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2024-11-07 

Le palmarès du concours de l'édition 2024 de l'exposition universelle de la biologie synthétique dévoilé

L’exposition iGEM GRAND JAMBOREE 2024 a fermé ses portes le samedi 26 octobre et sera de nouveau organisé du 28 au 31 octobre 2025 à Paris pour une 22ème édition. Comme chaque année, l’événement s’est clôturé avec l’annonce du palmarès et des lauréats du concours de biologie synthétique, unique au monde, auquel ont participé près de 400 équipes d’étudiants. Les grands gagnants 2024 viennent de grandes écoles et de laboratoires de Taiwan, et de Marburg et Heidelberg en Allemagne

 

Paris, le 4 novembre 2024 – Ce sont près de 5000 participants qui ont parcouru les allées de l’exposition du Grand Jamboree 2024 du 23 au 26 octobre dernier. Au cœur de cette exposition universelle de la biologie synthétique, l’ensemble de l’écosystème du domaine - étudiants, chercheurs, entreprises, start-up, incubateurs et investisseurs – s’était une nouvelle fois donné rendez-vous. iGEM organise la plus importante compétition étudiante internationale dans le domaine de la biologie de synthèse. L'initiative lancée en 2003 par le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) se déroule chaque année, d’abord aux États-Unis à Cambridge (Massachussets), puis à Boston, en ligne en 2020 et 2021, et, depuis 2022, à Paris.

Comme chaque année, cet événement s’est clôturé par l’annonce du palmarès du concours 2024. Ce sont près de 400 équipes multidisciplinaires soit plus de 9000 étudiants qui ont participé, en présentiel ou à distance, et présenté leurs projets. Les thèmes privilégiés sont les traitements thérapeutiques, le biomanufacturing, les diagnostics médicaux, l’agriculture, l’alimentation, entre autres. Les étudiants ont travaillé sur des projets pendant près d’une année à concevoir, construire, tester et mesurer un système qui faisait appel à des techniques de biologie synthétique, combinées avec des techniques standard de biologie. Chaque équipe développe un projet scientifique ambitieux lui permettant de remporter des prix récompensant les aspects développés dans le projet ainsi que des médailles couronnant l’ensemble du projet.

 

Le palmarès 2024 et les lauréats du grand prix sont…

1.     Le prix Grande Ecole a été attribué à l’équipe de l’Université de Marburg, Allemagne pour leur projet « Tarakate »
La production de caoutchouc naturel à partir de l’Hevea brasiliensis pose des défis environnementaux et économiques importants, notamment la déforestation, l’exploitation de la main-d'œuvre et la vulnérabilité à des maladies. Avec une demande mondiale de 15 millions de tonnes par an et plus de 50 000 produits en caoutchouc, trouver des alternatives durables est essentiel. Taraxacum kok-saghyz, un pissenlit producteur de caoutchouc, apparaît comme une solution prometteuse. Les consultations avec des experts ont révélé que la principale limitation de la culture de pissenlits n'est pas le rendement en caoutchouc, mais des caractéristiques agronomiques importantes telles que la morphologie de la plante. Pour y remédier, l’équipe a développé une collection complète de composants génétiques caractérisés spécifiques aux pissenlits, incluant des éléments régulateurs constitutifs. Des tests ont été effectués à l’aide de quatre méthodes de transformation : deux transitoires (infiltration de feuilles et transformation de protoplastes) et deux stables ("immersion-découpe-bourgeonnement extrêmement simplifiée" et transformation stérile). En créant des protocoles et des outils efficaces, nous visons à faire du pissenlit un châssis viable pour la biologie synthétique, permettant de contribuer à une production de caoutchouc durable et à d'autres applications.

2.     Le Prix niveau Bachelor a été attribué à l’équipe de l’Université de Heidelberg, Allemagne pour leur projet « PICASSO »
Les cellules interprètent des séquences d’ADN identiques de manière différente en fonction de l’organisation 3D du génome, ce qui conduit à une diversité de phénotypes cellulaires et peut même déterminer la santé ou la maladie. Bien que la biologie synthétique fournisse des méthodes puissantes pour modifier la séquence du génome, les outils pour sculpter l'architecture spatiale du génome font défaut. L’équipe a souhaité combler cette lacune en introduisant PICASSO, une boîte à outils pour l'ingénierie rationnelle de l'organisation 3D du génome.

3.     Le Prix niveau Lycée a été remis à l’équipe de la GEMS Academy basée à Taiwan pour leur projet « Dengue Beeters »
La recrudescence de la dengue ces dernières années est devenue un problème majeur dans les zones tropicales et subtropicales, imposant un lourd fardeau socioéconomique et sanitaire. Dans ce projet, les étudiants ont réussi à concevoir 12 toxines biolarvicides recombinantes et à reproduire partiellement un système sans chromosome. Ils ont mené des tests larvicides selon les normes de l'OMS avec des larves d’Aedes albopictus et prouvé l’efficacité de certaines toxines. De plus, ils ont démontré de manière constante que 2,5 mg/ml de poudre de pelures de betterave pouvaient attirer significativement les femelles gravides dans les tests de ponte. Ils ont intégré leur produit basé sur la biologie synthétique avec la poudre de pelures de betterave et développé le premier piège ovitrap collant pour usage domestique imprimé en 3D à Taïwan. Ils ont également mis au point un analyser d'œufs de moustiques pour étudier automatiquement les œufs de moustiques, facilitant ainsi le travail des entomologistes de terrain et des scientifiques dans la surveillance de la dengue. Dengue Beeters est un projet innovant qui brise le cycle de vie des moustiques grâce à la biologie synthétique et contribue à l'éradication de la dengue d'ici 2030.
 

Deux grands temps forts cette année : le Startup Showcase et le Hackathon
Cette année, 15 startups exposaient au Startup Showcase. Ce prix a été remporté par :
·       ClearMark Biosciences, startup MedTech basée aux États-Unis. ClearMark Biosciences développe des diagnostics rapides, accessibles et à longue durée de conservation pour les commotions cérébrales.

 

Deux autres startups sont également finalistes de ce showcase :
·       NitroDuck, basée en République tchèque, et née de l'urgence de répondre à la perte d'azote non durable en agriculture. NitroDuck s'attaque au défi de réduire les émissions d'azote et de carbone tout en permettant aux agriculteurs d'économiser de l'argent. Grâce à un système hydroponique vertical qui utilise des lentilles d'eau génétiquement modifiées, ils transforment le fumier en matière première riche en protéines.
·       Chloropept, basée aux États-Unis, travaille sur la résistance antimicrobienne, une menace croissante qui affecte à la fois la santé du bétail et celle des humains. Chloropept collabore avec le laboratoire De la Fuente, qui utilise l'IA pour développer de nouveaux peptides qui traitent efficacement les bactéries infectieuses tout en minimisant le risque de résistance. Ces peptides oraux sont synthétisés dans des algues, ce qui les rend adaptés à une utilisation dans les aliments pour animaux.

 

Le Hackathon a été remporté par l’équipe "Home Alone" qui, pendant les 3 jours de salon, a développé un outil d'évaluation du modèle de maturité des pratiques humaines basé sur l'IA.

L’exposition universelle de la biologie synthétique en 2024 en quelques chiffres
●      5000 participants
●      Près de 400 équipes en compétition, dont 358 équipes qui viennent à Paris
●      Plus de 3000 membres d'équipes (étudiants et encadrants)
●      520 juges
●      60 nationalités représentées
●      4 zones thématiques
●      4 jours d’exposition, de conférences et d’ateliers dont 1 dernière journée dédiée à l'annonce des projets lauréats de la compétition 2024
●      Plus de 40 entreprises exposantes : https://jamboree.igem.org/2024/exhibitors
●      5 partenaires sponsors de l’événement mais également de l’ensemble des programmes iGEM : Asimov, IDT, Ginkgo Bioworks, Twist Bioscience et GenScript

La biologie synthétique, ou biologie de synthèse, est un domaine en plein essor qui applique les principes de l'ingénierie aux systèmes biologiques. Ceci permet le développement de biotechnologies qui fonctionnent en harmonie avec la nature et s'attaquent aux défis mondiaux. En construisant de nouveaux systèmes biologiques, les biologistes de synthèse peuvent contribuer à résoudre des problèmes locaux et relever des défis, tels que le changement climatique, la sécurité alimentaire, la santé humaine, la conservation de la biodiversité, etc.

Album photo 2024 : https://www.flickr.com/photos/igemhq/albums/

 

À propos de iGEM – https://igem.org

La Fondation iGEM (International Genetically Engineered Machine) est une organisation indépendante à but non lucratif qui se consacre à l'avancement de la biologie synthétique, en termes de formation et d’innovation. Chaque année, L'iGEM Grand Jamboree rassemble la plus grande communauté de biologie synthétique et organise une compétition de biologie synthétique pour les étudiants.
iGEM a débuté en janvier 2003 par un cours d’intersession donné dans le cadre du MIT (Massachusetts Institute of Technology), durant lequel des étudiants ont conçu des systèmes biologiques pour faire clignoter des cellules. Ce cours de conception universitaire s'est ensuite transformé en une compétition d'été réunissant 5 équipes en 2004. 20 ans plus tard, ce sont 5000 étudiants répartis en 400 équipes provenant de plus de 60 pays qui se réuniront lors de la 20ème édition de l’iGEM Grand Jamboree qui se tient cette année à Paris pour la 2ème année consécutive.
Le principal programme de la Fondation iGEM est la « compétition iGEM ». Cette compétition donne aux étudiants l’opportunité de repousser les limites de la biologie synthétique en s'attaquant aux problèmes quotidiens auxquels le monde est confronté. Composées principalement d'étudiants universitaires, les équipes multidisciplinaires travaillent ensemble pour concevoir, construire, tester et mesurer un système de leur propre conception en utilisant des pièces biologiques interchangeables et des techniques de biologie moléculaire standard. 


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