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2024-07-18 
Etude médico-économique : l’impact du deuxième avis dans la prise en charge des pathologies lombaires

Paris, le 16 juillet 2024
84% des personnes souffriront au moins une fois dans leur vie de lombalgie (+ 14% entre 1995 et 2009)[1], des douleurs dans le dos. Plus de 2 salariés sur 3 ont eu, ont ou auront une lombalgie ou dorsalgie[2], touchant particulièrement les 40-60 ans[3] et les femmes[4]. Deuxième motif de recours au médecin traitant[5], le mal de dos représente un véritable enjeu de santé publique en France, avec un impact notoire sur l’état physique et psychologique des patients. C’est aussi un enjeu capital pour les employeurs car source de nombreux arrêts de travail, parfois de longue durée[6]. Le 14 juin, le Professeur Jérôme Allain, spécialiste du sujet, chirurgien orthopédiste et traumatologue du rachis, a présenté au Congrès annuel de la Société Française de Chirurgie Rachidienne, à Montpellier, les résultats d’une étude médico-économique réalisée en 2023 par Kamedis Conseils sur l’impact des avis médicaux obtenus via deuxiemeavis.fr sur la prise en charge thérapeutique des pathologies lombaires[7].
 
Une « banalisation » du deuxième avis
 
En préambule, le Pr Allain a partagé avec ses pairs « une banalisation des prises de deuxième avis par les patients qui consultent fréquemment plusieurs collègues avant de prendre leur décision. C’est assez compréhensible vu, en particulier en pathologie lombaire, la multiplicité des solutions thérapeutiques et les avis variables qu’ils vont pouvoir obtenir. […] Mais c’est aussi vrai dans la pratique chirurgicale car […] les attitudes thérapeutiques que l’on proposera sont également très différentes. »”.
 
Même si les Français l’ignorent encore trop souvent, le recours à un avis spécialisé, à un deuxième avis, est un droit des patients depuis 2002. « L’Allemagne a d’ailleurs introduit dans sa loi l’accès à un deuxième avis médical sur certaines pathologies et les premières études confirment la pertinence médicale de cette démarche dans l’amélioration des prises en charges[8]. », explique Pauline d’Orgeval, présidente et cofondatrice de deuxiemeavis.fr.
 
Résultats de l’étude : 31% d’avis divergents…
 
Pour obtenir l’avis médical écrit d’un médecin spécialiste via deuxiemeavis.fr, le patient doit renseigner un dossier détaillé et structuré (questionnaires, partage des résultats d’examens, des traitements proposés et/ou suivis…). « Sur les 309 dossiers qui ont été expertisés […], 69% des avis étaient convergents avec le premier avis et 31% étaient divergents, ce qui fait quand même une centaine de malades. Ces avis divergents correspondaient soit à une indication chirurgicale initiale qui était récusée, à des propositions d’alternative thérapeutique, à l’inverse parfois à des orientations chirurgicales, des consultations douleur, etc. Mais aussi dans 10 cas, un autre diagnostic que celui qui avait été posé initialement et, dans 17 cas, la nécessité d’examens complémentaires avant la prise de décision. », rapporte le Pr Allain.
 
L’étude montre ainsi que bénéficier d’un deuxième avis pour un mal de dos, c’est 3% d’opérations évitées, une baisse moyenne de 27% des arrêts de travail et une baisse des coûts d’environ 9% en termes de prévoyance. « Une diminution de l’errance diagnostique et une qualité de vie retrouvée plus rapidement. », résume Pauline d’Orgeval.
 
… pour une économie de 1 750€ par patient réorienté
 
« Globalement, si le deuxième avis avait été suivi, […] l’économie de santé sur le deuxième avis quand il était divergent était en moyenne de 1750€ [par patient]. Ca s’explique assez simplement, parce qu’il y avait finalement moins d’indications chirurgicales et des alternatives thérapeutiques moins coûteuses. », analyse le Pr Allain.
 
Six mois après que ce deuxième avis ait été rendu, un autre questionnaire a été proposé aux patients[9]: 95% des patients se disaient très satisfaits ou satisfaits du service rendu et 86% des patients ont suivi le deuxième avis quand il était divergent. « Leur justification était le niveau d’expertise des médecins donnant le deuxième avis et une meilleure compréhension des options thérapeutiques. Ils rapportaient tous le bénéfice d’un avis écrit, qu’il soit convergent ou non, [avec] une meilleure information sur leur pathologie, les traitements et les risques, une meilleure compréhension des alternatives thérapeutiques, et étaient globalement nettement plus rassurés en vue même du suivi du premier avis, [prenant même] une décision plus rapide dans certains suivis du premier avis comme [en cas de] queue de cheval. », détaille le Pr Allain.
 
La Pr Allain a achevé ainsi sa présentation : « En conclusion, ce qu’on peut dire c’est qu’un deuxième avis avant décision thérapeutique est aujourd’hui extrêmement banal. Il y a de nombreux avantages à l’accès dématérialisé, en particulier sur les problèmes territoriaux d’accès aux soins, une accélération de la prise en charge, et une démarche qui est confraternelle, dans le respect du premier avis, avec une trace écrite qui peut être consultée. Pour finir, on a donc 95% de patients satisfaits ou très satisfaits, surtout [par rapport à] la compréhension et l’adhésion aux traitements proposés. [Ils sont] globalement nettement plus rassurés en vue du suivi du premier avis, [avec] une meilleure acceptation des complications qui lui ont été expliquées – on peut imaginer moins de procédures par la suite – et enfin, quand même, 31% des cas avec une proposition d’alternative thérapeutique. »
 
« Au-delà des économies identifiées pour les différents acteurs (AMO, AMC et prévoyance), un patient recevant un deuxième avis via deuxiemeavis.fr pour son mal de dos, quelle que soit sa situation (son niveau de vie, son origine géographique, sa mobilité…), bénéficie d’une expertise médicale en moins de 7 jours (versus plusieurs mois d’attente en général), s’évite des déplacements supplémentaires alors que sa mobilité est restreinte, bénéficie d’un compte-rendu écrit et étayé qu’il peut relire à loisir et partager à son équipe médicale ou à ses proches, gagne en réassurance et en sérénité en étant certain de bénéficier du meilleur parcours de soins, et devient mieux informé donc acteur de sa santé. », conclut Pauline d’Orgeval.
 
En septembre 2021, le Conseil Scientifique de deuxiemeavis.fr avait déjà publié un article[10] partageant de premiers indicateurs et facteurs prédictifs sur l’impact médical du service qui modifie dans 35% des cas en moyenne le diagnostic ou la stratégie thérapeutique du patient (données cumulées actualisées en 2024).
 
 
À propos de deuxiemeavis.fr : www.deuxiemeavis.fr
Lancé en 2016, le service deuxiemeavis.fr propose aux patients confrontés à un problème de santé complexe d’obtenir rapidement l’avis d’un médecin référent de ce problème de santé susceptible d’aider le patient et son médecin à faire le meilleur choix thérapeutique. 100 % sécurisé et confidentiel, dans le respect de la déontologie médicale et du droit des patients, deuxiemeavis.fr garantit en moins de 7 jours l’avis médical argumenté de médecins référents (+ de 350 médecins sur la plateforme) sur plus de 750 maladies sur la base d’un dossier médical complet. Ce service est entièrement pris en charge par les complémentaires santé des patients et les associations de patients. deuxiemeavis.fr ambitionne de démocratiser l’accès à l’expertise médicale en France.

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[1] HAS. Prise en charge du patient présentant une lombalgie commune. Rapport d’élaboration Mars 2019. Paris. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-04/reco315_rapport_lombalgie_2019_04_02.pdf
[2] source : INRS : santé et sécurité au travail.
[3] HAS. Prise en charge du patient présentant une lombalgie commune. Rapport d’élaboration Mars 2019. Paris. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-04/reco315_rapport_lombalgie_2019_04_02.pdf
[4] https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/low-back-pain
[5] https://www.constances.fr/docs/2022_Bailly_Paris.pdf
[6] Plus de chiffres et d’informations sur ce sujet dans le détail de l’étude.
[7] Travail fait sur 309 dossiers colligés entre 1999 et 2021 sur deuxiemeavis.fr pour des pathologies lombaires.
[8] Weyerstraß, J., Prediger, B., Neugebauer, E. et al. (2020). “Results of a patient-oriented second opinion program in Germany shows a high discrepancy between initial therapy recommendation and second opinion” BMC Health Services Research
[9] Avec 45 répondants. Un chiffre assez faible, une des limites dans cette étude soulignée par le Pr Allain, mais qui donne une tendance. Autres limites évoquées : absence d’examen clinique, ne pas savoir combien de patients ont finalement été opérés 1 an plus tard, et les critères sur lesquels les médecins experts ont été référencés.
[10] Sanchez et al. BMC Health Services Research (2021)


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