La santé environnementale au cœur des ambitions des Hospices Civils de Lyon !
Les HCL lancent un signal fort sur leur souhait de s’engager encore plus pour la santé, grâce à la création d’un nouveau poste d’assistante hospitalo-universitaire en santé environnementale. C’est en mai 2024 que Dr Marine SARFATI prend ses fonctions avec l’objectif principal de recréer du lien entre les différentes disciplines, professions de santé et les malades, au service d’une médecine préventive.
La santé environnementale, de quoi parle-t-on exactement ?
La santé environnementale englobe toutes les interactions complexes entre l’environnement – qu’il soit écologique, social, sociétal ou économique – et la santé humaine. Chaque individu évolue dans un environnement spécifique qui influence directement sa santé. Par exemple, la qualité de l’air ou de l’eau, affectée par des activités humaines, joue un rôle majeur dans le développement de maladies respiratoires ou infectieuses. Il est aujourd'hui reconnu que les activités humaines dans les sociétés post-industrielles ont un impact majeur négatif sur l'environnement, et donc sur la santé humaine. Cette approche est donc doublement pertinente dans ce contexte.
En France, le système de santé contribue de manière significative à l’impact environnemental global : il représente environ 8 % de l’empreinte carbone nationale.
Le premier volet sur lequel agit Dr SARFATI est la réduction de l'empreinte environnementale du système de soins, en pensant notamment à l’éco-conception de ces derniers. L'éco-conception des soins, c'est le choix d’un soin moins impactant écologiquement tout en gardant un niveau égal de qualité et de sécurité médicales. Un exemple notable en cours de développement est le remplacement des biberons en plastique par des biberons en verre dans les maternités. Cette mesure réduirait la production de déchets tout en éliminant les risques liés à la libération de perturbateurs endocriniens lorsque le lait est chauffé dans des contenants en plastique.
En bref, la santé environnementale repose donc sur une prise en charge globale des patients, prenant en compte les différents aspects de leur environnement : écologique, social, sociétal ou économique. Cette approche globale est particulièrement pertinente pour les maladies chroniques, qui représentent actuellement un poids financier important pour la santé publique (environ 80% des dépenses). Une telle vision intégrée de la santé contribue à répondre aux enjeux sanitaires actuels tout en préparant des systèmes de soins plus durables pour l’avenir.
Un nouveau poste idéal pour la docteure Marine SARFATI
C’est au cours de son master de recherche en lien avec l’expérimentation animale que Marine SARFATI se questionne sur le rapport humain-environnement dans notre société. Après des constats scientifiques alarmants sur la crise climatique et ses liens avec la santé humaine, elle s’engage au sein du collectif The Shift Project – une association française créée en 2010, qui se donne pour objectif l'atténuation du changement climatique et la réduction de la dépendance de l'économie aux énergies fossiles – et intègre le sous-groupe « Santé » en tant que cheffe de projet « Pédagogie et Formation ».
Après un état des lieux, Marine fait le constat d’une forte demande de formation sur la santé environnementale (84%) au sein du monde étudiant, se heurtant à une faible offre de la part des universités et des instituts en médecine et dans d’autres disciplines liées aux métiers de la santé. Elle développe alors une unité optionnelle d'enseignement de médecine et santé environnementale à Lyon comprenant une cinquantaine d'étudiant-es par an. Grâce au soutien des doyens et doyennes de médecine de France, elle coordonne ensuite la création d’une formation numérique de 6h, obligatoire et qui sera déployée sur tout le territoire. Depuis 2023, une vingtaine de facultés de médecine (sur 36) l’ont intégré dans leur programme.
Par la suite, Dr SARFATI se voit proposer le poste d’assistante hospitalo-universitaire en santé publique pour développer des thématiques de santé environnementale, poste qu’elle commence en mai 2024. Au sein du service de recherche et d’épidémiologie clinique, Marine agit sur 3 volets distincts et complémentaires :
- l’enseignement, par la promotion des formations et l’approfondissement pédagogique en lien avec la santé environnementale et les dérèglements environnementaux pour tous les étudiant-es et professionnel-les de santé.
- la recherche, par la réalisation d’un doctorat sur l'obésité chez les femmes en âge de procréer avec un focus santé environnementale pour cerner les leviers activables.
- l’hospitalier, par le développement d’un projet d’éco-audit des services afin d’améliorer les pratiques environnementales d’un service et d’intégrer la prévention
Les ambitions à travers ce poste
Marine SARFATI a pour objectif de rénover l’approche des soins hospitaliers, notamment pour les maladies chroniques, en décloisonnant les services grâce à la santé environnementale. Cette approche, qui considère l’environnement global de chaque patient, permet d’adapter les traitements de manière plus personnalisée et de guider les établissements de santé vers de la médecine préventive.
Un gros pilier sur lequel Dr SARFATI compte également continuer d’agir est le pôle formation, point de départ pour changer et adapter les pratiques hospitalières en passant par l’éducation des patient-es, des médecins et de tout le corps soignant sur le lien entre la santé et l’environnement. Toutes les vidéos réalisées dans le cadre du module numérique sont en libre accès sur la chaîne YouTube « Médecine et Santé environnementale », de même que sur la plateforme FUN MOOC (France Université Numérique) et le site UNESS Formation Ouverte (Université Numérique en Santé et Sport), pour que chaque personne puisse bénéficier d’une formation continue en toute liberté.
Un poste en santé environnementale, un plus pour tous les instituts de santé
Marine SARFATI identifie plusieurs bénéfices à faire de la santé environnementale une spécialité pour les hôpitaux.
Le premier consiste en une approche plus audacieuse de la santé, venant en amont des problèmes pour permettre une meilleure prise en charge des maladies, une amélioration du système de soins dans sa globalité, ainsi qu’une configuration plus optimisée du parcours du patient ou de la patiente à l’hôpital.
Le second est le fait de redonner du pouvoir aux patients et patientes en les responsabilisant par une proposition de prise de recul sur leur propre vie et leurs habitudes au quotidien, sans culpabilité et avec des moyens d’actions concrètes pour prendre soin de leur santé, accélérant ainsi l’initiative d’une nouvelle organisation entre la médecine et la patientèle.
Le troisième bénéfice est la création de nouveaux postes de soins en lien avec la santé environnementale, venant en soutien et en complément des métiers du diagnostic médical (exemple infirmier ou infirmière de pratique avancée ou en santé environnementale). Selon Dr SARFATI, cette nouvelle conjoncture redonnerait du sens au travail chez les professionnel(le)s de santé, ainsi que du lien entre toutes les disciplines et entre chaque partie prenante du processus de soin.
Ce nouveau poste incluant la santé environnementale, initié par les Hospices Civils de Lyon, est un premier grand pas vers une médecine collaborative et participative au service du bien commun !
Pour en savoir plus :
Hospices Civils de Lyon
Marine SARFATI
www.youtube.com/@medecinesanteenvironnement
J Lopes
© La Gazette du Laboratoire