2022-08-18
Voler dans les dépressions arctiques pour améliorer les modèles de météo et de climat
En août 2022, deux avions de recherche, véritables laboratoires volants, survoleront l’océan Arctique à l’affût de dépressions polaires afin de mieux comprendre leur développement, leur lien avec la fonte de la banquise, et afin d’améliorer leur représentation dans les modèles de prévisions météorologiques et de climat. Les dépressions arctiques sont des dépressions de grande échelle, typiquement de quelques milliers de kilomètres de diamètre, qui la majeure partie du temps se déplacent au-delà du cercle polaire et peuvent persister jusqu’à 1 à 2 semaines. Beaucoup moins documentées que leurs cousines des latitudes tempérées et potentiellement plus difficiles à prévoir, elles seraient responsables d’épisodes de perte rapide de glace de mer en été. En retour, ces derniers pourraient avoir un impact sur le développement des dépressions arctiques.
Une équipe de recherche anglo-franco-américaine réunie au Svalbard va enquêter sur ces liens entre dépressions, nuages et banquise. Coordonnée par Gwendal Rivière et Julien Delanoë, chercheurs en météorologie au CNRS et à l’UVSQ , la partie française de la mission, du 4 au 27 août 2022, sera centrée sur les nuages au sein de ces dépressions. Les propriétés des nuages et des précipitations (quantité d’eau nuageuse et précipitante, taille et concentration des gouttelettes, forme des cristaux de glace) seront étudiées grâce à la combinaison d’instruments de télédétection (radar, lidar et radiomètre) à bord d’un avion ATR-42 et d’instruments de mesures in situ situés sous les ailes de l’appareil. Le Twin Otter de l’équipe anglaise volera lui au ras de l’eau (à moins de 2 km d’altitude) pour étudier les échanges se produisant au contact océan-atmosphère et banquise-atmosphère. Les mesures des deux avions permettront à terme d’améliorer la représentation des nuages et de la banquise dans les modèles météorologiques et climatiques et aussi de simuler les dépressions arctiques de manière plus réaliste.
Cette mission bénéficie du soutien financier du Office of Naval Research (États-Unis), du CNRS, du CNES (France) et du Natural Environmental Research Council (Royaume-Uni).