Avril 2008 - n°131

Le Laboratoire d’Immunologie des Tumeurs de Marseille

Né en 1997 grâce au soutien du Groupement des Entreprises Françaises dans la lutte contre le cancer (GEFLUC) et de partenaires institutionnels, ce laboratoire s’est fait une place dans la recherche régionale et contribue largement au développement de l’immunologie des Tumeurs à Marseille.

Le GEFLUC a été créé en 1964 par trois chefs d’entreprises dans le but de collecter auprès des personnels et des chefs d’entreprises la somme d’un franc, puis d’un euro par mois afin d’apporter aux chercheurs les moyens matériels et financiers d’entreprendre des travaux sur le cancer.
En 1997, le GEFLUC a décidé de contribuer financièrement à la création d’un nouveau laboratoire consacré à l’Immunologie des Tumeurs au sein de l’Institut Paoli-Calmettes, centre régional de lutte contre le cancer. Le Laboratoire d’Immunologie des Tumeurs (LIT) de Marseille a ainsi vu le jour.

Interaction système immunitaire et cancer

Le soutien financier au Laboratoire d’immunologie et à ses équipes représente aujourd’hui un investissement de plus de 700 000 euros pour le GEFLUC Marseille-Provence. Il comprend l’aménagement du laboratoire, l’acquisition de matériels de fonctionnement et le soutien aux équipes et aux programmes de recherche.
Le Professeur Daniel Olive est actuellement le Directeur du LIT. Spécialiste de la recherche en immunologie, il a travaillé notamment pour l’Inserm de 1987 à 1999. Entre-temps, il a intégré l’équipe du LIT en 1997.
Le système immunitaire correspond aux cellules et composés solubles (protéines et anticorps) qui luttent contre l’invasion de l’organisme par les microbes, mais aussi contre la prolifération de cellules qui se multiplient anormalement (cellules cancéreuses). Le développement de certains cancers est dû au phénomène d’échappement des tissus à l’action protectrice du système immunitaire. Il est donc important de bien comprendre les mécanismes en jeu.
Dès sa création, le laboratoire d’immunologie des Tumeurs (LIT) a eu pour finalité de rassembler sur un même lieu des personnes de compétences mixtes scientifiques et médicales (techniciens hospitaliers, étudiants, médecins, chercheurs), et des moyens techniques (outils de biologie cellulaire et imagerie) dédiés aux investigations du système immunitaire portant sur les patients atteints de cancer. Le laboratoire développe ainsi des aspects originaux, comme l’identification de défauts des fonctions de l’immunité dite innée, et l’augmentation des cellules supprimant les réponses immunes.

Plusieurs activités sont intégrées :
- analyser les patients atteints de cancer et voir les conséquences de la maladie sur leur système immunitaire (impact et type de déficit)
- travailler à empêcher ce déficit afin de lutter contre le cancer
- utiliser toutes les stratégies thérapeutiques afin de lever les blocages, par exemple, tirer profit des techniques de vaccination utilisant les cellules tumorales leucémiques des patients afin de trouver des réponses.

Il s’agit d’identifier toutes les formes de déficit possibles, de tester des hypothèses pour casser ce déficit et d’améliorer la réponse du patient.

L’originalité de cette approche est sa caractéristique bi-directionnelle, basée sur des liens très forts entre recherche fondamentale et appliquée : des concepts fondamentaux se traduisent par des essais thérapeutiques et des observations cliniques permettant de nourrir un champ d’investigation apportant des bases biologiques à des thérapeutiques innovantes.
Les projets thérapeutiques actuels sont inscrits dans la stimulation de l’immunité innée chez les patients atteints de leucémies utilisant des anticorps ainsi que le développement des protocoles vaccinaux thérapeutiques en cancérologie.

Dans le cadre du cancéropôle PACA…

Pour mener à bien ces travaux, le LIT a investi régulièrement dans des matériels performants. En 2007, il a investi dans un bioanalyseur 2100 (Agilent) et une centrifugeuse Lave Globules DiaCent-CW (DiaMed AG). L’équipe du LIT se compose de 6 personnes (techniciens de l’Hôpital ou en CDD) secondés par 4 étudiants, un médecin et 2 postdoc. Ils travaillent sur 250 m2 de locaux dont la moitié est réservée à la partie laboratoire (culture cellulaire L1 et L2), l’autre moitié aux bureaux. Côté imagerie, un cytomètre de flux, un microscope confocal (en commun avec d’autres unités) et une station Elispot (production de cytokine par exemple).
Par ailleurs, dans le cadre du Cancéropôle PACA, le laboratoire est ouvert à des projets extérieurs ciblés vers la biothérapie liée à la cancérologie. Il travaille avec le secteur académique et le secteur industriel dans cette approche. Des collaborations sont en cours avec la recherche hospitalière (services impliqués en cancérologie, hématologie, thérapie cellulaire) mais aussi avec plusieurs équipes de l’Inserm (Marseille, Lyon, Nantes) , 3 sociétés de biotechnologie et deux compagines pharmaceutiques.

Le LIT fait partie d’un réseau inédit de plates-formes mixtes, comprenant en plus des équipes du Centre d’Immunologie de Marseille-Luminy et contribuant à l’axe IV du Cancéropôle PACA sur l’interaction système immunitaire cancer et thérapies ciblées. L’objectif principal de cet axe est d’étudier le rôle du système immunitaire comme déterminant du développement et du traitement du cancer. Il mobilise entre Marseille et Nice une vingtaine d’équipes et 6 plates-formes, ainsi que des entreprises de biotechnologie. Les objectifs visent :
- une meilleure compréhension des interactions entre la tumeur et son micro-environnement (systèmes immunitaires inné et adaptif)
- le développement d’essais cliniques et pré-cliniques en biothérapie
- le développement de thérapies ciblées et de vaccins thérapeutiques
- le développement d’interactions étroites entre études cliniques et modèles murins pertinents.

Le Laboratoire d’Immunologie des Tumeurs de Marseille souhaite continuer à développer ses axes de recherche afin de faire progresser ses techniques. Le LIT compte bien étoffer son équipe en recrutant des scientifiques qualifiés. En attendant, il travaille déjà autour de nouveaux projets de recherche dans le but d’intéresser des étudiants et des post-doctorants…

M. HASLÉ

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