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2021-04-12 

La réutilisation de médicaments pour gérer la progression du COVID-19

Des chercheurs ont utilisé des études génétiques humaines réalisées à grande échelle afin d’identifier des cibles médicamenteuses importantes dans la gestion des premiers stades de développement du COVID-19.
 
Résumé
 
•    Des chercheurs ont identifié des médicaments qui pourraient être réutilisés pour la prise en charge précoce du COVID-19 et prévenir sa progression.
•    Ils ont croisé des analyses génétiques à grande échelle avec les données sur les médicaments dans le but d’identifier les gènes codant pour des protéines humaines impliqués dans la progression du COVID-19, et qui servent également de cibles à des médicaments autorisés sur le marché.
•    La prescription de médicaments à des patients diagnostiqués positifs au COVID-19, avant que le développement de la maladie ne nécessite une hospitalisation, pourrait contribuer à réduire le nombre de patients nécessitant des soins intensifs.
 

Des chercheurs du VA Boston Healthcare System, de l'Université de Cambridge, de l'Institut européen de bioinformatique de l'EMBL (EMBL-EBI) et de l'Istituto Italiano di Tecnologia (IIT) ont utilisé une étude de génétique humaine à grande échelle pour identifier des cibles médicamenteuses importantes pour la prise en charge du COVID-19 dans les premiers stades de la maladie.
 
Grâce à ces méthodes, les chercheurs ont identifié les protéines IFNAR2 et ACE2 comme cibles de médicaments potentiels pour la prise en charge précoce du COVID-19. Alors que des études précédentes s'étaient principalement concentrées sur l'identification de traitements pour les patients déjà hospitalisés ou gravement malades, cette étude visait à identifier les médicaments qui pourraient être réutilisés dans les premiers stades du COVID-19.
 
Cette étude, publiée dans la revue Nature Medicine, appelle à des essais cliniques sur des médicaments ciblant les protéines IFNAR2 et ACE2 pour aider à prévenir l'hospitalisation dûe au COVID-19. La prescription de ces médicaments à la suite d’un diagnostic positif de COVID-19, et avant que le développement de la maladie ne nécessite une hospitalisation, pourrait contribuer à minimiser les symptômes et ainsi réduire le nombre de patients nécessitant des soins intensifs.
 
Prévenir l'hospitalisation de COVID-19
 
Pour identifier tous les gènes codant pour des protéines qui servent de cibles à des médicaments autorisés ou en cours de développement clinique, les chercheurs ont utilisé des méthodes d'analyse computationnelle et la base de données de bioactivité de ChEMBL. Cette approche a permis d'identifier 1 263 gènes codant pour des protéines qui sont des cibles de médicaments, que les chercheurs appellent “actionable druggable genome” (“génome actionnable médicamentable)”. Ils ont ensuite étudié la prévalence des variantes génétiques de ces gènes médicaments dans deux grands ensembles de données génétiques provenant du Million Veteran Program du VA et de la COVID-19 Host Genetics Initiative. Au total, 7 554 patients hospitalisés pour cas de COVID-19 et plus d'un million de témoins (groupe contrôle) ont été inclus dans l'analyse. Cette approche a fourni des preuves génétiques pour des médicaments ciblant deux protéines : ACE2 et IFNAR2.
 
"Lorsque nous avons lancé ce projet, la plupart des essais COVID-19 étaient réalisés sur des patients hospitalisés", explique Juan P. Casas, médecin épidémiologiste au VA Boston Healthcare System. "Très peu de traitements étaient testés pour être administrés aux patients au début du développement naturel de la maladie. Cependant, avec l'augmentation de la disponibilité des tests contre le coronavirus, une opportunité s'est ouverte pour identifier et traiter les patients COVID-19 avant qu'ils n'évoluent vers des formes plus sévères de la maladie et nécessitant une hospitalisation."
 
"Même si des vaccins efficaces contre le SARS-CoV-2 ont commencé à être déployés dans le monde entier, il est toujours très important d'identifier des médicaments que nous pouvons utiliser pour le traitement du COVID-19. Avoir une meilleure compréhension des médicaments que nous pourrions utiliser pour prévenir la progression de la maladie pourrait sauver des vies", déclare Andrew Leach, responsable de la biologie chimique à l'EMBL-EBI.
 
Une approche computationnelle
 
"La découverte de nouveaux médicaments prend généralement beaucoup de temps, ce qui n'est pas idéal compte tenu de l'urgence de la pandémie", explique Anna Gaulton, coordinatrice du groupe ChEMBL à l'EMBL-EBI. "La base de données de ChEMBL nous permet d'identifier rapidement les cibles protéiques des médicaments actuellement disponibles ainsi que des composés en phase avancée d'essais cliniques. Le croisement de ces informations avec les résultats des analyses génétiques nous permet d'identifier de nouvelles possibilités de réutilisation de médicaments pour le traitement du COVID-19."
 
"Nous avons utilisé les associations génétiques mesurées dans des ensembles de données humaines à grande échelle pour prédire les effets des médicaments", explique Claudia Giambartolomei, chercheuse à l'IIT. "Une fois les bons instruments génétiques identifiés, ces associations peuvent être utilisées pour relier un gène codant pour une cible médicamenteuse à une maladie, sans attendre les résultats des essais cliniques. Ce travail a constitué un effort de collaboration passionnant où des experts de différents domaines se sont réunis afin de répondre rapidement à un besoin urgent."

Source
GAZIANO, L., et al. (2021). Actionable druggable genome-wide Mendelian randomization identifies repurposing opportunities for COVID-19. Nature Medicine. Published online 09 04; DOI:10.1038/s41591-021-01310-z


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