2022-02-07
Le réchauffement climatique isole et fragilise encore davantage les récifs coralliens
• Une équipe de l’UCLouvain a découvert que le réchauffement climatique diminue les échanges entre récifs coralliens, affectant leur capacité à se regénérer
• Conséquence : moins résilients, ces écosystèmes, déjà menacés, ont besoin de plus de temps pour se remettre du blanchissement, du passage d’un ouragan, d’une maladie ou de pollutions liées à l’activité humaine
• S’il est trop tard pour sauver certains récifs, Emmanuel Hanert (Earth and Life Institute de l’UCLouvain) garde espoir : « Tout n’est pas perdu mais il est temps d’accélérer »
Hausse de la température des océans, ouragans plus intenses, activités industrielles proches des côtes… : depuis plusieurs années, les scientifiques s’inquiètent des conséquences de diverses perturbations sur la survie des coraux. La découverte faite par une équipe de l’UCLouvain, emmenée par Emmanuel Hanert, ne devrait pas les rassurer : le réchauffement climatique perturbe les échanges de larves entre récifs coralliens, affectant leur capacité de récupération et les rendant encore plus vulnérables aux prochaines perturbations.
Pour obtenir ces résultats, publiés fin décembre 2021 dans la revue Nature Climate Change, l’équipe de l’UCLouvain, en collaboration avec des scientifiques venant d’Australie et des Etats-Unis, a simulé les échanges de larves entre les centaines de récifs qui composent la grande barrière de corail australienne. « Ces simulations ont été réalisées dans les conditions climatiques actuelles et futures, soit avec un réchauffement de 2°C », précise Emmanuel Hanert, professeur en modélisation environnementale au Earth and Life Institute de l’UCLouvain.
Les récifs coralliens occupent à peine 0,2% de la surface des fonds marins mais abritent plus de 25% de toutes les espèces marines connues. Les échanges de larves entre ces écosystèmes garantissent la résilience des coraux, soit leur capacité à récupérer suite à une perturbation, et leur permettent notamment de se repeupler.
Mais le réchauffement global perturbe ces échanges de larves entre récifs coralliens. « En plus de changer la dynamique des courants marins, le réchauffement accélère le métabolisme des larves, en les rendant plus vite capables de se fixer sur un récif et en réduisant leur durée de vie », détaille Emmanuel Hanert. Conséquence : les échanges de larves seront plus faibles et plus locaux. Il faudra donc plus de temps aux récifs pour se remettre d’une perturbation et retrouver leur couverture corallienne.
« Une diminution des échanges de larves sur de longues distances va également ralentir la migration de gènes adaptés aux températures élevées et ainsi diminuer les capacités d’adaptation des populations de coraux aux changements climatiques. »