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L’importance de l’activité physique sur le diabète de type 2


Lors du webinaire du 6 juin dernier, réalisé dans le cadre de la Semaine Nationale de Prévention du diabète, la Fédération Française des Diabétiques a collaboré avec PreciDIAB (Centre National de Médecine de Précision des Diabètes) pour organiser une conférence retraçant la relation entre les personnes atteintes de diabète et l’activité physique, essentielle au même niveau que les traitements médicamenteux et l’alimentation.

La notion d’activité physique concerne tout le monde. L’Organisation mondiale de la santé recommande une pratique d’activité physique d’environ 150 à 300 minutes par semaine, à des intensités modérées. Elle peut cependant être remplacée par une activité physique plus intense de 75 à 120 minutes par semaine. Ces recommandations peuvent varier : chaque minute d'activité compte, et toutes auront des bénéfices pour la santé, surtout dans une société de plus en plus sédentaire. La sédentarité se caractérise par une dépense énergétique, en situation d’éveil, proche de la dépense énergétique de repos en position assise ou allongée . Aujourd’hui, la sédentarité représente un grand danger pour la population. L’Angleterre, très concernée par ce problème, parle de « Sitting is the new smoking ». En effet, selon une étude publiée par l’International Chair on Cardiometabolic Risk (ICCR) en 2012, la sédentarité serait à l’origine de 5,3 millions de décès dans le monde, contre 5,1 millions pour le tabac (en 2018). Ce problème concerne évidemment également les personnes atteintes de diabète, exposées à de plus grandes complications liées à la sédentarité.

Le diabète de type 2 et l’activité physique

Bien que l’activité physiquesoit bénéfique pour l’ensemble des maladies chroniques et cardiométaboliques, il a toujours été compliqué de mesurer son impact avec précision. La principale raison est que l’outil de base pour mesurer l’impact de l’activité physique repose sur un questionnaire d’autoévaluation, ce qui entraîne le plus souvent une surestimation du niveau d’activité physique. La UK Biobank, riche base de données anglaise, a réussi, grâce aux participants munis d’un accéléromètre, à étudier la relation entre le niveau d’activité physique évalué avec cet appareil et le diabète de type 2. Les chercheurs ont alors observé des bouleversements dans deux cas.

Tout d’abord, dans le cas où le patient n’est pas atteint du diabète de type 2, mais seulement « à risque ». Dans une étude publiée en mai 2023 dans BMC Medicine¹, 40 431 participants issus de la UK Biobank ont été examinés pour comprendre la relation entre l’activité physique et le diabète de type 2. Ils ont observé que, pour les personnes ayant respecté le temps de pratique de 150 minutes par semaine conseillé par l’Organisation mondiale de la santé, le risque de développer un diabète de type 2 était retardé de 13,5 ans. Pour les personnes pratiquant une activité physique environ 600 minutes par semaine, leur risque de développer un diabète est retardé de 37,6 ans. Selon une étude citée par Aurélien Descatoire [26] Li G, Zhang P, Wang J, et al. The long-term
effect of lifestyle interventions to prevent diabetes in the China Da Qing Diabetes Prevention Study: a 20-year follow-up study. Lancet 2008;371:1783-9. (docteur en science du sport, avec une orientation sur la thématique du diabète, exerçant à l’hôpital de Roubaix), avec moins de 10 h devant la télévision et 30 minutes de marche à bonne allure par jour, 43 % des nouveaux cas de diabète de type 2 pourraient être évités. Le meilleur moyen pour prévenir une personne à risque (cas de diabète de type 2 dans la famille, par exemple) est donc de se mettre en mouvement.

Pour un diabète déjà en place, « on montre bien que l’activité physique reste le traitement le plus efficace » souligne Aurélien Descatoire. Cette dernière, une fois pratiquée par un patient, entraîne des progrès significatifs dans le ralentissement du risque de progression. Ce ralentissement agit logiquement sur les risques de complications (autant microvasculaires que macro-vasculaires) qui diminuent eux aussi. Concrètement, pratiquer une activité physique va permettre d’améliorer l’hémoglobine glyquée, de diminuer la graisse viscérale (graisse du ventre) et donc de réduire les doses d’insuline, et d'améliorer la tension. Aliette Ventura, présidente de l’Association Française des Diabétiques de Martinique et également diabétique de type 2, témoigne : « Quand j'ai commencé à pratiquer, c'est vrai que je n'avais pas les moyens d'aller en salle, mais j'ai commencé à pratiquer chaque matin au réveil. J'ai commencé à faire 30 minutes, puis 35, 40... effectivement, là j'ai commencé à avoir une perte de poids, ça c'est sûr, et je contrôlais la glycémie le matin avant de partir. Au bout de 3 mois, je vous assure que j'avais déjà perdu 10 kilos. Pourtant, je ne pensais pas au régime, je pensais juste à mon état, à mon bien-être. J'ai commencé à bien dormir, à être moins énervée, moins stressé, moins préoccupée par mon diabète. Quand je suis allée en consultation chez mon médecin, lui-même était étonné de voir que mon hémoglobine glyquée qui était à 12 était passée à 8. »

Le sang contient du glucose. Ce glucose doit être envoyé dans les différentes parties du corps qui en ont besoin pour l’énergie. Parmi les organes qui ont le plus besoin d’énergie et donc de glucose : le muscle. Grâce à l’insuline, le muscle s’ouvre pour faire passer le glucose. Dans un corps entraîné, ce système d’ouverture va être beaucoup plus performant et l’insuline fonctionne mieux (plus grande sensibilité à l’insuline). Pour Aurélien Descatoire, même si les activités d’endurance sont particulièrement efficaces sur la sensibilité à l’insuline, il ne faut pas oublier le renforcement musculaire. Avec une meilleure masse musculaire, la capacité à utiliser du glucose est donc plus importante.

En bref, l’activité physique est plus que bénéfique pour le patient atteint ou à risque de diabète de type 2. « Ce n’est pas l’intensité de cette activité physique qui va être l’élément le plus important. Priorisez avant tout la durée de l’exercice ainsi que sa fréquence ».



L’activité physique accompagnée

Bien qu’elle soit bénéfique pour le patient atteint de diabète de type 2, l’activité physique doit être pratiquée avec précaution. Pour certaines personnes, il peut être difficile de trouver le temps ou l’argent pour pratiquer du sport, même problème pour les personnes âgées ou dans des circonstances invalidantes. Mais alors comment surmonter ces obstacles ?

Dans la plupart des cas, faire un bilan avec son médecin reste la première chose à faire, surtout si l’on souhaite pousser l’activité physique un peu plus loin que la marche. La pratique d’une activité physique dépendra toujours du traitement du patient. Certains peuvent amener à un risque d’hypoglycémie. Pour les médicaments hypoglycémiants, des adaptations peuvent être faites (notamment dans le dosage) avant l’activité physique pour limiter les risques. Pour la glycémie, Aurélien Descatoire conseille de savoir anticiper et de ne pas agir en urgence, de la surveiller régulièrement avec le lecteur glycémique. Se connaître et anticiper sont 2 paramètres fondamentaux pour une pratique en sécurité.

Aujourd’hui, l’activité sportive adaptée, bien qu’elle puisse être prescrite par un médecin, n’est pas remboursée par la sécurité sociale. Le médecin indique alors les pathologies du patient pour que l’encadrant propose une activité physique plus adaptée. Pour ce faire, des dispositifs sont mis en place partout sur le territoire, notamment le sport sur ordonnance qui propose, dans plus de 50 villes du territoire, des parcours particuliers pour les personnes porteuses d’une maladie de longue durée ou chronique. Sans oublier les maisons Sport-Santé, mises en place par le gouvernement (environ 500 sur l’ensemble du territoire). Ces maisons vous guident en réalisant un bilan de santé individuel et vous proposent des parcours sportifs pour accompagner les patients de tous les niveaux. Les associations  de patients se mobilisent aussi pour trouver des solutions pour aider les patients les plus précaires à pratiquer du sport. « En tant qu’association, lorsque nous avons à faire à ce type de patient, nous les orientons et les inscrivons dans la maison de santé. Nous avons fait aussi une demande à l'Agence régionale  de santé pour obtenir des subventions, afin de pouvoir rémunérer les animateurs sportifs et les professeurs. Les communes nous prêtent des salles pour mettre l'activité en place, les personnes inscrites en association peuvent donc faire du sport gratuitement avec un professionnel » intervient Aliette Ventura.

Être confronté à des problèmes de santé peut porter un coup à la motivation du patient, le corps se retrouve affaibli, les performances baissent et le cerveau pense à autre chose que l’activité sportive. La stratégie pour Aurélien Descatoire est de trouver une motivation à court terme comme ressentir ses muscles, retrouver confiance. Pratiquer une activité à plusieurs peut aussi être une source de motivation, cela permet de retrouver une sociabilité et de faire savoir au patient qu’il n’est pas seul dans la maladie.

Les activités physiques, même minimes, apporteront toujours leurs lots de bienfaits pour la santé. Pour une personne atteinte de diabète de type 2, les bénéfices de cette activité sont prouvés. Ce sujet pourtant rarement abordé est capital pour la santé publique, que ce soit pour prévenir ou apprendre à vivre avec la maladie.

¹ Dose-response relationship between device-measured physical activity and incident type 2 diabetes: findings from the UK Biobank prospective cohort study
Jirapitcha Boonpor 1 2, Solange Parra-Soto 1 3, Fanny Petermann-Rocha 1 4, Nathan Lynskey 1, Verónica Cabanas-Sánchez 1 5, Naveed Sattar 1, Jason M R Gill 1, Paul Welsh 1, Jill P Pell 6, Stuart R Gray # 1, Frederick K Ho # 6, Carlos Celis-Morales # 7 8

Source : https://mailchi.mp/aa2ed3d617d7/regardez-notre-webinaire-en-replay-sur-le-diabete-de-type-2-et-lactivite-physique-reguliere?e=38fbe2053c


Hugo Tavano
©La Gazette DIAG & SANTE

 

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