Novembre 1996 - n°12
L'lnstitut National de Physique Nucleaire et de Physique des Particules a 25 ans ...
Le 14 avril 1971, le décret autorisant la création
d'un Institut National de Physique Nucléaire et de Physique des Particules
-IN2P3- est signé. Doté d'une large autonomie financière,
cet institut du CNRS vise à promouvoir et à coordonner les activités
de recherche fondamentale en physique subatomique, dans une perspective nationale
et européenne.
25 ans après, comment l'lnstitut a-t-il rempli ses missions ?
Comment se prépare-t-il à répondre aux grandes questions
scientifiques qui se posent à lui, à l'aube du troisième
millénaire ?
- Au service de la recherche
-
En 25 ans, les laboratoires de l'IN2P3 sont passés de 11 à
20, dont 3 mixtes avec le CEA et 11 mixtes avec l'Université. Réunissant
actuellement près de 2600personnes - 480 chercheurs, 1780 ingénieurs,
techniciens, administratifs, 275 enseignants-chercheurs ... - I'lnstitut représente
un potentiel technologique de très haut niveau: les chercheurs travaillent
en collaboration avec des équipes techniques spécialisées
en électronique, R&D accélérateurs, informatique et
mécanique pour concevoir et construire leurs propres machines - grands
instruments ou chefs d'oeuvre de miniaturisation -, dont les performances déterminent
les progrès de la discipline.
Le Centre de calcul, outil indispensable pour l'analyse des données,
développe pour sa part les performances d'un réseau, qui garantit
la diffusion rapide des nouvelles technologies dans l'ensemble de la communauté
scientifique. A ce jour, cinq accélérateurs sont opérationnels
dans les laboratoires français: GANIL à Caen, SARA à Grenoble,
SATURNE à Saclay, le TANDEM à Orsay et le VIVITRON à Strasbourg.
S'y ajoute AGOR qui, construit à Orsay dans le cadre d'une collaboration
franco-néorlandaise, est entré en fonction à Groningen
(Pays-Bas).
- A travers le partenariat
et la pluridisciplinarité -
Directeur de l'IN2P3 depuis 1992, Claude DETRAZ se consacre comme ses prédécesseurs
au développement d'une discipline, dont l'objectif est la connaissance
de la structure intime de la matière.
Dans ce domaine, les nombreuses découvertes des 25 dernières annces
ont entraîné l'apparition de concepts nouveaux et l'éclosion
de nouveaux champs de recherche, où physiciens nucléaires et physiciens
des particules unissent leurs efforts.
L'étude du noyau en tant qu'entité et celle des particules, constituants
élémentaires de la matière (quarks et leptons), gardent
toute leur actualité. Cependant, à la frontière de ces
deux domaines, deux autres axes de recherche se développent: la physique
des hadrons, premiers édifices composés de quarks mais aussi éléments
constitutifs de la matière nucléaire, et l'étude du rôle
primordial joué par les particules et les noyaux dans l'évolution
de l'univers.
" Désormais, nous inscrivons nos recherches dans quatre domaines:
matière nucléaire (dans tous ses états), quarks et leptons,
quarks et hadrons dans la matière, noyaux et particules dans l'univers...",
précise Mr DETRAZ. "...nous les élargissons aussi vers des
applications concernant directement la société, puisque l'industrie
électronucléaire est aujourd'hui confrontée à des
problèmes qui appellent un effort renouvelé de recherches fondamentales".
Au coeur du programme scientifique des laboratoires de l'lnstitut, I'ouverture
internationale a toujours été considérée comme une
priorité, voire une évidence; la dimension sans cesse croissante
des expériences en physiqu nucléaire et corpusculaire implique
l'établissement de grandes collaborations mondiales que ce soit en Europe,
auprès du CERN à Genève, du GSI* à Darmstadt, de
DESY à Hambourg ou aux Etats-Unis au CEBAF (Newport News, Virginie) et
au SLAC (Stanford, Californie)... Chacun des programmes repose sur l'effort
concerté de plusieurs laboratoires (4 à 8 en général).
Des liens privilégiés sont noués avec l'industrie et d'autres
secteurs de la recherche:
la chimie dans les expériences de chimie nucléaire et de radiochimie,
I'astrophysique et la cosmologie, la physico-chimie des matériaux et
la biologie pour l'utilisation de techniques issues de la physique nucléaire
ou de la physique des particules.
Associant la recherche, I'enseignement et la formation de haut niveau, I'IN2P3
fête cette année son quart de siècle d'existence. L'année
1996 a donc été choisie pour faire le point sur le rôle,
les missions accomplies et les perspectives de l'lnstitut au coeur de la compétition
scientifique.
Une première cérémonie, organisée le 10 avril dernier
à la Grande Galerie du Museum National d'Histoire Naturelle, a permis
de réunir les différents partenaires de l'lnstitut tandis qu'une
exposition au Palais de la Découverte présentera, à partir
du 18 novembre 96, quelques grandes missions auxquelles participe actuellement
l'IN2P3.
A noter également, ce même 18 novembre, la parution d'un ouvrage,
bilan des 25 premières années de l'lnstitut dans des domaines
aussi divers que l'évolution des connaissances scientifiques, I'historique,
les aspects politiques et sociologiques...
CERN: Laboratoire européen de physique des
particules
GSI: Gesellschait fur Schwerionien Forschung
DESY: Deutsche Elektron Synchrotron
CEBAF: Continuous Electron Bean Accelerator Facility
SLAC: Stanford Linear Accelerator Center
S.DENIS