Mai 2008 - n°132
L’ARC soutient un projet grenoblois de recherche sur les cancers digestifs
Le 11 février 2008, à l’Institut de Biologie
Structurale Jean-Pierre Ebel (IBS) de Grenoble, a été présenté
un projet pluridisciplinaire de recherche fondamentale portant sur une protéine
impliquée dans le cancer du pancréas. Ce projet a pour objet
d’étudier des récepteurs membranaires impliqués
dans la prolifération des cellules cancéreuses dans le cancer
du Pancréas, pour en faire à long terme des cibles pour la mise
au point de traitements spécifiques.
L'ARC a attribué une subvention de 160 000 euros à ce projet,
répartie entre les 3 équipes, pour une durée de 24 mois…
Jacques Raynaud, Président de l’Association pour la Recherche
sur le Cancer (ARC) a ainsi confirmé le soutien officiel de l’ARC
à ce projet de recherche co-piloté par Laurence Serre de l’IBS,
par Bernard Pucci du Laboratoire de Chimie Bio-organique d’Avignon et
par Jean-Louis Banères de la Faculté de Pharmacie de Montpellier.
Cette manifestation s'est déroulée en présence de Gérard
Arlaud, responsable d’un laboratoire de l’Institut de Biologie
Structurale Jean-Pierre Ebel, représentant Eva Pebay-Peyroula, Directrice
de l’Institut, ainsi que de représentants de l’Université
Joseph Fourier, du CNRS et du CEA.
Un soutien important qui permettra aux équipes de Laurence Serre, Bernard
Pucci et Jean-Louis Banères de poursuivre les travaux de recherche
entamés depuis 2002 et qui avaient déjà fait l’objet
d’un financement de l’ARC de 135 000 euros en 2004 pour initier
le projet.
3 équipes complémentaires
Le cancer du pancréas représente aujourd’hui plus de 5
000 nouveaux cas par an, soit 10 % des cancers digestifs. C’est un cancer
actuellement difficile à diagnostiquer de manière précoce.
Les cellules cancéreuses du pancréas ont une forte capacité
de prolifération et de propagation aux autres organes du système
digestif. Le nombre de patients touchés par ce cancer ne cesse d’augmenter
et la nécessité de trouver des traitements curatifs plus efficaces
en fait, à ce jour, un véritable problème de santé
publique.
Le projet de recherche de l’équipe grenobloise de Laurence Serre
et des équipes de Bernard Pucci et Jean-Louis Banères vise à
mieux caractériser deux récepteurs membranaires, les récepteurs
du leucotriène B4 des leucotriènes BLT1 et BLT2, localisés
anormalement à la membrane des cellules cancéreuses du pancréas
(alors qu’ils ne sont pas présents chez des cellules saines)
et qui sont impliqués dans la régulation de la prolifération
de ces cellules cancéreuses. Les équipes souhaitent pouvoir
décrire le fonctionnement de ces récepteurs à l’échelle
atomique. Il s’agit pour cela de caractériser ces récepteurs
d’un point de vue biochimique et de résoudre leurs structures
tridimensionnelles par cristallographie des rayons X.
Ce projet est co-piloté par 3 équipes de recherche qui travaillent
ensemble depuis 2004, chaque équipe apportant son expertise nécessaire
sur des champs distincts.
La synthèse chimique : L’équipe de Bernard Pucci du laboratoire
de Chimie Bio-organique et des Systèmes Moléculaires Vectoriels
(Université d’Avignon).
Cette équipe développe des recherches dans le domaine
de la chimie appliquée aux sciences du vivant. Le but poursuivi est
l'amélioration de l'index thérapeutique des médicaments,
notamment des agents anticancéreux, en leur assurant un transport dans
l'organisme et un ciblage cellulaire. Ce ciblage cellulaire nécessite
en premier lieu la reconnaissance et la caractérisation des protéines
membranaires cibles souvent impliquées dans le développement
du cancer. Une des fonctions premières de cette équipe est donc
la mise au point de molécules tensioactives, nécessaires à
la cristallisation des récepteurs membranaires BLT1 et BLT2, et la
recherche d’inhibiteurs pour favoriser l'étude de ces récepteurs.
La biochimie fonctionnelle des récepteurs : L’équipe
de Jean Jean-Louis Banères de l’Institut des Biomolécules
Max Mousseron (CNRS-Montpellier).
Les Récepteurs Couplés aux Protéines-G (RCPGs)
constituent la plus grande famille de protéines membranaires chez l'homme
et sont impliqués dans le contrôle de nombreuses fonctions cellulaires.
L’industrie pharmaceutique investit énormément dans les
programmes consacrés à la mise au point de nouvelles molécules
thérapeutiques ciblant les RCPGs avec pour application le traitement
de pathologies aussi variées que le cancer, l’obésité,
les troubles d’ordre psychiatrique, les maladies cardiovasculaires et
gastro-intestinales ou des désordres immunitaires.
Dans ce contexte, les travaux de cette équipe portent sur l'étude
du fonctionnement des RCPGs dans le but de définir de nouveaux concepts
pharmacologiques. Les cibles étudiées sont les récepteurs
BLT1 et BLT2 qui jouent un rôle central dans l’inflammation cellulaire.
La cristallographie des protéines : L’équipe de
Laurence Serre de l’Institut de Biologie Structurale Jean-Pierre Ebel
(CEA/CNRS/Université Joseph Fourier, Grenoble).
La cristallographie des rayons X apporte des informations biologiques
à l’échelle atomique sur les protéines. Cette grande
précision est un atout pour étudier les propriétés
réactives des protéines ou encore pour décrire l’interaction
d’une protéine avec ses partenaires cellulaires (ligand biologiques,
drogues ou d’autres protéines). L’étape la plus
critique de ce type d’étude demeure la cristallisation dont la
réalisation dépend de la qualité de l’échantillon
biologique. La cristallisation est un processus particulièrement difficile
lorsque les protéines étudiées sont membranaires comme
les récepteurs BLT1 et BLT2. Depuis plusieurs années, l’un
des intérêts de cette équipe est de développer
différentes stratégies pour faciliter la cristallisation et
l’étude cristallographique des protéines membranaires.
Deux grands acteurs de la recherche impliqués
A la fois centre de recherche, plateau technique, site d’accueil et
de formation scientifique, l’Institut de Biologie Structurale (IBS),
créé en 1992, est une unité mixte de recherche associant
le CEA, le CNRS et l’Université Joseph Fourier de Grenoble. L’institut
a pour vocation l’étude des liens entre structure et fonction
des protéines. L’institut propose une approche multidisciplinaire
(aux frontières de la biologie, de la physique et de la chimie) alliant
recherche fondamentale, développement de techniques innovantes et formation
de jeunes chercheurs.
Analyser la structure des protéines nécessite des techniques
adaptées à leur taille. Parmi les plus courantes utilisées
à l’IBS, citons :
- la cristallographie des rayons X,
- la spectroscopie par Résonance Magnétique Nucléaire
(RMN)
- la microscopie électronique
En outre, l’IBS dispose d’un important plateau technique : appareils
permettant d’assurer le contrôle qualité des protéines
étudiées, plateformes automatisées de clonage et de production
ainsi que de cristallisation des protéines. L’Institut est également
équipé pour les études d’interactions moléculaires
ou la dynamique moléculaire.
L’IBS s’intègre dans un ensemble plus vaste, le Partenariat
pour la Biologie Structurale (PSB) incluant l’EMBL (European Molecular
Biology Laboratory), l’ESRF (European Synchrotron Radiation Facility)
et l’ILL (Institut Laue-Langevin), et dont le premier objectif est l’étude
des protéines d’intérêt médical. Ce partenariat
crée sur le polygone scientifique de Grenoble un pôle d’excellence
en biologie structurale, unique au monde.
Créée en 1962, l’Association pour la Recherche sur le
Cancer (ARC) est aujourd'hui l'un des tout premiers contributeurs privés
à la recherche en France. Une recherche qui a fortement contribué
à faire progresser la lutte contre le cancer.
L'Association pour la Recherche sur le Cancer a apporté depuis 10 ans
un soutien de 287 millions d'euros à la recherche sur le Cancer en
finançant 8300 projets de recherche. Des financements reposant exclusivement
sur l'apport de donateurs privés, à l'exclusion de toute donation
publique. Et aujourd’hui, l’ARC, ce sont 220.000 donateurs fidèles
et informés, plus de 11 millions d’euros de dons collectés,
plus de 28 millions d’euros de legs, donations et assurances-vie.
Ces 5 dernières années, l’ARC a alloué au total
3,7 millions d’euros à 115 projets de recherche sur le cancer
du pancréas. En région Rhône-Alpes depuis 10 ans, ce sont
au total 841 projets de recherche qui ont été financés
par l’ARC à hauteur de 29,1 millions d’euros.
MH