2021-11-29
La génétique, une boussole pour expliquer les formes graves des infections virales
L’exposition à un virus provoque des réponses très diverses d’un individu à l’autre. Dans une revue de la littérature publiée ce 26 novembre dans Science, les deux chercheurs reviennent sur plus de vingt ans de recherche sur l’origine génétique de cette variabilité interindividuelle.
L’histoire de la médecine regorge de cas cliniques qui ont permis des avancées spectaculaires dans la compréhension de la biologie humaine. L’étude d’un petit nombre de patients, voire d’un patient unique, peut en effet mettre en lumière la fonction d’une entité biologique, à identifier des voies cellulaires et moléculaires impliquées dans leur maladie et à en préciser le mécanisme physiopathologique. Autant d’étapes indispensables à la découverte de nouvelles cibles thérapeutiques et à la mise en place de traitements ciblés. Cette approche est au cœur de la démarche expérimentale du laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses, co-dirigé par Jean-Laurent Casanova et Laurent Abel, à l’Institut Imagine. Depuis la création de leur laboratoire en 2000, leurs équipes ont ainsi pu identifier et décrire de nombreux circuits essentiels à la réponse du système immunitaire à divers agents infectieux (virus, bactéries, champignons) en se fondant sur l’étude et la description de patients atteints de mutations monogéniques.
Dans une revue de la littérature publiée le 26 novembre dans le journal américain Science, le duo de chercheurs fait le point sur plus de deux décennies de découvertes sur les prédispositions génétiques aux infections virales. « Nous savons que l’exposition à un virus est une condition nécessaire mais pas suffisante pour tomber malade », rappelle Laurent Abel. Cette variabilité entre les individus représente une énigme pour les scientifiques. Mais plusieurs verrous sont sur le point de sauter. Dès les années 1990, les deux scientifiques ont émis l’hypothèse que certaines formes sévères d’infections virales s’expliquent par une altération de l’immunité causée par des défauts monogéniques. Une idée pionnière perçue à l’époque avec un certain scepticisme par la communauté scientifique, devenue aujourd’hui un nouveau paradigme.
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