Juin 2008 - n°133
Le CHU de Toulouse et l’EFS PM unissent leurs forces spécialisées en thérapie cellulaire
Le 29 avril 2008, le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de
Toulouse et l’Etablissement Français du Sang Pyrénées
Méditerranée (EFS PM) ont signé une convention de collaboration
d’une durée de 5 ans pour mutualiser leurs compétences
scientifiques et technologiques respectives dans le domaine de la thérapie
cellulaire.
Cette convention a pour objectif de mieux réussir le transfert des
activités de recherche vers les soins dans de nombreux domaines dont
la cancérologie, grâce à des contributions professionnelles
de haut niveau. L’investissement important en moyen matériel
et humain consenti par les 2 organismes indique l’importance de ce partenariat.
Ce partenariat préfigure les modes de fonctionnement qui seront développés
demain sur le Cancéropôle du site de Langlade, au sein de la
future Clinique Universitaire du Cancer qui verra le jour en 2012 : raccourcir
les délais pour la mise en place de protocoles thérapeutiques
auprès des patients afin de leur faire bénéficier au
plus vite des nouveaux traitements dans le cadre d’essais cliniques.
Il faut savoir que les thérapies cellulaires sont devenues indispensables
pour le traitement de nombreux cancers. Chaque année, plus de 100 greffes
sont réalisées au CHU de Toulouse, grâce notamment à
la compétence des équipes d’Hématologie du CHU.
Depuis une vingtaine d’années, l’ EFS PM et le CHU toulousain
travaillent en étroite collaboration sur le prélèvement
et la greffe de cellules souches hématopoïétiques issues
de la moelle osseuse ou du sang périphérique. Les cellules souches
hématopoïétiques sont des cellules d’origine mésodermique,
caractérisées par leur capacité d’auto renouvellement
et de production de cellules destinées à se différencier
en différentes lignées cellulaires assurant la production permanente
des cellules sanguines. Ainsi, le partenariat se déroule de la manière
suivante :
- le CHU assure le prélèvement des donneurs ou des patients
- l’EFS PM prépare, conditionne et conserve ces cellules grâce
à sa maîtrise de l’ensemble de ces techniques.
- le CHU réalise ensuite la greffe et le suivi du patient.
Nous reviendrons sur les activités respectives de ces deux acteurs
lors d’un prochain article.
Deux essais cliniques concrétisant ce partenariat sont actuellement
en cours :
- ACellDREAM (Adipocyte Cell Derived Regenerate Endothelial
and Angiogenic Medecine)
Il s’agit d’injecter des cellules souches du tissu adipeux dans
les membres inférieurs pour soigner l’artérite critique.
Les deux structures ont fait le pari que la thérapie cellulaire et
la médecine régénérative avec production de cellules
et de tissus sont des voies d’avenir incontournables. Ils travaillent
aujourd’hui sur la mise en place de thérapies innovantes. En
effet, l’équipe CNRS/UPS 5241 de Louis Casteilla a démontré
que le tissu adipeux était un véritable réservoir de
cellules souches, capables de donner naissance à des cellules cardiaques,
vasculaires, osseuses, musculaires… En 2003-2004, cette équipe
avait démontré :
- qu’il était possible de permettre la reconstitution hématopoïétique
de souris irradiées par l’injection de cellules issues des tissus
adipeux
- que certaines cellules des tissus adipeux pouvaient, in vitro, se différencier
spontanément en cellules cardiaques fonctionnelles
- que des cellules de tissus adipeux humains pouvaient se transformer en cellules
constituant les vaisseaux sanguins et qu’elles étaient capables,
dans un modèle animal, de participer à la reconstitution du
flux sanguin après oblitération d’une artère (travaux
réalisés en étroite collaboration avec l’équipe
INSERM U541 de Bernard Lévy).
Ces travaux ouvrent donc des perspectives intéressantes dans la réparation
et la reconstruction des tissus. Les chercheurs de l’EFS PM sont arrivés
à cultiver en nombre suffisant de telles cellules souches à
partir de tissu adipeux humain d’individus de tous âges. Pour
30 g de tissu adipeux, plus de 100 millions de cellules sont obtenues en 14
jours. Le 1er essai clinique concernant l’artérite des membres
inférieurs (obstruction des artères) à l’hôpital
Toulouse Rangueil a été ouvert récemment. Il devrait
être le premier pas vers la démonstration, au niveau international,
qu’il est possible d’utiliser des cellules de tissu adipeux à
d’autres fins que de faire du gras.
- MESAMI (MEsenchymal Stem cells Autograft for Myocardial
Ischemia)
Il s’agit d’injecter en intracardiaque des cellules souches mésenchymateuses
issues de la moelle osseuse pour soigner les insuffisances cardiaques.
Suite a la participation au 1er essai BONAMI promu par le CHU de Nantes et
qui utilisait ce même type de cellules, les équipes du CHU de
Toulouse et de l’EFS PM travaillent sur l’injection de cellules
souches mésenchymateuses pour soigner les insuffisances cardiaques.
Cette thérapie concerne notamment des patients ayant eu un infarctus
du myocarde et souffrant d’insuffisance cardiaque.
L’EFS PM est aujourd’hui capable de produire ces cellules souches
mésenchymateuses en grand nombre.
De son côté, pour cet essai MESAMI, le CHU de Toulouse a développé
une technique de pointe pour injecter, par un cathéter introduit dans
l’artère fémorale, ces cellules souches sur le pourtour
de la zone malade dans le muscle cardiaque (cœur). Cela permettrait de
stabiliser la dégradation cardiaque des malades et d’aider à
la revascularisation du tissu. Les deux partenaires, associés avec
le CHU de Nantes, attendent aujourd’hui l’autorisation de l’Agence
Français de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé
(Afssps) de ce projet promu par le CHU de Toulouse.
Forts de ce partenariat constructif, le CHU de Toulouse et l’EFS PM
renforcent leur leadership en thérapie cellulaire et deviennent des
acteurs incontournables de la médecine reconstructrice pour des pathologies
très fréquentes telles l’infarctus, l’artérite,
les reconstructions osseuses… Dans cette optique, les services d’hématologie
du CHU de Toulouse et ceux de thérapie cellulaire de l’EFS devraient
prochainement s’installer sur le Cancéropôle de Langlade...
MH