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2022-02-08 

Des émissions massives de méthane par l’industrie pétrolière et gazière détectées depuis l'espace

•    Grâce à l’imagerie satellite, des scientifiques ont quantifié pour la première fois à l’échelle du globe les émissions massives de méthane dues à l’exploitation des hydrocarbures, et leur impact climatique.
•    Ces données expliquent au moins en partie la sous-estimation des émissions de méthane liées aux hydrocarbures généralement observée dans les inventaires officiels.
•    Colmater ces « fuites » serait synonyme de milliards de dollars d’économies pour les pays qui en sont responsables.


Une étude internationale impliquant des chercheurs du CNRS et du CEA et la société Kayrros révèle des centaines de fuites majeures de méthane liées à l’exploitation mondiale du pétrole et du gaz. Les scientifiques montrent que leur atténuation entraînerait des bénéfices climatiques et économiques se chiffrant en milliards de dollars pour les principaux pays producteurs d’hydrocarbures. Ces travaux sont publiés le 4 février 2022 dans la revue Science.

Contributeur majeur au changement climatique, le méthane (CH4) a un pouvoir de réchauffement sur 100 ans environ 30 fois supérieur à celui du CO2. Un quart des émissions anthropiques de ce gaz à effet de serre provient de l’exploitation mondiale du charbon, du pétrole et du gaz naturel, dont le CH4 est le principal composant. En 2018, une étude1 avait déjà exposé, à partir du cas des États-Unis, la vaste sous-estimation dans les inventaires officiels des émissions liées à l’extraction et à la distribution du pétrole et du gaz. Un écart qui s’expliquerait par des rejets sporadiques non déclarés de grandes quantités de méthane par les exploitants de la filière.

Pour la première fois, une équipe de recherche internationale, pilotée par le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (CNRS/CEA/UVSQ) associé à la société Kayrros, a quantifié mondialement les plus abondantes des émissions de méthane libérées dans l'atmosphère par le secteur des hydrocarbures. Il peut s’agir de rejets accidentels ou liés à des opérations de maintenance, qui conduisent à des fuites très importantes. Les chercheurs ont pour cela analysé de façon systématique des milliers d'images produites quotidiennement pendant deux ans par le satellite Sentinel-5P de l'ESA. Ils ont ainsi cartographié 1 800 panaches de méthane à travers le globe, dont 1 200 ont été attribués à l’exploitation d’hydrocarbures. Ils estiment que ces « fuites » ont un impact climatique comparable à celui de la circulation de 20 millions de véhicules pendant un an.

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