OPM – Apporter des solutions thérapeutiques et diagnostiques innovantes pour traiter la résistance thérapeutique et l’évolution métastatique des cancers !
Depuis 30 ans, Oncodesign, devenue en 2022 OPM (Oncodesign Precision Medicine), est fondée sur des valeurs de partage, d’entraide, de communauté et de sociabilité pour œuvrer pour le progrès thérapeutique. A l’origine, l’union de 3 co-fondateurs : Philippe GENNE président Directeur général, Karine LIGNEL, COO et directrice générale déléguée et Jan HOFLACK, CSO et directeur général délégué.
Estelle de La Gazette Diag & Santé (Estelle) a échangé pour vous avec Karine LIGNEL & Philippe GENNE.
Karine Lignel, Directrice Générale Déléguée et Directrice des Opérations d’OPM (©OPM)
Philippe Genne, Président Directeur Général et fondateur d’OPM (©OPM)
Estelle : « Bonjour à tous les 2, pouvez-vous nous présenter rapidement OPM ? »
Philippe GENNE : « OPM est une entreprise biopharmaceutique française basée à Dijon, qui se concentre sur le développement de médicaments innovants utilisant des technologies de pointe pour l’avènement de la médecine de précision dans le traitement du cancer. OPM s’investit dans une mission de santé à impact pour les patients ! Cette mission est notre ADN – c’est ce qui nous lie et nous rassemble ! Nous sommes intégrés au cœur de l’écosystème des industries de santé et notre objectif est de développer de nouvelles solutions thérapeutiques efficaces permettant d’améliorer significativement le traitement des patients. L’innovation reste toutefois un parcours difficile, avec des projets longs au cœur d’un écosystème en compétition permanente.
Dans cette mission, OPM s’appuie aujourd’hui sur 22 collaborateurs. Nous sommes une société issue du succès d’Oncodesign, le projet prédécesseur d’OPM qui employait à l’époque près de 250 collaborateurs. Karine LIGNEL a rejoint l’aventure en 2021 lors de la transformation d’Oncodesign, au tout début de l’aventure OPM. Jan HOFLACK, notre Directeur Scientifique, est avec nous depuis le début et a rejoint l’entreprise en 2009. C’est à cette époque que nous avons commencé à développer nos propres projets autour d’une famille de cibles thérapeutiques bien spécifique, les Kinases. Ces enzymes sont impliquées dans le développement des cellules. Leur dysfonctionnement, est suspecté d’être à l’origine de plus de 400 pathologies d’où leur pertinence en tant que cible thérapeutique. Les travaux de Jan ont notamment permis la création de notre technologie phare, Nanocyclix®, qui constitue un atout majeur de notre plateforme technologique actuelle. »
Estelle : « Pouvez-vous nous présenter les technologies d’OPM ? »
Philippe GENNE : « Nous nous appuyons aujourd’hui sur 3 grandes innovations technologiques propriétaires de pointe, à partir desquelles nous générons les produits innovants de notre portefeuille thérapeutique.
Notre technologie la plus ancienne, Nanocyclix®, est une approche de chimie qui nous permet de générer des petites molécules très spécifiques capables de bloquer l’activité de ces fameuses kinases lorsqu’elles ont muté ou qu’elles sont exprimées en trop grand nombre, entrainant le développement d’une pathologie. L’objectif ici est de se débarrasser de la cellule non fonctionnelle ou de réparer le trouble créé par le dysfonctionnement de la kinase.
Nanocyclix® est une technologie propriétaire d’Oncodesign, issue d’un transfert technologique de Janssen en 2010. Au fil des ans et des investissements, nous avons développé une librairie de 12 000 composés capables d’inhiber certaines kinases, dont certaines encore très peu étudiées par la recherche. Ce qui nous intéresse le plus, c’est évidemment de travailler sur les cibles les moins connues : quels sont leur rôles, les possibilités thérapeutiques associées, …
Nous travaillons aujourd’hui à introduire de l’intelligence artificielle au sein de ce programme afin de synthétiser toutes les connaissances dont nous disposons sur les interactions de ces molécules avec leurs cibles, pour optimiser le tri de notre base de données. Grâce à notre expérience, nous avons appris que ces molécules interagissent sur une relation structure-activité bien précise ! Plusieurs travaux sont en cours d’optimisation, aussi bien pour des kinases connues que pour des kinases encore inexplorées, avec pour objectif de proposer des thérapies ciblées en oncologie notamment.
Notre deuxième technologie, OncoSNIPER, nous permet d’identifier et de sélectionner les cibles thérapeutiques les plus intéressantes pour traiter les cancers métastatiques et les cancers résistants. L’essai clinique OncoSNIPE et le projet IMODI en cours alimentent nos bases de données pour permettre à OncoSNIPER d’identifier ces nouvelles cibles thérapeutiques permettant de contourner les résistances aux traitements existants.
OncoSNIPE est un programme PSPC (Projets Structurants Pour la Compétitivité) du PIA3 (Programme d’Investissement d’Avenir 3), mené en partenariat avec Acobiom, Coexya, Expert AI, 19 centres hospitaliers en France, et la fédération Unicancer. La base de données OncoSNIPER est alimentée par les résultats d’un essai clinique conçu, géré et promu par OPM.
IMODI® est une filière de médecine de précision (PSCC) créée en 2011 qui rassemble des experts scientifiques issus de 18 organisations publiques et privées, initialement d’une durée de 8 ans et avec un investissement privé-public de 41 millions d’euros. IMODI® capitalise sur des compétences médicales et de recherche autour de 10 cancers d’intérêt : prostate, côlon, sein, lymphome, pancréas, ovaire, poumon, foie, leucémie aigüe myéloïde et myélome. Notre objectif spécifique étant de créer des modèles expérimentaux de cancer humains xénogreffés chez le rongeur athymique. Plusieurs centaines de modèles ont ainsi été développés en association avec leur base de données, qui vient grossir celle d’OncoSNIPER.
Nous collaborons par ailleurs dans le cadre des programmes liés à OncoSNIPER avec de nombreux partenaires, tels que Servier, Navigo Proteins GmbH, le Campus FederAIDD que nous avons créé etc, notamment pour intégrer des sources de données publiques et privée. OncoSNIPER bénéficie enfin de l’apport des plateformes expérimentales d’Oncodesign Services : IMODI® et OncoSNIPE.
Notre troisième technologie, PROMETHE®, est une approche révolutionnaire ! Depuis 10 ans, le monde pharmaceutique et les biotechs travaillent sur le traitement de certaines maladies métastatiques, qui condamnaient jusque-là les patients. Il s’agit de ce que l’on appelle une Radiothérapie Interne Vectorisée (RIV).
Contrairement à la radiothérapie externe, l’irradiation est vectorisée par des molécules capables de se lier directement et spécifiquement aux cellules tumorales. Ces molécules sont radiomarquées et administrées par voie veineuse, seules ou en combinaison avec une chimiothérapie ou une autre thérapie ciblée. La RIV repose sur l’administration d’un médicament marqué par un isotope radioactif en vue de la destruction des tumeurs et des métastases, de façon spécifique. Son efficacité provient de la radioactivité émise par l’isotope, qui irradie la cible à faible dose et provoque la mort de la cellule tumorale. Ces radioisotopes émetteurs de particules sont dirigés vers des cibles mutées ou sur-exprimées par les cellules tumorales, grâce à des vecteurs biologiques très spécifiques, capables de les reconnaître et de s’y fixer. La spécificité du vecteur pour une cible tumorale permet ainsi d’épargner les tissus sains et de garantir une meilleure efficacité, tout en limitant les effets secondaires, une stratégie particulièrement bien adaptée aux maladies disséminées. Cette approche révolutionnaire est une technologie d’avenir – nous avons déjà signé un accord de collaboration stratégique avec la société allemande Navigo Proteins et nous élargissons actuellement nos collaborations pour développer avec nos futurs partenaires des molécules radiothéranostiques, permettant de diagnostiquer puis de traiter ces maladies ! »
Photo des locaux d’Oncodesign Precidion Medicine à Dijon (©Antoine Martel- Jean Mermoz)
Estelle : « Quels sont les résultats d’aujourd’hui ? »
Philippe GENNE : « Nous avons aujourd’hui un portefeuille de 3 molécules en cours d’évaluation au sein d’essais cliniques. En médecine de précision hors oncologie, nous passons toujours par une phase volontaire sain, permettant de regarder si l’administration de ces produits atteint des doses suffisantes pour avoir une activité sans être toxique.
Notre molécule principale, OPM-101, est intéressante non seulement en oncologie, mais aussi dans les maladies inflammatoires de l’intestin. Nous avons obtenu en avril 2024 un financement public de 5,6 millions d’euros pour le projet DEMOCRITE (Démontrer l’efficacité d’OPM-101 en ciblant RIPK2 dans les maladies inflammatoires de l’intestin) dans le cadre du plan France 2030, qui vise à financer la fin de la phase 1 et la phase 2a dans le traitement des Colites Ulcéreuses Immuno-induites (CUII)
OPM-101 est issue de notre plateforme Nanocyclix® et l’administration chez le dernier volontaire sain de phase 1 est maintenant terminée.
Ce soutien que nous avons obtenu de l’état conforte l’expertise de notre dossier et apporte une confirmation de l’intérêt suscité par notre candidat médicament, porteur d’une innovation de rupture dans le cadre du traitement des patients atteints de colites sévères.
Notre 2ème molécule, c'est OPM-201. Nous l’avons licenciée au laboratoire pharmaceutique Servier en 2022. OPM-201 est active contre la maladie de Parkinson. Il s’agit d’une molécule à fort potentiel capable d’inhiber LRRK2, une cible que nous pensons susceptible de changer les paradigmes de traitement de la maladie de Parkinson.
Notre 3ème molécule, OPM-102, la petite sœur d’OPM-101, est capable d’agir en synergie avec un traitement d’immunothérapie et peut donc potentiellement être très utile contre beaucoup de cancers, dont certains cancers métastatiques. OPM-102 est un inhibiteur de la protéine RIPK2, cette kinase bien caractérisée dans l’inflammation et l’immunité innée. Il est largement reconnu que l’inflammation chronique dans les tumeurs est une force motrice qui accélère l’invasion du cancer, les métastases et la résistance aux médicaments. Notre candidat préclinique OPM-102 a déjà démontré une inhibition de la croissance tumorale dans un modèle préclinique du carcinome du côlon, en monothérapie et en combinaison avec des immunothérapies anti-checkpoints. Nous avons démontré que le traitement avec OPM-102 inhibe la croissance d’organoïdes dérivés de patients atteints de cancer. »
Estelle : « Et pour l’avenir ? »
Philippe GENNE : « En termes de développement, on parle en années bien sûr, même si nous aimerions aller plus vite pour les patients ! En sélectionnant bien les cibles et les technologies utilisées, nous pouvons gagner du temps, c’est-à-dire arriver en moins de 10 ans à une mise sur le marché.
En nous appuyant sur le plan France 2030 et sur d’autres programmes, nous optimisons la poursuite de nos recherches en travaillant sur les priorités, avec la molécule OPM-101 notamment. »
Karine LIGNEL précise : « Nous traversons une période de financement complexe avec des levées de fonds en bourse compliquées. Grâce à notre expérience, nous avons trouvé d’autres façons de financer OPM et nos travaux, via des partenariats à la fois industriels et publics. »
Philippe GENNE : « Pour conclure, ces partenariats, qui allient expériences et expertise, nous permettent de poursuivre nos travaux, pour proposer demain des thérapies innovantes et personnalisées pour la prise en charge des cancers résistants et métastatiques. »
Plus d’infos : https://www.oncodesign.com/fr/
E.BOUILLARD
©La Gazette Diag & Santé