3 conseils pour construire les parcours de soins du futur
Depuis plusieurs années, le système de santé français fait face à des enjeux considérables : crise dans les services d’urgences, pénurie de médecins, maintien à domicile, explosion des maladies chroniques, impact environnemental des produits et prestations de santé… Repenser l’organisation des parcours patients dans leur ensemble, pour les rendre plus efficients et adaptés aux enjeux actuels et futurs de santé est un objectif partagé par tous. Les industriels de la santé ont un rôle à jouer pour accompagner ces évolutions, ce qui se traduit déjà en pratique par la création de fonctions ou missions terrain centrées sur les parcours de soins. Aussi, favoriser l’innovation dans un écosystème organisé se joue généralement en repartant des spécificités locales de chaque service, centre de soin ou filière pour faire le premier pas vers la transformation à plus large échelle. Dès lors, comment promouvoir de nouvelles façons de faire et solutions innovantes autour des parcours ? Dans cet article, Alcimed développe 3 conseils pour soutenir les acteurs d’un écosystème de santé local dans leurs problématiques organisationnelles autour des parcours de soins.
Qu’est-ce qu’un parcours de soins ?
Un parcours de soins se définit comme la suite des étapes de traitement, séquencées dans le temps, réalisées le plus souvent par des professionnels de santé entre la ville, l’hôpital et le domicile d’un patient.
L’enjeu d’efficience pour garantir un accès équitable aux soins et la qualité de la prise en charge, le tout dans un cadre économique soutenable pour le système de santé, n’est pas nouveau. Mais l’organisation reste l’un des fils rouges de l’Assurance Maladie, dont l’amélioration de l’efficience représente près de 50% de son programme de gestion du risque pour 2024. Optimiser et renforcer les parcours de soins et de prévention reste donc un objectif prioritaire pour faire face aux défis qui y sont associés.
Quels sont les défis autour des parcours de soins en France ?
Décharger l’hôpital comme centre névralgique historique de la prise en charge
S’appuyer sur de nouveaux dispositifs de prise en charge (maisons de santé pluridisciplinaires, services d’accès aux soins, hospitalisation à domicile, dispositifs d’appui à la coordination, plateformes de téléconsultation, etc.) et sur les acteurs urbains (médecins généralistes et spécialistes, pharmaciens, professionnels paramédicaux, associations de patients, etc.) pourrait permettre de décharger les services à l’hôpital. À ces transformations seront associés de nouveaux besoins de formation et une coordination renforcée des professionnels de santé, ainsi qu’une plus grande implication des patients et de leur entourage.
Garantir l’équité d’accès aux soins
Aujourd’hui, cette équité est fragilisée par la tension sur la démographie médicale de certaines professions et les inégalités de répartition territoriale. Aussi, les innovations organisationnelles, thérapeutiques, techniques ou technologiques, comme les nouvelles thérapies géniques et cellulaires (CAR-T cells, etc.), la e-santé, les outils d’aide au diagnostic ou encore les dispositifs médicaux à usage thérapeutique, constituent des leviers importants au service des patients comme des professionnels et bousculeront les pratiques de prise en charge. Pour gérer les implications liées à l’arrivée de ces innovations et favoriser leur intégration dans la pratique courante, il sera essentiel de garantir leur adéquation avec les besoins d’un écosystème de santé et construire les modes de prise en charge associés.
Réduire l’impact environnemental des parcours de soins
L’intégration de la composante environnementale dans les choix relatifs aux thérapies – qu’il s’agisse de la conception des parcours ou de la manière dont les soins sont dispensés ou du choix de l’intervention – sera clé pour réduire l’empreinte carbone du système de santé (contributeur à hauteur de 8% aux émissions de gaz à effet de serre en France). Par exemple, les programmes d’éducation nutritionnelle et d’amélioration de l’hygiène de vie visant à réduire l’incidence du diabète de type 2 ont le potentiel de réduire les émissions liées au parcours patients de plus de 30%.
3 conseils pour construire les parcours de soins du futur au niveau local
Pour faire face à ces défis, il est nécessaire de les comprendre et d’imaginer et construire de nouveaux parcours, en repartant du contexte de chaque écosystème local. Trois conseils peuvent permettre aux industriels de la santé de contribuer à cet effort :
Conseil n°1 : animer un processus de travail pluridisciplinaire
Organiser et animer des réunions pluridisciplinaires centrées sur le parcours des patients et les problématiques qui y sont associées est un premier levier pour questionner l’organisation et imaginer des pistes de travail pour l’améliorer.
Le point de départ de ces réunions est généralement l’identification d’un (des) enjeu(x) ou l’intuition de certains enjeux qui entravent la qualité de la thérapie pour les patients, qui pourraient être améliorés et qui font consensus parmi les parties prenantes de l’écosystème. Ces premiers constats peuvent par exemple concerner le besoin d’élaborer un protocole local de prise en charge pour réduire l’inertie thérapeutique dans des régions difficiles d’accès et qui ont du mal à faire évoluer leurs pratiques.
En s’appuyant sur ces constats, ces réunions rassemblent les parties prenantes concernées et créent un cadre propice aux échanges, par exemple autour :
• De l’état des lieux d’une situation locale/régionale, sur la base des données disponibles et pratiques actuelles des professionnels de santé impliqués dans le parcours
• De cas concrets (témoignages patients, modèles observés dans d’autres régions, etc.) pour identifier des bonnes pratiques et réfléchir à leur intégration en pratique courante
• De mesures et outils existants ou à développer en réponse aux points d’amélioration identifiés
Le changement ne se fera pas en un jour. Ces réunions doivent donc être modulées et vues comme le premier pas d’une démarche plus long-terme ayant pour vocation de construire des bases solides pour la mise en place de mesures concrètes d’optimisation.
Conseil n°2 : valoriser une organisation innovante de soins
Capitaliser sur les résultats de solutions déjà mises en place, comme par exemple un modèle de suivi à distance des patients en oncologie en coordination entre équipes hospitalières et médecine de ville (modèle du projet Onco’Link), et les faire rayonner est un levier important pour inspirer et déployer progressivement la transformation à plus large échelle. Cela peut passer par :
• L’élaboration et le suivi d’indicateurs d’impact et de succès de ces mesures pour en tirer des enseignements, notamment les facteurs clés de succès, freins à anticiper et facteurs de contexte. Valoriser ensuite, au niveau local et au-delà, les bénéfices obtenus facilitera leur déploiement dans d’autres centers et/ou sur d’autres territoires.
• La création de contenus et/ou supports de communication visuels dédiés au parcours patients (publication scientifique autour de bonnes pratiques, posters, brochures patients, etc.) pour sensibiliser la communauté médicale et le grand public et convaincre de passer à l’action en illustrant, par des exemples concrets, les résultats attendus du changement. Ces contenus pourront également être utilisés, en interne et en externe, pour alimenter un plan de communication et d’engagement sur le long cours et soutenir les équipes terrain dans leurs discussions avec les professionnels de santé.
Découvrez comment l’équipe d’Alcimed accompagne les acteurs de la santé dans l’optimisation des parcours patient >
Conseil n°3 : investiguer le parcours et coconstruire un plan d’actions au niveau local
Accompagner le changement dans un écosystème organisé peut enfin passer par la co-construction d’un plan d’actions d’amélioration, pragmatiques et adaptées aux contraintes et ressources d’un écosystème local. Cette approche passe par deux étapes incontournables :
1. Première étape : investiguer le parcours au niveau local et identifier les points de blocage qui empêchent d’atteindre les objectifs attendus et/ou la situation de référence, comme celle préconisée dans les recommandations de sociétés savantes. Ce diagnostic peut par exemple s’appuyer sur des entretiens individuels avec les acteurs du parcours, des observations, l’analyse de données (données de PMSI, données d’impact environnemental…) et/ou l’analyse de cas patients.
2. Deuxième étape : prioriser les points d’amélioration en équipes pluridisciplinaires et pluriprofessionnelles, et imaginer des mesures simples et réalistes à mettre en place (annuaire de référents locaux de prise en charge, checklist d’adressage, communauté de pratique, etc.) et le plan d’actions associé.
Pour garantir le succès du plan, cette approche nécessite au préalable l’engagement de référents locaux motivés et influents pour se positionner comme porteurs de la démarche et mobiliser les autres parties prenantes à leur suite.
Accompagner les mutations en lien avec les parcours de soins offre la possibilité pour les industriels de la santé de générer de la valeur pour le système de santé et les acteurs de la prise en charge, en plus des thérapies qu’ils mettent à disposition. Ces solutions renforcent la connaissance d’un écosystème et l’engagement des parties prenantes, créent une expérience différenciante dans les interactions avec les professionnels de santé et posent les fondements d’un projet innovant et collaboratif, à fort impact sociétal. Il s’agit en outre d’une opportunité inédite de repenser la place et l’expérience du patient dans son traitement et de contribuer aux solutions, alors que les besoins et les aspirations des professionnels de santé évoluent rapidement. Forts de son savoir-faire, avec plus de 60 projets d’optimisation de parcours menés dans de multiples aires thérapeutiques et géographies, Alcimed vous accompagne dans vos projets autour des parcours patients. N’hésitez pas à contacter l’équipe d’Alcimed !