Juin 2008 - n°133
Le CART détecte les substances chimiques dans tout type de matrice !
Créé en 1999, le Centre d’Analyse des Résidus
en Traces (CART) est un centre interfacultaire de recherche de l’Université
de Liège. Il a pour mission de détecter tout type de substances
chimiques, même en concentrations infimes, dans toutes les matrices
y compris celles des denrées alimentaires.
Avec un chiffre d’affaires de près de 3.000.000 € et fort
de ses atouts, le CART a su se forger une réputation internationale
pour l’analyse de résidus et de contaminants organiques persistants,
notamment les dioxines et les PCBs dans les denrées alimentaires, l’environnement
et le sang. Ces analyses sont accréditées selon la norme ISO
17025.
Le CART est également Laboratoire National de Référence
(LNR) pour l’analyse des dioxines dans la chaîne alimentaire (pour
les analyses de confirmation par chromatographie gazeuse couplée à
la spectrométrie de masse à haute résolution ou GC-HRMS).
Une création nécessaire
Il faut savoir que le CART a été fondé en 1999, en réponse
aux besoins importants en analyses chimiques performantes, clairement apparus
en Belgique lors de la crise de la Dioxine du printemps 1999. Il a été
construit sur la base de l’expertise et des collaborations déjà
effectives entre 4 laboratoires universitaires. Il s’agit des laboratoires
d’Analyse des Denrées Alimentaires d’Origine Animale (Prof.
émérite G. Maghuin-Rogister, Docteur en sciences chimiques,
prof. Marie-Louise Scippo, Dr en biochimie) ; d’Ecologie Animale et
d’Ecotoxicologie (Prof J-P. Thomé, Dr en sciences biologiques),
de Biologie et de Génétique Moléculaire (Prof. J. Martial,
Dr en sciences biologiques) et de Spectrométrie de Masse (Prof E. De
Pauw, Dr en sciences chimiques).
Il a bénéficié d’un investissement initial de 2,5
millions d’euros de la Région Wallonne et du FEDER.
Une des motivations de création du CART était que les laboratoires
d’analyse soient mieux armés pour affronter les différentes
crises qui affectent régulièrement l’image de marque des
produits alimentaires, plus particulièrement d’origine animale.
Le centre a donc mis à la disposition des autorités compétentes,
des pouvoirs publics et des sociétés privées, un outil
analytique performant permettant de faire face et de répondre à
des situations de crises.
Faire cohabiter l’analyse en routine et
la recherche appliquée
Comme son nom l’indique, le Centre d’analyse des résidus
en traces détecte tout type de substances chimiques dans tout type
de matrice. Pour l’instant, le travail de routine consiste à
doser les polluants organiques de type “ dioxine ” et les PCB
dans les denrées alimentaires et l’environnement mais aussi de
dépister d’autres molécules comme les antibiotiques, les
hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAPs), le furane ou les pesticides.
Grâce aux recherches menées préalablement dans les différents
laboratoires impliqués, le CART est compétent pour les analyses
de la fourche à la fourchette (farines animales, denrées alimentaires
comme le lait, la viande ou le yaourt) mais aussi pour les analyses sanguines,
une compétence fort demandée, étant donné le petit
nombre de laboratoires capables d’effectuer ces mesures (moins d’une
vingtaine au monde).
En parfaite complémentarité avec ces activités de routine,
des travaux de recherche appliquée sont menés sur d’autres
fronts pour améliorer les méthodes, les étendre à
d’autres molécules et développer d’autres systèmes
de détection plus rapides et moins coûteux. Cette recherche appliquée
s’appuie sur les résultats de la recherche fondamentale développée
dans les services membres du CART. C’est un des points forts du Centre
: les analyses en routine et la recherche cohabitent étroitement. Par
ailleurs, le CART est accrédité par BELAC selon la stricte norme
internationale ISO 17025.
Les missions du CART s’articulent autour de 3 grands axes :
Ses autres expertises concernent plusieurs axes :
- Le développement de méthodes analytiques rapides et automatisables
- En recherche fondamentale, le comportement des ions de molécules
biologiques par spectrométrie de masse. Les données ainsi obtenues
sont nécessaires pour la modélisation du rôle de structures
à reconnaissance moléculaire dans des applications analytiques
telles que les biosenseurs, les techniques de séparation par affinité,
les protéines chips,…
- L’analyse de protéines par spectrométrie de masse (protéomique).
Cette technologie permet l’identification rapide de protéines,
soit issues d’un mélange complexe, soit pré-purifiées
par des techniques séparatives (chromatographie d’affinité,
gels d’acrylamide). Ces techniques de pointe permettent de répondre
à des questions médicales physiologiques, où la composition
en protéines permettrait de différencier un état sain
d’un état malade. C’est une étape préalable
à l’établissement d’un outil diagnostique : les
« biomarqueurs ». De plus, cette capacité d’identification
est doublée d’une quantification relative entre deux échantillons
grâce à des techniques de marquages par des isotopes stables
utilisés en spectrométrie de masse (‘heavy peptide method’).
- Dans le domaine chimique-pharmaceutique, l’analyse de l’interaction
drogue-ADN par spectrométrie de masse.
Organisation et collaborations
Pour mener à bien ses projets, le CART dispose actuellement d’un
panel d’instruments unique en Europe. La diversité des spectromètres
de masse couvre pour ainsi dire toute la gamme des appareils commercialement
disponibles : deux GC/HRMS, deux GC/MS de type trappe ionique, deux LC/MSn
de type trappe ionique, un LC/MS/MS triple-quad, un MALDI-TOF, un Q-TOF, et
récemment un MALDI-TOF/TOF et un spectromètre de masse à
transformée de Fourier (FT-ICR) de 9.4 Tesla.
Le CART dispose aussi de détecteurs de type ECD, FPD ainsi que des
équipements diversifiés utilisés en biologie moléculaire,
biochimie et plus particulièrement pour pratiquer des ELISA, des récepteurs
essais (antibiotiques et perturbateurs endocriniens), des tests cellulaires
(CALUX pour les dioxines, furannes et PCBs et autres, pour les de type perturbateurs
endocriniens).
L’équipe du CART se compose de 45 employés avec différents
profils : Docteurs en sciences biologiques, biochimiques et chimiques, doctorants,
ingénieurs chimistes, techniciens de laboratoire, personnel administratif.
Ils mènent 20 projets de recherche.
Le CART entretient des collaborations étroites avec d’autres
laboratoires universitaires belges via des programmes de recherche aux niveaux
régional et fédéral.
Au niveau européen, il participe actuellement à plusieurs projets
du 6e programme cadre : un réseau d’excellence (FAME), un projet
intégré (BIOCOP) et à deux STREP (ADONIS, Biomarqueurs
pour imagerie de la prostate) et VALAPODYN. Aux Pays-Bas, le RIVM à
Bilthoven, le RIKILT à Wageningen, le Food Research Center à
Dublin (Irlande), Queen’s University Belfast (RU), …
En France, Le CART collabore ponctuellement avec plusieurs centres et laboratoires
de recherche comme le laboratoire des annélides (Lille), le Laboratoire
de Physique des Lasers (Université Paris XIII), le laboratoire des
substances naturelles (CNRS, Gif sur Yvette, France), le laboratoire du Prof.
Ph. Dugourd, (CNRS, Lyon), des laboratoires des Ecoles vétérinaires
de Lyon, Nantes et Toulouse, le Laboratoire Communautaire de Référence
de l’UE pour les antibiotiques à Fougères.
Aux Etats-Unis, il collabore avec le Center Disease Control and Prevention
(CDC, Atlanta, Georgia) sur le développement de méthodes analytiques
pour les micropolluants. Le CART est aussi actif dans des programmes de coopération
scientifique en Asie (Chine, Thaïlande et Vietnam)…
Fort de ses nombreux atouts, le Centre d’Analyse des Résidus
en Traces se positionne comme l’un des centres les plus performants
en Europe, tant sur le plan des équipements que sur celui des compétences
humaines. Une place de choix qu’il fera en sorte de conserver…
M. HASLÉ