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Comment accélérer le déploiement des protéines végétales en France ?


Les protéines végétales sont séparées en deux grandes catégories : celle à destination des animaux, essentiellement composée de protéagineux (pois, féveroles, lupin, etc.), et celle pour les humains, composée de légumes secs (lentilles, pois chiches, pois cassés, etc.). Bien qu’historiquement cultivées en France, l’Union Européenne a construit un modèle agricole basé principalement sur les cultures céréalières suite aux accords de Dillon Round de 1961-1962 dans le cadre des négociations commerciales du GATT.

Toutefois, depuis 1974, la France met en place des plans de soutien aux protéines végétales pour encourager leur culture sur le territoire. Elles font petit à petit leur retour, notamment parce qu’elles représentent un substitut intéressant aux protéines animales pour l’alimentation humaine. Au-delà de l’aspect nutritionnel, les cultures de légumineuses apportent des effets bénéfiques sur les sols permettant de limiter l’épandage de fertilisants. Elles jouent donc un rôle majeur dans la sécurité alimentaire du territoire, mais restent encore marginales : 18% des cultures, contre 69% pour les céréales. Alcimed revient sur les opportunités de développement et les verrous restant à débloquer pour massifier leur déploiement.

Les bienfaits des protéines végétales pour l’environnement et la santé humaine


L’usage des engrais azotés a deux principales conséquences :
•    L’accélération du réchauffement climatique, car le protoxyde d’azote, dégagé par les engrais azotés, a un pouvoir réchauffant environ 300 fois supérieur à celui du CO2
•    L’eutrophisation des eaux, qui conduit à la prolifération d’algues vertes impactant fortement la qualité de l’eau et la biodiversité

Les légumineuses ont une capacité unique dans le règne végétal : grâce à une symbiose avec des bactéries au niveau de leurs racines, les rhizobiums, elles sont capables de capter l’azote contenu dans l’air (entre 40 et 48 Mt d’azote par an sont fixés par les cultures agricoles). Elles ne requièrent donc pas l’usage d’engrais azotés et en restituent même au sol après leur cycle. Intégrées dans les rotations de culture, les protéines végétales permettent de limiter l’usage des intrants, induisant des économies pour l’agriculteur, ainsi qu’un plus faible impact environnemental.

La France est actuellement très dépendante du soja étranger pour la nutrition animale : 90% est importé, dont 60% provient du Brésil. En plus de s’affranchir de la volatilité des prix et de réduire l’empreinte carbone du soja importé, le développement des protéines végétales sur notre territoire jouerait en faveur de notre souveraineté alimentaire.

Enfin, d’un point de vue nutritionnel, la consommation humaine de légumineuses est encouragée par les pouvoirs publics, à raison de deux portions par semaine. Cela est notamment dû à leur teneur en fibres qui limitent l’absorption des sucres et des graisses par l’organisme, jouant donc un rôle dans la prévention des maladies cardiovasculaires et du diabète. Un lien a également été démontré entre la consommation de fibres et la diminution du risque du cancer colorectal. Les légumineuses doivent cependant être mélangées à des céréales afin d’apporter l’ensemble des acides aminés essentiels. A noter que les risques de carence en protéines concernent principalement les individus qui ne mangent pas suffisamment pour couvrir leurs besoins énergétiques (environ 2350 kcal/jour pour un adulte d’âge moyen) ou ayant des pathologies particulières. D’ailleurs, les apports quotidiens en protéines des français sont supérieurs aux recommandations : un adulte d’âge moyen en France consomme environ 1,1 g/kg corporel de protéines par jour pour un besoin de 0,83 g.



Les enjeux futurs pour massifier le déploiement des protéines végétales en France

Malgré les nombreuses raisons d’encourager le développement des protéines végétales, celles-ci représentent encore une faible part des grandes cultures françaises avec une faible diversité (18% des cultures dont 15% de soja). Pour massifier leur déploiement, il reste de nombreux verrous à lever à tous les niveaux de la chaîne de valeur :
•    Recherche & développement : le soja est majoritairement cultivé en France de par sa bonne digestibilité et son taux protéique élevé. Utilisé en nutrition animale, il permet des rendements supérieurs comparé à la plupart des protéines végétales. Le défi est donc d’améliorer la qualité nutritionnelle de ces dernières, sans en faire des OGM, pour favoriser leur consommation en nutrition animale.
•    Production : une plus grande intégration des légumes secs et des protéagineux dans les assolements permettrait de développer les hectares cultivés. Accompagner les producteurs dans l’identification du rhizobium adéquat selon l’espèce cultivée et les paramètres physico-chimiques du milieu encouragerait leur déploiement.
•    Transformation : le frein principal à la consommation des légumineuses est le temps de préparation, requérant jusqu’à 12h de trempage et 1h de cuisson. Il est donc nécessaire de soutenir l’innovation agroalimentaire pour aboutir à des denrées simples à consommer.

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A propos de l’alimentation humaine, les politiques publiques peuvent jouer un rôle majeur. En effet, l’enjeu de taille pour augmenter la production des protéines végétales est de les intégrer dans les habitudes alimentaires des Français, dont la consommation est presque 4 fois inférieure à la moyenne mondiale. L’éducation est pour cela un levier majeur, notamment via les cantines scolaires qui servent 1,1 milliards de repas par an.

Cependant, au vu de l’intérêt récent porté aux protéines végétales, les filières françaises manquent encore de structuration. Leur compétitivité pourrait être améliorée au travers d’une mise en relation des acteurs, d’une meilleure connaissance du marché et d’un déploiement des filières de transformation aujourd’hui trop concentrées.

Une prise en main du sujet par les politiques publiques à l’origine d’opportunités locales et nationales

Avec le dernier Plan Protéines, lancé en 2020, le Gouvernement marque son soutien au déploiement des légumineuses en France. Une enveloppe de 100 millions d’euros sur 2 ans, soit 10% du budget total dédié au secteur agricole, est consacré à la « Stratégie Nationale sur les protéines végétales ». Cela se traduit notamment par des appels à projets réguliers en lien avec cette thématique.

Certains Projets Alimentaires Territoriaux visent également à augmenter la production et la consommation de légumineuses. Par exemple, l’Établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricoles (ELEFPA) de Quetigny-Plombières-lès-Dijon, en Bourgogne-Franche-Comté, porte le projet de développer et de mettre à disposition des compétences et des outils permettant de promouvoir la valorisation des légumineuses en alimentation humaine. La Communauté d’Agglomération Bergeracoise, en Nouvelle-Aquitaine, ambitionne quant à elle d’accompagner les agriculteurs dans l’adaptation des productions, notamment en réalisant une cartographie des surfaces mobilisables pour les cultures de légumes secs.

Le grand public est également demandeur d’une réintroduction des légumineuses en France. Lors de la Convention Citoyenne pour le Climat, les protéines végétales ont été citées comme levier, à horizon 2040, pour la réduction des gaz à effet de serre, l’amélioration de la qualité des sols et de la santé des hommes.

Les protéines végétales ont de nombreux bienfaits pour la santé humaine, pour l’environnement et pour la limitation des effets du changement climatique. Elles sont également un élément clé de la souveraineté alimentaire française. Toutefois, de nombreux verrous subsistent concernant leur déploiement massif. Pour les lever, des leviers existent au travers de l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur, mais également via les politiques publiques. Alcimed peut vous accompagner dans vos projets, contactez leur équipe !

 

 

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