Moléculaire est de rester
compétitif dans son domaine et d’accélérer ses
recherches. Un défi qu’il s’acharne à relever…
M. HASLÉ