Mai 2008 - n°132

Un nouveau centre de recherche en Touraine : le CERRP, Centre d’Etude et de Recherche sur les Radio-Pharmaceutiques

Depuis début 2008, la Touraine compte un nouveau centre de recherche de pointe dans le domaine médical. Sa vocation ? Mettre au point de nouveaux radio-pharmaceutiques utilisés notamment en neurologie et cancérologie.
Gros plan sur la création de ce Centre d’Etude et de Recherche sur les Radio-Pharmaceutiques, le CERRP…

Un outil de choix pour la recherche biomédicale

Le Centre d’Etude et de Recherche sur les Radio-Pharmaceutiques (CERRP) a été inauguré le 19 janvier dernier, en présence de nombreuses personnalités dont l’ancien Président de la République Valéry Giscard d’Estaing. Ce Centre a pour objectif de développer de nouveaux médicaments radio-pharmaceutiques et des méthodes d’exploration scintigraphique pour aider au diagnostic précoce et au suivi des traitements des cancers et maladies neurodégénératives, dont la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson et la Sclérose Latérale Amyotrophique.

Au-delà, le CERRP entend contribuer à accélérer les recherches cliniques sur ces pathologies, en mettant à la disposition des équipes de recherche des radiopharmaceutiques déjà validés, mais non encore commercialisés. Il permettra également aux chercheurs d’accéder à une imagerie moléculaire de haute résolution, en s’appuyant à la fois sur les traceurs développés et sur la technologie de microTEP (Tomographie d’Emission à Positons, spécialisée pour le petit animal).

Rappelons que l’imagerie fonctionnelle in vivo, pivot de la médecine nucléaire, est une technique d’exploration consistant à administrer au patient un radiopharmaceutique (ou traceur radioactif) qui se fixe sur des cibles moléculaires dans un organe selon son état fonctionnel. L’image obtenue par tomographie d’émission de positons (TEP) offre une « photographie » du fonctionnement de l’organisme à un moment donné.

Le traceur habituellement utilisé est un analogue du glucose marqué par le fluor 18, appelé le FDG, que le laboratoire Cyclopharma est un des rares opérateurs français à produire. Un programme européen, piloté par le Pr Denis GUILLOTEAU (directeur de l’UMR INSERM U930, CNRS FRE 2448, Université François Rabelais de Tours), a déjà débuté afin de visualiser les plaques amyloïdes dans le cerveau de malades atteints de maladie d’Alzheimer. L’étude des maladies neurodégénératives est un des objectifs majeurs du CERRP.

Le Centre d’Etude et de Recherche sur les Radio-Pharmaceutiques vise enfin à renforcer la position de ses partenaires dans les réseaux de recherche européens, ainsi qu’à valoriser la recherche, en passant de la paillasse à la commercialisation et à l’application clinique.

Au service de la recherche partenariale

A Tours, la valorisation de la recherche est conçue comme un véritable outil de développement scientifique, comme une force pour l’insertion professionnelle des jeunes diplômés et comme un levier du développement économique régional. Dans ce contexte, l’Université de Tours (Université François Rabelais) a donc mis en place plusieurs Centres d’Etude et de Recherche (CER) afin de faciliter la création de laboratoires mixtes publics - privés, avec les industriels de la Région.

En cinq ans, avec le soutien des collectivités locales et territoriales, cinq CER ont ainsi été fondés en partenariat avec les entreprises : CERTEM (technologies de la microélectronique, avec Stmicroélectronics), CEROC (outils coupants, avec Safety), CERMEL (matériaux élastomères, avec Hutchinson), CERMANUM (maison numérique, avec HF Compagny) et CERRP (radiopharmaceutiques, avec Cyclopharma).

Fidèle à sa mission première, le CERRP initie donc un nouveau partenariat public-privé : celui du laboratoire Cyclopharma avec l’Université de Tours, l’Inserm et le CHRU. « Entre le laboratoire industriel auvergnat Cyclopharma et notre équipe mixte Université-Inserm U930, implantée au CHRU de Tours, la rencontre était inéluctable ; notre unité développe et utilise de longue date des traceurs radioactifs pour l’exploration cérébrale, alors que le laboratoire Cyclopharma est né pour produire et commercialiser ce type de médicaments », explique M. Denis GUILLOTEAU. « De la rencontre au partenariat, il n’y avait donc qu’un pas, vite franchi, tant l’intérêt d’associer les connaissances scientifiques et les programmes de recherche de l’un, aux savoir-faire industriels et aux moyens de production de l’autre, semblait évident… »

C’est cet engagement fort de l’Université François Rabelais dans les partenariats public-privé et la qualité des travaux menés par l’équipe de Denis GUILLOTEAU, conforté par le soutien des collectivités locales et territoriales, qui ont convaincu les laboratoires Cyclopharma d’implanter à Tours leur unité de production de radiopharmaceutiques. Le site fournira ainsi en traceurs radioactifs les services de médecine nucléaire du grand Ouest et de la région parisienne, tout en étant ouvert aux équipes de recherches universitaires. Fait exceptionnel, en effet : le cyclotron, qui permet aux laboratoires Cyclopharma de produire les traceurs radioactifs, sera utilisé à des fins de recherche par l’équipe hospitalo-universitaire Inserm U930.

Le cyclotron, cœur des activités du laboratoire Cyclopharma

Le 27 février dernier, le cyclotron a pris sa place dans l’enceinte du laboratoire Cyclopharma et du CERRP. Cet équipement de haute technologie, pesant plusieurs tonnes et acheminé par convoi exceptionnel, a été installé au coeur du bâtiment. Il n'en n'existera, à terme, que 12 exemplaires sur l'ensemble du territoire français.
A l’occasion de cette opération, Bernard SALIN, PDG des laboratoires Cyclopharma, Michel LEZEAU, Vice-président du Conseil Général d’Indre-et-Loire, Jean GERMAIN, Président de Tour(s)plus, 1er Vice-président de la Région Centre, Alain GOUDEAU, adjoint au Maire de Tours, Francis GAUTHIER, responsable du service valorisation de l’Université, et le Pr Denis GUILLOTEAU, ont présenté l’activité des laboratoires Cyclopharma et du Centre d’Etudes et de Recherche sur les Radio Pharmaceutiques.

Ils ont ainsi rappelé que la constitution du CERRP a pour objectif principal de créer les conditions optimales de collaboration entre partenaires publics et privés dans le domaine des spécialités radiopharmaceutiques. Les objectifs (2006-2009) sont les suivants :
* Développement de nouveaux médicaments radiopharmaceutiques ;
* Développement de méthodes d’exploration scintigraphique pour le diagnostic et le suivi des traitements en neurologie et psychiatrie (Parkinson, Alzheimer, Autisme …), en cancérologie, en cardiologie…
* Apports pour le diagnostic et la thérapie à partir des travaux sur les modèles animaux (Imagerie Petit Animal) ;
* Mise à disposition de radiopharmaceutiques pour la recherche clinique…

Le CERRP renforcera ainsi indéniablement le positionnement du département dans le secteur des biotechnologies. L’Université François Rabelais entend d’ailleurs conforter cette politique de partenariat et de valorisation de la recherche, en ouvrant ses plateaux techniques aux PME et en étudiant la création de nouveaux CER, notamment dans le domaine des sciences de la vie…

SD

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