Les tests de diagnostic compagnons, indispensables pour la médecine de précision
Les tests de diagnostic compagnons, indispensables pour la médecine de précision
Servier, acteur engagé pour le progrès thérapeutique au bénéfice des patients depuis 1954, est reconnu, en France et à l’international, pour son excellence scientifique et médicale. En 2022, Servier annonçait les ambitions 2030 visant à accélérer sa dynamique de transformation pour garantir sur le long terme son indépendance et sa création de valeur pour l’ensemble des parties prenantes. Objectif : être un acteur incontournable & innovant notamment en oncologie.
Estelle BOUILLARD de La Gazette Diag & Santé a échangé pour vous avec Brian LOCKHART, directeur monde du département des tests de diagnostic compagnons.
Brian LOCKHART, directeur monde du département des tests de diagnostic compagnons. - Copyright : Servier
Estelle : « Bonjour, pouvez-vous vous présenter : votre parcours, etc.. ? »
Brian LOCKHART : « D’origine irlandaise mais installé en France depuis longtemps, j’ai rejoint le groupe Servier il y a plus de 25 ans. Initialement, mon activité était centrée sur le développement des plateformes technologiques omiques – génomique, protéomique, bio-informatique, histopathologie etc. Ma carrière a toujours été orientée vers le développement de nouvelles technologies et surtout leur utilisation pour la découverte de nouvelles cibles thérapeutiques et des biomarqueurs.
Depuis 3 ans, j’ai opéré un virage via l’évolution du portefeuille au sein du groupe Servier. Je mets toute mon expertise et mon énergie au service du développement du département des tests de diagnostic compagnon au sein de l’Unité de la Médicine Translationnelle. Mon expertise dans le domaine de l’oncologie et de la neurologie m’aide pour accompagner les objectifs de Servier dans sa trajectoire de porter la médecine de précision à son plein essor. »
Estelle : « Concrètement & Simplement, qu’est-ce qu’un test de diagnostic compagnon ? »
Brian LOCKHART : « Un test de diagnostic compagnon permet de faire correspondre une thérapie ciblée à une pathologie donnée. C’est une nouvelle ère pour la médecine de précision. Le test de diagnostic compagnon permet de choisir le traitement le plus adapté à la pathologie détectée.
Aujourd’hui, on a recours à ces tests de diagnostic compagnon principalement en oncologie, mais cela pourrait aussi s’appliquer aux maladies neurologiques. Ce test a pour vocation d’identifier des biomarqueurs prédictifs de la réponse au traitement chez les patients, permettant d’améliorer non seulement l’efficacité, mais aussi la sécurité du traitement sur le patient.
Finalement, lorsque l’on développe un médicament ciblé, il faut désormais penser en parallèle au développement du test, afin de proposer le médicament de manière ciblée et efficace aux patients. »
Estelle : « Pour Servier, quels sont les enjeux et les défis liés au développement de ces tests de diagnostic compagnons ? »
Brian LOCKHART : « Ce qu’il est important de comprendre, c’est qu’il y a une réelle évolution dans le développement des traitements. Comme dit précédemment, nous pensons désormais à un double développement : médicament + test.
Ces dernières années, l’émergence de nouvelles technologies, comme le séquençage haut débit par exemple, a révolutionné nos pratiques diagnostiques. Historiquement, le diagnostic en oncologie était basé sur l’ imagerie et sur un examen histologique issu de la biopsie du patient. Désormais, en plus nous réalisons une signature moléculaire du cancer à partir des biopsies tissulaires ou du sang. L’étude de cette signature moléculaire permet d’identifier certaines anomalies dans ces tumeurs. Ces anomalies peuvent être des mutations, des amplifications, des gènes de fusions mais aussi la sur-expression des protéines etc
L’objectif des cellules cancéreuses est de survivre et donc elles s’adaptent à leur environnement, en mutant ou en se transformant ! Si la survie dépend de ces anomalies, on a là un talon d’Achille, si on arrive à bloquer ces anomalies et leurs conséquences, on a potentiellement une façon d’attaquer ces cellules cancéreuses. Le test de diagnostic compagnon permet de s’assurer que nous avons bien identifié le type d’anomalie chez le patient.
Aujourd’hui, nous ne parlons plus de cancer du sein ou du poumon mais de sous-population issue de l’identification de signatures moléculaires différentes, qui représentent une étiologie différente, un pronostic différent et des traitements différents.
Ainsi identifier le bon traitement pour chaque patient, va dépendre de notre capacité de découvrir des biomarqueurs et à fournir les tests de diagnostic compagnon les plus précis, fiables et robustes possible. Résultat du test et choix du traitement seront étroitement liés. ».
Estelle : « Quelle est la démarche et l’actualité chez Servier pour ces tests de diagnostic compagnons ? »
Brian LOCKHART : « Ces tests de diagnostic compagnons sont issus de nombreuses années de recherche fondamentale, et des approches itératives entre la recherche préclinique et clinique dites La Recherche Translationnelle, afin de déterminer le rôle physiopathologique, prognostique ou ou thérapeutique de chaque anomalie.
Quasiment toute la population a déjà effectué à un moment ou l’autre dans sa vie un test de diagnostic, une prise de sang en laboratoire ou une analyse d’urine de routine etc. j’aime à dire que le test de diagnostic compagnon, c’est « la Formule 1 » des tests de diagnostic. A la différence d’un test de diagnostic classique, lorsqu’on réalise un test de diagnostic compagnon, c’est ce test qui va déterminer le traitement ciblé à utiliser pour le patient pour un type de cancer précis.
Chez Servier, nous avons dans notre portefeuille en oncologie 2 produits issus de la médicine de précision, disponibles sur le marché aux Etats-Unis, en Europe, et en Chine. Ces traitements s’adressent aux patients qui souffrent d’un cancer de type Hémato-oncologique et de type Tumeur Solide avec des molécules qui ciblent une mutation spécifique de ces cancers. En parallèle du développement des traitements, nous avons donc développé un test de diagnostic compagnon avec nos partenaires pour identifier les patients concernés afin de les traiter.
Aux Etats-Unis, il y plus de 170 tests de diagnostic compagnons approuvés, principalement en oncologie. En Europe, le cadre réglementaire est récent :depuis mai 2022, la nouvelle réglementation européenne est beaucoup plus rigoureuse et stricte sur les types de validation et l’utilité clinique des tests associés aux traitements thérapeutiques.
Nous devons aujourd’hui prendre en compte le développement de ces tests qui nécessitent entre 3 à 5 ans de la phase de développement jusqu’à l’autorisation de mise sur le marché.
Chez Servier, notre focus demeure le développement de médicaments innovants. Nous avons donc créé des partenariats avec des sociétés spécialisées dans le développement de tests de diagnostic, et notamment de tests de diagnostic compagnons. Nous avons de nombreux partenaires implantés partout dans le monde. Notre ambition est globale : nous souhaitons l’enregistrement et la mise à disposition de nos nouveaux produits partout dans le monde pour les patients. Chaque marché doit approuver le produit et le test, nous avons donc besoin de partenaires qui ont une connaissance importante des complexités réglementaires pour chaque territoire. »
Estelle : « Avez-vous des cas concrets de ce développement chez Servier ? »
Brian LOCKHART : « Récemment, nous avons conclu un partenariat avec AmoyDx en Chine. Il s’avère que la Chine est un territoire récent en termes d’accès à la médecine de précision et pour le développement des tests de diagnostic compagnons. AmoyDx, c’est une collaboration avec un partenaire local qui a toute l’expertise pour développer des tests diagnostiques avec tous les éléments réglementaires, etc.
Ce partenariat vise à développer un test de diagnostic compagnon pour détecter les mutations des gènes IDH (Isocitrate déshydrogénase) 1 et 2. Ce test sera utilisé pour le vorasidénib, un inhibiteur double des enzymes IDH1 et IDH2 mutantes pénétrant dans le cerveau, développé par Servier, pour les patients en Chine atteints d'un gliome diffus présentant la mutation d'un gène IDH. Notre ambition ne se limite pas à cette seule indication, nous avons l’espoir de développer d’autres solutions de notre portefeuille en Chine au bénéfice des patients. »
Estelle : « Quelles sont les prochaines évolutions pour ces tests chez Servier ? »
Brian LOCKHART : « Nous allons poursuivre nos développements autour de cette approche « médicament-test » d’un traitement. Aujourd’hui, vous l’avez compris, il ne suffit plus de dire voilà un nouveau produit. Nous devons proposer un produit avec son test pour une population ciblée.
Nous cherchons également à optimiser les types de tests. En effet, la période d’attente d’un résultat diagnostic est souvent une source de stress et d’angoisse pour les patients. Nous devons identifier des tests robustes, avec le plus haut niveau de sensibilité et de fiabilité. Pour le patient, nous devons produire un résultat rapidement, car c’est ce résultat qui va permettre la prise de décision pour son traitement. Nos tests ne doivent pas générer de faux positifs ou de faux négatifs, aucune marge d’erreur ne doit être tolérée.
Sur les marchés Européen, Américain et Japonais, nous avons noué des collaborations avec Abbott-Diagnostic, Qiagen ou encore Thermo Fisher Scientific. Ce sont des sociétés avec une forte expertise pour le développement de tests diagnostiques, qui ont une renommée globale et solide pour un impact mondiale.
Les tests de diagnostic compagnons sont aujourd’hui une réalité de prise en charge des patients pour les oncologues. Nous avons démontré l’efficacité de certains de nos produits et des résultats de ces études ont d’ailleurs été publiées récemment dans le New England Journal of Medicine..
Pour le monde médical, nos nouveaux traitements doivent avant tout répondre à un besoin médical non couvert. Il y a donc de fortes attentes sur nos développements. Dans notre trajectoire d’innovation thérapeutique, il reste encore des pathologies rares, notamment en oncologie ou en neurologie, avec un fort besoin médical non couvert. Chez Servier, nous avons la volonté d’être une force contributive pour de nouveaux traitements. Notre ADN reste l’innovation thérapeutique ! Ce qui est essentiel et porteur pour moi et nos équipes, c’est justement notre capacité à proposer des traitements innovants et efficaces. »
Servier est un groupe pharmaceutique international gouverné par une fondation, dont l’ambition est d’avoir un impact sociétal significatif pour les patients et pour un monde durable. Les nouvelles ambitions, les nouveaux partenariats, l’émergence de nouveaux traitements et de nouveaux tests de diagnostic compagnons démontrent l’efficacité du modèle unique de gouvernance de Servier, lui permettant d’être engagé pour le progrès thérapeutique au bénéfice des patients !
Pour en savoir plus : Les tests de diagnostic compagnons (servier.com)
Estelle BOUILLARD
©La Gazette Diag & Santé