2022-03-07 - Des données nucléaires révèlent la relation entre exercice physique et poids

Nombre de personnes qui essaient de perdre des kilos commencent par s’abonner à une salle de sport et suivre un programme d’exercices physiques intensifs qui garantit des résultats en peu de temps. Cependant, malgré tous les efforts déployés, cette approche ne fonctionne pas pour tout le monde. Pourquoi la pratique d’exercices physiques intensifs n’est-elle pas le moyen le plus efficace de perdre du poids pour certaines personnes ?

Une étude réalisée en 2021 à partir de la base de données sur l’eau doublement marquée de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) révèle des informations concernant l’efficacité des exercices physiques pour la perte de poids. Les résultats ne sont pas aussi évidents qu’on pourrait le croire.

« Lorsqu’elles suivent des programmes d’exercices physiques pour perdre du poids, la plupart des personnes perdent un peu de poids, certaines en perdent beaucoup, mais quelques-unes prennent du poids », a déclaré John Speakman, professeur à l’Institut de technologie avancée de Shenzhen et à l’Université d’Aberdeen. Il préside le groupe de gestion de la base de données sur l’eau doublement marquée de l’AIEA et est l’un des auteurs d’une étude qui confirme ce que beaucoup de ceux qui cherchent à perdre du poids soupçonnent depuis longtemps : les calories affichées sur l’écran d’un tapis de course ne reflètent pas la réalité des calories brûlées par votre corps.

Selon l’étude publiée dans Current Biology, chez les personnes ayant un indice de masse corporelle normal (entre 18,5 et 24,9), le corps compense de 28 % les calories brûlées pendant l’exercice physique. Cela signifie que les 72 % de calories restantes seront perdues au cours de la journée. Toutefois, avec l’âge et la prise de poids, ce rapport se détériore, et les personnes ayant l’indice de masse corporelle le plus élevé ne perdront que 51 % des calories brûlées pendant l’exercice physique. Cette étude confirme que la manière dont le corps gère l’utilisation de l’énergie varie selon les individus. De plus, les personnes souffrant d’obésité peuvent avoir des difficultés à perdre du poids, car leur corps agit efficacement pour conserver ses réserves de graisse.
« La pratique d’exercices physiques peut être vraiment bénéfique pour la santé, mais vous focaliser uniquement sur cette pratique ne vous aidera pas à perdre du poids », a déclaré Alexia Alford, spécialiste en nutrition à l’AIEA et co-autrice de l’étude susmentionnée. Les conseils pour perdre du poids ne tiennent pas compte de la réduction des calories brûlées dans d’autres fonctions de la vie, car le corps compense les calories brûlées pendant l’exercice physique.
« Si vous intensifiez votre rythme d’activité, votre corps compensera par d’autres moyens et réduira les calories brûlées pendant la respiration, la digestion, lorsque vous êtes en mouvement et pendant l’entretien et le fonctionnement général du corps. Cela peut représenter une quantité considérable de calories », explique Alford. Elle préconise de ne pas se focaliser uniquement sur les exercices physiques pour perdre du poids, mais d’adopter plutôt un mode de vie plus équilibré dans tous les aspects en priorisant l’alimentation pour maintenir un déficit calorifique et perdre du poids. Ses conseils, ainsi que les conclusions de l’étude, proviennent de données issues d’une technique nucléaire impliquant de l’eau doublement marquée (DLW) et s’appuient sur la base de données de l’AIEA.

Réponses dans une base de données DLW
DLW est le nom donné à l’eau riche en une quantité connue de deux isotopes stables (c’est-à-dire non radioactifs et sans danger) : le deutérium et l’oxygène 18. En analysant l’urine d’un sujet d’étude sur une période de 7 à 14 jours après la consommation de DLW, les chercheurs peuvent calculer très précisément la dépense énergétique totale d’une personne. L’avantage de cette technique est qu’elle permet aux sujets de l’étude de continuer à vivre normalement et qu’elle tient compte des calories brûlées à la fois lors d’activités physiques et par le métabolisme du corps en général.
L’utilisation de DLW pour étudier la dépense énergétique globale d’un corps n’est pas nouvelle. Cependant, le coût élevé de l’oxygène 18 et des équipements de mesure a conduit à la réalisation d’études à petite échelle. En 2018, l’AIEA a été approchée par un groupe d’enquêteurs DLW qui souhaitaient rendre leurs ensembles de données largement disponibles ; c’est ainsi qu’est née la base de données DLW de l’AIEA. Aujourd'hui, elle contient les données DLW de plus de 7 600 personnes, ce qui en fait de loin la plus grande collection de données de ce type au monde.

Gratuite et accessible aux chercheurs dont les sujets de recherche sont clairs, précis et approuvés par le groupe de gestion, la base de données DLW de l’AIEA rassemble des données d’une grande diversité concernant des athlètes et des coureurs de haute altitude, des patients atteints de cancer et des personnes souffrant de paralysie cérébrale. La plupart des données proviennent d’études réalisées dans des pays occidentaux, tels que les États-Unis et les Pays-Bas. L’AIEA cherche donc à élargir l’ensemble de données en y ajoutant des données provenant d’autres régions, comme l’Afrique, et lancera en 2022 un projet de recherche coordonné qui permettra de recueillir plus de données sur les pays en développement.

« Notre base de données est un atout d’une valeur inestimable pour mieux comprendre le fonctionnement du corps humain et cette étude sur l’exercice physique en est l’exemple parfait. Si la plupart des études DLW portent généralement sur une trentaine de sujets, notre étude sur l’exercice physique en comptait plus de 1600, ce qui accroît la fiabilité des données », précise Alford. « La base de données DLW de l’AIEA est une richesse inexploitée, et nous encourageons les chercheurs à nous contacter pour avoir accès à son contenu, et à y contribuer avec leurs propres ensembles de données. »

Source : Michael Amdi Madsen, Bureau de l’information et de la communication de l’AIEA https://www.iaea.org/fr

 

Partager cet article :