2024-03-21 

Une première mondiale, deux études sur la goutte et la pseudogoutte réalisées par le GHICL

Depuis de nombreuses années, le service de rhumatologie du Groupement des hôpitaux de l’institut catholique de Lille (GHICL) avec l’appui de la délégation à la recherche clinique et à l’innovation mène d'importants travaux de recherche sur la goutte, le rhumatisme par cristaux le plus répandu et connu sur la planète. Au travers de cette expertise internationale, le GHICL publie les résultats de deux études qui révèlent la fréquence majeure de la goutte en Polynésie française en soulignant ses causes génétiques et le meilleur traitement de la crise de pseudogoutte, rhumatisme cousin de la goutte. Deux premières mondiales.

La Goutte, une maladie victime de sa réputation depuis des décennies

Pour une grande majorité de la population il s’agirait d’une maladie auto-infligée de par une addiction à l’alcool ou encore une mauvaise alimentation. Cependant, aujourd’hui, les recherches scientifiques tendent à prouver qu’il y a avant tout un facteur génétique qui pourrait en être responsable. Cette opinion pessimiste de la goutte a pourtant un impact très négatif sur sa prise en charge alors qu’il s’agit du rhumatisme inflammatoire le plus fréquent au monde, y compris en France.

En premier lieu il faut savoir que la goutte correspond à un dépôt de cristaux d'acide urique dans les articulations, ce qui déclenche des inflammations articulaires très difficiles à endurer, certainement les plus douloureuses connues. De plus, la goutte peut toucher toute la population, peu importe l’âge. Généralement les malades sont dans un contexte de comorbidités et les victimes de diabète, d'obésité et de maladies cardiovasculaire dont le risque est multiplié par 6.

Pour en savoir plus, le GHICL et le gouvernement local ont mené des recherches en Polynésie française sur plus de 1 000 personnes pour évaluer la fréquence de la maladie, comprendre pourquoi elle est si haute dans cette partie du globe et plus largement, mieux comprendre la maladie. Les résultats de cette étude sont publiés aujourd’hui et lèvent le voile sur cette maladie trop peu considérée.

L’enquête a été portée par 7 infirmiers dont la majorité viennent du GHICL. Ils ont rencontré autour de 1 000 patients, pendant un rendez-vous d’une heure qui a permis d’évaluer l’état de santé général de l’individu et s’ils sont victimes de la goutte. Les professionnels se sont alors rendus compte que c’est 1 personne sur 7 qui est touchée par la maladie sur le territoire polynésien, la plus haute fréquence mondiale. Et malgré l’hyper haute fréquence de la maladie, elle n’est pas mieux prise en charge. C’est à peine 1 patient sur 3 qui est traité alors que l’on sait comment se débarrasser de la maladie et que le traitement coûte moins de deux euros par patients.

“Notre étude met en lumière la cause avant tout génétique de la maladie, et montre l’absence de lien avec la consommation d’alcool ou les habitudes alimentaires des malades. Notre étude a aussi permis de découvrir un nouveau potentiel gène responsable de la goutte qui permettra, nous l’espérons, le développement de nouveaux médicaments pour contrôler l’inflammation. L’enquête permet aujourd’hui d’affirmer que le poids de la génétique est beaucoup plus fort que le poids de la diététique dans l’apparition de la goutte chez un individu. D’ailleurs, les solutions diététiques ont très peu d’impact sur l’évolution de la goutte et de son traitement. Cette prédisposition génétique montre que la goutte mérite d’être soignée comme n’importe quelle autre maladie, sans culpabiliser les malades qui ne sont pas responsables de la survenue de la maladie, affirme le Pr. Tristan Pascart chef de service de la rhumatologie au GHICL, responsable de l’étude.”
 
La pseudogoutte, une maladie méconnue et sous-diagnostiquée


La pseudogoutte, aussi appelée chondrocalcinose articulaire, qui correspond à un dépôt de calcium dans les articulations, provoque d’importants épisodes d’arthrites semblables à ceux de la goutte, et intervient principalement chez les seniors et d’autant plus lorsqu’ils sont hospitalisés. Puisqu’il s’agit d’une maladie qui touche principalement les personnes âgées et qu’il existe aujourd’hui beaucoup moins de travaux de recherche sur le bien être des seniors, son traitement n’a jamais été étudié.

En partant du postulat selon lequel il existe très peu de recherche sur le traitement quotidien de la pseudogoutte et aucune sur la tolérance des seniors au médicament, l’hôpital Saint Philibert, l’hôpital Saint Vincent de Paul, le CH Armentières, le CH Dunkerque, l’Hôpital Lariboisière (APHP) et Bichat (APHP) se sont saisis du sujet et ont réalisé le premier essai clinique qui a permis de comparer deux médicaments : la cortisone et la colchicine.
112 patients âgés en moyenne de 88 ans ont été tirés au sort pour recevoir l’un ou l’autre médicament. L’objectif de l’enquête était de mesurer la tolérance de chacun des médicaments par les patients car cette caractéristique entre tout autant en jeu que l’efficacité du traitement pour un senior dont la santé est par essence plus fragile.  

Les résultats montrent que les deux médicaments ont été aussi efficaces pour traiter les crises mais qu’au niveau de la tolérance il y avait une grande différence. En effet, la Colchicine provoque le symptôme de la diarrhée, ce qui est très compliqué à vivre pour un senior puisque cela peut provoquer une intense déshydratation.

“Malheureusement, les séniors sont souvent exclus des essais cliniques et la pseudogoutte est historiquement le rhumatisme négligé par excellence, malgré sa fréquence. En réalisant cette étude nous voulions mettre au centre de nos préoccupations l'individu et contribuer au lancement d’une dynamique internationale de recherche sur les progrès pour traiter cette maladie qui commence enfin à voir le jour. Cette première étude réalisée dans la crise de pseudogoutte permet de revoir les habitudes de traitement au profit de l’utilisation en priorité de la cortisone et nous invitons tous les praticiens à faire de même, souligne le Pr. Tristan Pascart qui a piloté l’essai.”
 
Avec les résultats de ces études, ce ne sont pas moins de 600 000 patients qui pourront être mieux pris en charge en France pour la Goutte. Et le GHICL ne s’arrête pas là et prévoit d’ores et déjà de nouvelles études pour justement comprendre combien d’individus sont aujourd’hui touchés par la pseudogoutte et prévoit d’entreprendre de nouveaux essais cliniques dans le traitement de la maladie, y compris dans ses formes chroniques qui sont souvent sous-diagnostiquées.
 

À propos du GHICL :
Le Groupement des Hôpitaux de l’Institut Catholique de Lille (GHICL) est un ensemble universitaire d’hôpitaux, de cliniques, et de services médico sociaux, d’inspiration catholique, de gestion privée, à but non lucratif, participant pleinement au service public de santé. Le GHICL forme aujourd’hui la première structure sanitaire privée non lucrative de la région Hauts-de-France. Tous les soins sont sans dépassement d’honoraire.
La Délégation à la Recherche Clinique et à l’Innovation du GHICL et la Faculté de Médecine, Maïeutique, Sciences de la Santé assure une recherche clinique coordonnée et de qualité au sein du groupement hospitalo-universitaire. Les projets de recherche (ou essais cliniques) sont réalisés au sein des services cliniques du GHICL et sont pilotés avec la DRCI (support méthodologique, statistique, médico-réglementaire, logistiques, etc).

 

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