2024-04-12
Cancer pancréas : identifier la sensibilité à la chimiothérapie pourrait être une piste prometteuse
Utiliser des signatures prédisant la sensibilité tumorale pourrait constituer une piste prometteuse pour tenter d’endiguer l’importante progression du cancer du pancréas
Marseille, le 21 mars 2024.
Le projet NeoPREDICT, un essai clinique pour les cancers du pancréas borderline - des maladies diagnostiquées à un stade non métastatique, définies par une tumeur opérable mais dont le contact avec les vaisseaux voisins augmente fortement le risque de chirurgie incomplète et de rechute post opératoire - et la personnalisation de la chimiothérapie est en cours à l’Institut Paoli-Calmettes.
Ce projet, aux résultats prometteurs, a obtenu un financement d’1 million d’euros grâce à l’appel à projet national de l’ARC PANCRÉAS 2023.
Le Dr Brice CHANEZ, oncologue médical à l’IPC, porteur du projet, coordonne cet essai clinique particulièrement important et novateur car il teste, dès le diagnostic, la sensibilité du patient à la chimiothérapie pour lui attribuer les chimiothérapies qui sont prédites sensibles.
Le nombre de nouveaux cas de cancer du pancréas augmente depuis 30 ans et le meilleur pronostic reste aux patients opérables dès le diagnostic, situation rare, qui représente seulement 20 % des cas.
La chimiothérapie avant la chirurgie (ou chimiothérapie néoadjuvante) favorise, lorsqu’elle est efficace, une chirurgie précise et permet une amélioration de la survie ce qui en fait un standard international pour les cancers du pancréas borderline.
Actuellement, la chimiothérapie utilisée dans le cancer du pancréas n’est pas basée sur la biologie des tumeurs. Le Folfirinox est la chimiothérapie indiquée pour tous types de tumeurs du pancréas. Elle est efficace, mais toxique. C’est une combinaison de trois produits réservée aux patients en bon état général, capables de supporter cette chimiothérapie.
Ces dernières années, de nombreux travaux ont permis d’identifier des signatures de réponse aux chimiothérapies basées sur la génétique de chaque tumeur. Chaque tumeur du pancréas a une génétique différente ; un cancer du pancréas ne ressemble pas à un autre, ce qui en fait toute la difficulté et les thérapeutiques ne fonctionnent pas de la même manière sur chaque type de tumeur.
Les travaux des Dr Iovanna et Dusetti, chercheurs au Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille ont permis d’identifier des signatures transcriptomiques (signatures de réponse) aux différentes chimiothérapies et ont mis au point des éléments prédictifs de sensibilité et de réponse à ces chimiothérapies.
Ces signatures basées sur l’analyse du génome des tumeurs ont remportés récemment le prix Unicancer de l’innovation. L’essai NeoPREDICT sera conduit en collaboration étroite avec ces chercheurs, les cliniciens de l'Institut Paoli-Calmettes et au niveau national pour rapidement inclure un grand nombre de patients.
« Nous allons identifier, dès le diagnostic des patients ayant un cancer du pancréas borderline, leur sensibilité à la chimiothérapie grâce aux signatures. En fonction de ces signatures, nous allons attribuer les chimiothérapies qui sont prédites sensibles pour chacun des patients » explique le Dr Brice Chanez.
« En utilisant les signatures transcriptomiques, nous proposons d’identifier les patients qui seraient sensibles au Folfirinox, mais qui seraient également sensibles à d’autres chimiothérapies, notamment la Gemcitabine, chimiothérapie potentiellement utilisable dans le cancer du pancréas. » poursuit-il.
La signature transcriptomique existe pour chacune des drogues de chimiothérapie utilisées dans le cancer du pancréas, ce qui permettra d’utiliser plusieurs combinaisons de chimiothérapie avec comme objectif d’être le plus efficace possible pour réduire la masse tumorale chez ces patients.
La biologie de la tumeur sera utilisée pour maximiser l’efficacité des chimiothérapies mais aussi éviter la toxicité engendré par la chimiothérapie reçu « à tord » pour des tumeurs prédites non sensible. L’objectif de l’étude est de sélectionner des patients selon leur sensibilité prédite aux drogues de chimiothérapie et d’obtenir la meilleure réponse tumorale possible pour ensuite permettre la meilleure chirurgie possible en vue d’obtenir le plus fort taux de rémission.
Cet essai clinique est sponsorisé par la Fédération Francophone de Cancérologie Digestive et coordonné entre autres par le CHU de Saint-Etienne et l’Hôpital Beaujon à Paris. Il impliquera les principaux centres experts dans le cancer du pancréas en France sous la coalition intergroupe PRODIGE (Unicancer- FFCD – Gercor).
Forte de son impact national, cette étude pourra inclure un grand nombre de patients avec des tumeurs borderline pour avoir un maximum de patients en un minimum de temps et avoir des réponses rapides sur l’intérêt de guider, par des signatures transcriptomiques (signatures de réponse), l’utilisation de la chimiothérapie.
« Si l’intérêt est démontré par l’essai clinique, cette signature s’étendra au plus grand nombre ; on pourra la rendre utilisable dans un maximum de centres hospitaliers. », conclut le Dr Brice Chanez.
A propos de l’Institut Paoli-Calmettes (IPC)
Fondé en 1925, l’IPC a été certifié par la Haute Autorité de Santé (HAS) en 2021 avec mention Haute Qualité de soins, le plus haut niveau de certification et accrédité Comprehensive Cancer Center par l’OECI (Organisation of European Cancer Institutes), en juin 2019. Avec plus de 2 000 personnels médicaux et non médicaux engagés dans la prise en charge globale de l’ensemble des pathologies cancéreuses : recherche, soins médicaux et de support, enseignement et formation, l’Institut Paoli-Calmettes a réalisé plus de 100 000 consultations et accueilli près de 12 000 nouveaux patients en 2022. Aux côtés de l’IPC, le CRCM s’inscrit dans une démarche durable de l’amélioration de la prise en charge et qualité de vie des patients grâce à l’identification et au développement de nouveaux traitements. La prise en charge à l’IPC s’effectue exclusivement sur la base des tarifs de la sécurité sociale, les dépassements d’honoraires ne sont pas pratiqués dans l’établissement. L’IPC, qui est membre du réseau Unicancer, a établi des coopérations avec une vingtaine d’établissements de santé de la région.
Pour plus d’informations : www.institutpaolicalmettes.fr