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2024-05-15 
Quel est l'impact de la nutrition sur notre mémoire

Paris, le 7 mai 2024 - L'importance d'une alimentation variée et équilibrée, combinée à l'activité physique, pour maintenir la santé et le bien-être est aujourd'hui un principe largement accepté. Avec l'été qui approche, l'attention se porte de nouveau sur les choix alimentaires, notamment en lien avec les différents régimes alimentaires. Se pose alors la question de l'impact de l'alimentation sur la mémoire. Peut-on observer des effets positifs ou négatifs sur le vieillissement cognitif en fonction des régimes suivis ? Par ailleurs, le jeûne, une pratique de plus en plus populaire, a-t-il des bienfaits pour la mémoire ? Pour répondre à ces interrogations, Hélène Amieva, Professeur des Universités en Psychogérontologie et membre du Conseil Scientifique de l’Observatoire B2V des Mémoires, ainsi que Guillaume Ferreira, Directeur de recherche en nutrition et cerveau à l’INRA à Bordeaux, apportent leur expertise.
 
1 - L’alimentation a-t-elle un impact sur la mémoire ?
L'alimentation peut-elle influencer la mémoire ? Le cerveau, bien qu'il ne représente que 2% du poids total du corps, utilise jusqu'à 25% de notre apport énergétique provenant de ce que nous mangeons. Ainsi, il est légitime de considérer que ce que nous consommons peut jouer un rôle dans le fonctionnement du cerveau, y compris dans ses capacités de mémorisation. En effet, les recherches cliniques et expérimentales, tant sur les humains que sur les animaux, convergent pour dire que les régimes alimentaires déséquilibrés, riches en lipides saturés et en sucres (favorisant l'obésité), ont un impact négatif sur la mémoire. Certaines formes de mémoire, telles que la mémoire épisodique dépendante de l'hippocampe, semblent particulièrement sensibles à ces régimes nocifs. Il convient d'être particulièrement vigilant durant l'adolescence, période cruciale de maturation cérébrale, où l'hippocampe est particulièrement sensible à notre environnement alimentaire. En effet, des études récentes soulignent la susceptibilité accrue de cette étape du développement aux effets néfastes des régimes riches en lipides et en sucres sur la mémoire. Pour maintenir de bonnes capacités mnésiques tout au long de la vie, il est donc essentiel d'opter dès le plus jeune âge pour une alimentation variée et équilibrée.
 
2 - Est-ce que les différents types de régimes alimentaires peuvent avoir un impact positif ou négatif sur le vieillissement cognitif ?
L'alimentation joue un rôle crucial en apportant les nutriments nécessaires au maintien des fonctions physiques et cérébrales. Cependant, les relations entre alimentation et fonctionnement cérébral sont complexes. En effet, l'acte de manger va bien au-delà de la simple composition des repas ; il est aussi lié aux rituels alimentaires et aux interactions sociales. Ainsi, réduire l'alimentation à quelques aliments comme des remèdes miracles serait simpliste. Aucun aliment, aussi bénéfique soit-il, ne peut à lui seul améliorer la mémoire ou contrer les effets du vieillissement sur le cerveau. C'est la combinaison synergique de différents nutriments sur le long terme qui peut influencer positivement notre santé cérébrale. Actuellement, les preuves scientifiques les plus solides soutiennent l'efficacité du régime méditerranéen. Ce régime se caractérise par une consommation régulière de céréales complètes, de poisson, de fruits, de légumes, d'ail, d'oignon, ainsi que par l'utilisation principale d'huile d'olive comme matière grasse, une consommation régulière de légumineuses, de noix et de graines, de yaourt et de fromage, une consommation modérée de volaille, d'œufs et de sucreries, un faible apport en viande rouge, et un apport calorique quotidien raisonnable (de 1 800 à 2 500 calories par jour). Les bienfaits protecteurs de ce régime contre les maladies cardio-vasculaires ont été largement démontrés, et ces mêmes nutriments pourraient contribuer à limiter les lésions cérébrales liées aux vaisseaux sanguins, retarder le déclin mnésique lié à l'âge, voire réduire le risque de développer la maladie d'Alzheimer.
 
3 - La tendance du jeûne tend à se démocratiser. Est-ce que jeûner est bon pour la mémoire ? Ou à l’inverse, est-ce qu’il est préférable de l’éviter ?
Le jeûne est une pratique très en vogue dont on ne cesse de vanter les vertus. Certes, des effets bénéfiques sur le système immunitaire et sur les maladies inflammatoires sont possibles. Qui plus est, des résultats suggèrent que le jeûne induirait une augmentation de la production d'une protéine appelée BDNF, un facteur neurotrophique qui favorise la neurogenèse (l'ensemble du processus de formation d'un neurone fonctionnel du système nerveux à partir d'une cellule souche neurale).
De là à affirmer que jeûner est bénéfique pour notre cerveau et de fait, améliore le fonctionnement de notre mémoire, il n'y a qu'un pas... Un pas qu'il convient de ne pas franchir à la hâte car la science nous montre souvent qu'il faut rester prudent. A ce jour, les études qui se sont intéressées aux effets du jeûne sur les fonctions cognitives et la mémoire ne montrent pas de bénéfice réel. Pour autant, la notion de jeûne regroupe différentes pratiques (jeûne ponctuel, intermittent, plus ou moins prolongé...) qui n'induisent probablement pas les mêmes effets. Aussi cette variété de pratiques rend-elle probablement difficile l'étude de ces effets sur la mémoire ? A ces questions, de futures études contrôlant mieux la nature du jeûne mais aussi les caractéristiques des personnes qui le pratiquent devront apporter des éclaircissements.

 
À propos de l’Observatoire B2V des Mémoires
Créé en avril 2013 par le Groupe de protection sociale B2V, l'Observatoire B2V des Mémoires étudie la mémoire sous toutes ses formes : individuelle, collective, numérique... Son Conseil scientifique réunit d'éminents chercheurs en neurosciences et sciences humaines. Les actions menées au sein de ce « laboratoire sociétal » visent à favoriser la prévention à travers deux grands axes : soutenir la recherche et diffuser au plus grand nombre les avancées de la science en vulgarisant l'information scientifique pour faciliter sa compréhension.
Pour ne citer que quelques actions menées par le fonds de dotation Observatoire B2V des Mémoires : la bourse doctorale ; la publication de livres sur le thème de la mémoire ; l'événement grand public La Semaine de la Mémoire ; le podcast Mémoire, dis-moi qui suis je ?
www.observatoireb2vdesmemoires.fr


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