2022-03-01
Covid-19 et maladies cardiovasculaires : des liaisons dangereuses
La prise en charge des maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité dans le monde, a été retardée ou négligée pendant la pandémie de Covid-19. Pourtant, ces deux affections ont de multiples interactions qui font l'objet de nombreuses études. L'entrée du SARS-CoV2 dans la cellule utilise le récepteur membranaire ACE2 (enzyme de conversion de l'angiotensine 2). Ce récepteur, impliqué dans l'homéostasie cardiovasculaire, est ciblé par les médicaments qui bloquent le système rénine/angiotensine, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC) et les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II (ARA-II ou sartans), très employés en cardiologie notamment pour traiter l'hypertension artérielle ou les suites d'infarctus du myocarde.
Il est rapidement apparu que les patients souffrant de maladie cardiovasculaire, ainsi que les patients à haut risque cardiovasculaire, avaient un risque accru de développer une forme grave de Covid-19. Les complications survenant au cours de la phase immuno-inflammatoire de la Covid 19, dominées par les atteintes pulmonaires, touchent souvent le système cardiovasculaire sous la forme d'accidents thromboemboliques, mais aussi d'insuffisance cardiaque (liée à une myocardite ou d'autre cause), d'arythmies… [1].
En revanche, l'emploi des IEC et des ARA-II chez des patients atteints de Covid-19 ne semble pas associé à une surmortalité, ni à un risque accru d'hospitalisation ou de recours à la ventilation assistée, suggérant qu'il ne faut pas interrompre ces traitements en cas d'infection par le SARS-CoV-2 [2].
La vaccination contre le SARS-CoV-2 peut aussi être la cause d'atteinte inflammatoire du péricarde ou du myocarde, en particulier chez l'adolescent ou l'adulte jeune de sexe masculin [3], mais beaucoup plus rarement qu'après la Covid-19 [4].
Chez l'enfant, une myocardite peut s'observer au cours du « syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique » (PIMS), évènement très rare mais potentiellement grave survenant quelques semaines après l'infection par le SARS-CoV-2.
Jusqu'à présent les séquelles cardiovasculaires survenues au décours de la phase aiguë de la Covid-19 (Covids longs) étaient rapportées uniquement chez des patients hospitalisés, dans de petites séries et avec une durée de suivi brève [5].
>>> https://www.academie-medecine.fr/covid-19-et-maladies-cardiovasculaires-des-liaisons-dangereuses/