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2 leviers pour limiter l’impact environnemental du numérique en adoptant une gestion durable des données


Bien qu’immatériel en apparence, le numérique génère déjà aujourd’hui autant, voire plus, d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde que le transport aérien ; et cet impact bien réel ne cesse de croître. A l’heure où les entreprises s’engagent dans des plans de transformation RSE, adopter une gestion plus durable des données pourrait être un levier pour diminuer leur empreinte environnementale.

Au travers d’une série dédiée à l’impact environnemental et social des données, Alcimed vous invite à explorer 3 axes de transformation dont l’adoption d’une gestion durable des données, l’optimisation du stockage des données et l’implémentation de nouvelles technologies. Dans ce premier volet, Alcimed analyse l’intérêt d’une démarche de sobriété dans la gestion des données.


La data, une activité à fort impact environnemental

Une empreinte environnementale sous-estimée


« Le numérique représente déjà aujourd’hui entre 2% et 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. »

Aujourd’hui, nombre d’entreprises concentrent leurs stratégies RSE autour d’actions telles que la limitation des transports aériens ou la réduction des déchets. Bien que clés, ces stratégies pourraient cependant devenir insuffisantes face à l’impact environnemental croissant d’autres activités, telles que la gestion des données. Il est donc important de faire le point sur les priorités de nos entreprises et sur les bonus ou malus que peuvent représenter chacune de nos actions.

Le numérique représente déjà aujourd’hui entre 2% et 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. A titre de comparaison, l’aviation civile en représente 2% à 3% par exemple. Le transfert et surtout le stockage des données, ainsi que la fabrication des composants électroniques nécessaires, sont en effet des processus très énergivores : il a été estimé que la consommation énergétique totale des data centers en 2018 était de 205 TWh, soit 1% de la consommation énergétique mondiale1. En parallèle, une deuxième étude montre que la quantité de données numériques crées ou répliquées par an dans le monde pourrait être multipliée par près de 4,5 entre 2018 et 2025. Si rien n’est fait, l’impact environnemental des données pourrait donc bien exploser dans les prochaines années – en France, on estime que le numérique sera responsable de 7% des émissions de gaz à effet de serre en 2040.

Malgré une empreinte environnementale que l’on ne peut donc plus négliger, la data reste cependant « sous le radar » et son impact sous-estimé. Trois raisons peuvent l’expliquer :
•    L’illusion de l’immatérialité des données et leur faible coût financier, ce qui engendre une génération exagérée de données ;
•    Des pratiques de stockage trop énergivores et inadaptées aux usages ;
•    La récence des technologies de la big data et un manque d’acculturation donc.
Heureusement, il existe des solutions qui pourraient permettre de limiter l’empreinte environnementale de la data et d’ainsi freiner, voire renverser, cette tendance.

L’illusion d’une donnée dématérialisée

« Dématérialiser, c’est matérialiser autrement » (Guillaume Pitron)

Depuis le début des années 2000, la grande majorité des organisations a cherché à remplacer ses archives physiques par le numérique. Dématérialisé, plus facilement exploitable et surtout plus simple et économique à stocker, le numérique est apparu comme la solution idéale. Cette solution était alors même vue comme plus « eco-friendly » que l’impression du papier.
Nous sommes alors entrés dans un paradigme où la gestion de la data est guidée par la maxime « qui peut le plus, peut le moins » et où nous construisons de gigantesques datalakes sans modération et parfois sans but défini a priori. Nous cherchons à maximiser ce que certains appellent encore « le nouveau pétrole » (ironie du sort), ne mesurant pas l’impact réel de ces flux immatériels. Mais, « dématérialiser, c’est matérialiser autrement » (Guillaume Pitron) : la big data est bien physique, et elle pollue. Pour l’illustrer, nous pouvons prendre un exemple simple, issu de notre quotidien : les visioconférences. Participer à une visioconférence d’une heure avec deux autres personnes, sur une plateforme comme Zoom, Teams ou Google Meet, en qualité standard, cause en moyenne un transfert de 750 Mo de données par personne. Au total, cette réunion émettra 55 gCO2eq, soit à peu près autant qu’un trajet de 500 m en voiture. Ces chiffres augmentent avec le partage d’écran et sont multipliés par 2 ou 3 lorsque la vidéo est diffusée en meilleure qualité (720p ou 1080p). Or, tous les jours, ce sont des centaines de millions de personnes qui participent à au moins une visioconférence, notamment depuis 2020. Collectivement, cela équivaut donc à une empreinte carbone d’environ 15 millions tCO2eq, soit environ l’impact de 15 millions de passagers effectuant un aller-retour Paris-New York en avion, chaque jour. Alors que le télétravail a le potentiel d’être plus responsable que nos méthodes traditionnelles, ses gains peuvent donc disparaître si l’on ignore certaines bonnes pratiques (comme préférer le téléphone quand cela peut convenir).

En fait, le taux de conversion entre des giga-octets de données transférées et des grammes d’équivalent CO2 dépend de l’usage qui est fait de ces données et de leur moyen de transfert et de stockage (du fait d’une moins bonne compression de la donnée et d’un stockage énergivore, un e-mail pourrait ainsi émettre 190 fois plus de CO2eq par Mo[6] que les visioconférences, par exemple). Mais quoiqu’il en soit, ce calcul rapide nous permet de comprendre que les données que nous générons, qu’elles soient un sous-produit de nos outils, comme dans l’exemple ci-dessus, ou un véritable actif pour notre entreprise, émettent bien des gaz à effet de serre, au quotidien ; et ce, non seulement lors de leur transfert, mais aussi et surtout lors de leur stockage, comme nous le verrons dans le prochain volet de notre série.


Découvrez comment Alcimed peut vous aider à mettre en œuvre une démarche de sobriété numérique


2 leviers pour limiter le volume de données inutiles dans votre entreprise

Pour limiter l’impact des données de nos entreprises, la première transformation à apporter concerne notre état d’esprit et nos habitudes. Il est important d’adopter aujourd’hui une gestion durable des données en agissant sur deux leviers simples :

1er levier : limiter la génération et le stockage de données non-essentielles

Le but ici n’est pas de prôner une limitation de la génération de données tout entière. En effet, nous devons tout de même souligner ici que la big data est une opportunité et peut être un moteur majeur de l’innovation et de la recherche, par exemple dans le monde pharmaceutique où les données générées lors des essais cliniques peuvent servir à la découverte de nouveaux traitements ou à la meilleure compréhension du fonctionnement de notre organisme. L’enjeu est ici plutôt de pousser chacun à se demander, avant toute chose, si la donnée qu’il génère est utile ; si elle le sera à l’avenir ; si son stockage est nécessaire ; et, si oui, sur quelle durée. Intégrer ces simples questions à nos processus de décision pourrait déjà permettre de limiter considérablement l’impact du numérique dans nos entreprises, car nous stockons aujourd’hui trop facilement un volume exagéré de données qui ne répondent pas à ces critères.

De même, la mise en place de certaines bonnes pratiques quotidiennes (par exemple, l’association GreenIT recommande des campagnes d’archivage régulières, parmi une multitude d’autres initiatives simples et efficaces) et de campagnes de sensibilisation menées auprès de nos collaborateurs pourraient avoir un fort impact. Pour aller plus loin, on pourrait enfin chercher à limiter le nombre d’appareils électroniques utilisés au quotidien, ou à préférer le téléphone quand cela peut convenir, par exemple.

2nd levier : limiter les duplications superflues de données

Dupliquer une donnée peut avoir une valeur sécuritaire et peut donc être nécessaire. Mais, à chaque fois que nous dupliquons un document, quelle qu’en soit la raison, nous doublons aussi son impact environnemental, puisque chaque nouveau Mo stocké consommera de l’énergie chaque jour ! Evitons donc de démultiplier les versions d’un même document ou de sauvegarder plusieurs copies d’une même donnée à plusieurs endroits.

Le numérique est bel et bien devenu un enjeu environnemental prioritaire dont le poids croît encore aujourd’hui de manière exponentielle. La sobriété numérique dans nos actions quotidiennes est une manière simple et efficace d’agir dès aujourd’hui et de freiner, voire de renverser, cette tendance, en limitant les volumes de données stockées au strict nécessaire. Dans les prochains volets, nous explorerons d’autres leviers à actionner dans votre entreprise, en commençant par l’optimisation du stockage des données et comment celle-ci pourrait accentuer votre démarche de sobriété. Alcimed se tient à vos côtés pour vous aider dans votre stratégie de sobriété numérique. N’hésitez pas à contacter l’équipe d’Alcimed ici !

 

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