Mars 2008 - n°130
Inauguration du « Grenoble Institut des Neurosciences »
« Mieux soigner demain les maladies neurologiques ! »,
c’est le challenge des équipes de recherche regroupées
dans le nouveau centre de recherche « Grenoble Institut des Neurosciences
» (GIN), abrité dans le bâtiment Edmond J. Safra. Ces deux
structures ont été inaugurées en grande pompe le 30 novembre
2007 par l’université Joseph Fourier et l’INSERM.
Deux ans après la pose de la première pierre du Bâtiment
Edmond J. Safra, dédié à l’accueil du GIN, le nouveau
site scientifique est opérationnel ! Environ 200 chercheurs, enseignants-chercheurs,
personnels administratifs et techniques, doctorants et post-doctorants se
sont installés dans les 6 000 m2 de laboratoires, bureaux et plateaux
techniques. Ce dispositif se trouve au cœur du Centre hospitalier et
universitaire de Grenoble, à proximité immédiate des
équipes soignantes et de recherche clinique de neurochirurgie, neurologie
et neuro-imagerie.
Regrouper les forces liées aux Neurosciences
Ce nouveau centre de recherche a été souhaité par Claude
Feuerstein, neurophysiologiste et ancien Président de l’université
Joseph Fourier (1997-2002), qui s’est investi dans le but de rassembler
dans un même lieu les équipes de recherche en neurosciences,
réparties jusque-là dans différents lieux de la région.
L’idée étant de favoriser la pluridisciplinarité,
de mutualiser les moyens et les équipements, d’associer étroitement
recherche fondamentale et applications cliniques et de relever l’un
des défis de la recherche médicale de demain : mieux comprendre
le cerveau et mieux soigner les maladies qui l’affectent.
Le nouveau bâtiment Edmond J. Safra a été construit par
l’université, maître d’ouvrage, en partenariat avec
l’Inserm, la région Rhône-Alpes, l’Agglomération
grenobloise, la Ville de Grenoble et la Fondation philanthropique Edmond J.
Safra, dans le cadre du XIIème Contrat de Plan Etat-Région.
Le coût global du bâtiment avoisine les 16 millions d’euros,
dont 2,5 millions d’euros d’équipement de base. Le projet
architectural a été conçu pour favoriser les échanges
et les collaborations entre les équipes de recherche, en facilitant
les rencontres et en prévoyant des espaces de travail communs et des
lieux de rencontres divers (salle de conférence, cafétéria,
bibliothèque, petites salles de réunion, laboratoires banalisés
identiques à tous les étages). Depuis octobre 2007, les équipes
se sont installées. Un espace d’environ 500 m2 reste disponible
pour accueillir de nouvelles équipes de recherche.
Claude Feuerstein est aujourd’hui le directeur du Centre de recherche
« GIN », créé en janvier 2007 par l’Inserm.
Il est assisté du Comité de Direction comprenant le Directeur
Administratif, les conseillers scientifiques et les représentants des
personnels ITA et des doctorants.
Le Conseil Scientifique, incluant tous les chefs d'équipe et le Comité
de Direction, est en charge de la politique scientifique du Centre de Recherche
Inserm "Grenoble-Institut des Neuroscience".
Le Conseil Scientifique International, composé de scientifiques de
réputation internationale et présidé par les Pr Y. Agid
et J. Bockaert, se réunit tous les deux ans pour examiner et conseiller
les différents programmes scientifiques.
10 équipes de recherche complémentaires
Le GIN abrite 10 équipes de recherche constituant un seul et même
grand laboratoire de recherche. Ils partagent des espaces et des moyens techniques
pour relever l’un des défis du 21e siècle : le vieillissement
de la population et le développement des maladies qui y sont liées
comme les maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer),
les accidents vasculaires cérébraux mais aussi les épilepsies,
les tumeurs cérébrales, les maladies mentales, les myopathies
ou les maladies liées au stress chronique.
Les dix équipes du GIN :
- Équipe 1 : Physiopathologie du cytosquelette
Responsable : Annie ANDRIEUX - Directeur de Recherche CEA
- Équipe 2 : Neurodégénérescence
et plasticité
Responsable : Rémy SADOUL - Professeur UJF
- Équipe 3 : Canaux calciques, fonctions et pathologies
Responsable : Michel DE WAARD - Directeur de Recherche Inserm
- Équipe 4 : Muscles et pathologies
Responsable : Isabelle MARTY - Chargée de Recherche Inserm
- Équipe 5 : Neuroimagerie fonctionnelle et métabolique
Responsable : Christoph SEGEBARTH - Directeur de Recherche Inserm
- Équipe 6 : Rayonnement synchrotron et recherche
médicale
Responsable : François ESTEVE - Professeur des Universités -Praticien
Hospitalier
UJF-CHU
- Équipe 7 : Nanomédecine et Cerveau
Responsable : François BERGER - Professeur des Universités -
Praticien Hospitalier
UJF-CHU
- Équipe 8 : Stress et interactions neuro-digestives
Responsable : Bruno BONAZ - Professeur des Universités-Praticien Hospitalier
UJF
(UFR de Médecine)-CHU
- Équipe 9 : Dynamique des réseaux synchrones
épileptiques
Responsable : Antoine DEPAULIS - Directeur de Recherche Inserm
- Équipe 10 : Dynamique des réseaux neuronaux
du mouvement
Responsable : Marc SAVASTA - Directeur de Recherche Inserm
Des thématiques transversales
Le « Grenoble Institut des Neurosciences » a comme thématique
essentielle les neurosciences. Les programmes de recherche sont développés
aussi bien en recherche fondamentale qu’en applications cliniques et
thérapeutiques. Pour cela, une approche multidisciplinaire depuis les
neurosciences moléculaires, cellulaires et intégrées
est développée, ainsi que des méthodologies d'imagerie
in vitro et in vivo, qui débouchent sur une recherche clinique au bénéfice
des patients.
Les thématiques du GIN :
1 - Neurodégénérescence, plasticité synaptique
et dynamique cellulaire : Cet ensemble thématique, met en relation
les problématiques qui touchent au cytosquelette, au trafic cellulaire
et à l’organisation des structures cellulaires au niveau synaptique
dans des fonctions extrêmement élaborées au plan comportemental.
Les modèles animaux sont essentiels au développement de nouvelles
thérapeutiques réparatrices, qu’elles soient pharmacologiques
ou cellulaires. Certains modèles apparaissent prédictifs des
désordres mentaux. Aussi, l’analyse fine du mode d’action
moléculaire et cellulaire d’une protéine liant le calcium,
Alix, met une emphase particulière sur son implication dans le trafic
endocellulaire par le biais des corps multivésiculés, de l’endocytose
et la dégénérescence cellulaire. En complément,
les phénomènes liés à la dynamique exosomale d’extrusion
de séquences protéiques ouvrent des perspectives conceptuelles
extrêmement prometteuses pour le traitement des maladies neurodégénératives.
Les canaux ioniques, en particulier calciques et potassiques voire sodiques,
font l’objet de travaux de déchiffrage moléculaire extrêmement
précis, comme c’est le cas également des partenaires protéiques
du complexe triadine – récepteur de la ryanodine.
2 - Neuro-oncologie : Les tumeurs cérébrales sont étudiées
sous l’angle diagnostique, notamment l’empreinte protéomique
de biopsies neurochirurgicales (déjà validée techniquement
par des
microbiopsies étagées de tissu cérébral réalisées
lors de l’implantation d’électrodes de neurostimulation).
L’exploration non invasive en spectroscopie du proton et en perfusion
par IRM ainsi que la caractérisation de la vascularisation tumorale
sont des approches typiques. La validation
préclinique des thérapeutiques innovantes concerne notamment
les thérapeutiques physiques (microfaisceaux synchrotron, photoactivation)
et les thérapeutiques cellulaires anti-angiogéniques.
3 - Dynamique des réseaux neuronaux en relation avec les pathologies
du mouvement, des épilepsies, et du stress - douleurs viscérales
– inflammation :
La neurostimulation de structures cérébrales profondes bien
ciblées est devenue un moyen de modifier le fonctionnement de circuits
nerveux qui participent à la modulation de telle ou telle fonction.
Les rythmes anormaux propres au processus pathologique sont modifiés
voire abolis par la neurostimulation de certaines structures.
4 - Neuro-imagerie et neurostimulation : Les installations remarquables présentes
au sein ou autour de l’Institut et les spécificités scientifiques
du site grenoblois amènent naturellement à développer
ou simplement améliorer et optimiser les méthodes, les instruments
et les techniques de neuro-imagerie et de neurostimulation en particulier,
ce qui implique de développer des technologies permettant le couplage
des enregistrements électrophysiologiques avec la neuro-imagerie.
L’institut a donc pour ambition de rassembler des équipes et
des chercheurs d’horizons multiples, d’appartenances institutionnelles
et de statuts divers, ainsi que des cultures disciplinaires variées.
Une autre de ses ambitions – et non des moindres – est de devenir
l’un de centres de recherches en neurosciences les plus attractifs d’Europe.
Un autre défi à relever !
M. HASLÉ